Produits allégés : “la fausse bonne idée “

Produits allégés : "La fausse bonne idée"

Faux amis de l'alimentation santé, les aliments allégés sont à consommer avec modération. Le diététicien Stanislas Trolonge nous explique pourquoi.

Des produits allégés en sucre, mais plus riches en gras et mauvais pour la santé : voilà ce qui se cacherait derrière de nombreux produits industriels dans nos supermarchés. C’est en tout cas le constat que dresse l’association de consommateurs UFC-QUE CHOISIR dans son enquête sur les produits dits “allégés en sucre”.

Alors pour comprendre ce que veut vraiment dire “allégé” et en savoir plus sur le vaste sujet du sucre dans notre alimentation, j’ai questionné le diététicien-nutritionniste du sport et formateur en nutrition du sportif, Stanislas Trolonge.

C'est quoi un "produit allégé" ?

C’est vrai ça, qu’est-ce que l’on allège finalement ? 

Avant toute chose, petit historique. “Les produits allégés ont été créés par l’industrie agroalimentaire” au début des années 90 en réponse aux politiques publiques de l’époque explique le diéteticien-nutritionniste Stanislas Trolonge. Celles-ci encourageaient la population à réduire sa consommation en sucre et en graisse pour prévenir le diabète, l’obésité et autres pathologies en lien avec l’alimentation.

Ces produits ne sont pas préparés à l’œil ni à la louche, loin de là ! Ils répondent à une allégation définie par l’Europe. Pour que la mention “allégée” puisse être apposée sur un produit, il faut que celui-ci “prétende avoir 30% d’un certain nutriment en moins” par rapport au produit de référence. Le plus souvent, on parle de sucre et/ou de graisse. Ces chiffres sont ensuite vérifiés par les autorités.

Les produits que l’industrie “allège” sont assez riches dans leur recette d’origine. On parle notamment des sauces, charcuteries, fromages, gâteaux, biscuits, bonbons, boissons sucrées, laitages… 

Quelles différences avec les “produits sans sucre ajouté”,  “à faible teneur en sucre”  ou “sans sucre” ? 

Si un produit est dit “sans sucre ajouté”, cela veut dire qu’il ne contient “pas de sucre en plus que celui déjà présent dans l’aliment de base”. Par exemple, les compotes sans sucre ajouté, contiennent uniquement le sucre présent dans le fruit, que l’on appelle aussi le fructose.

Les produits
“à faible teneur en sucre” font, eux aussi, l’objet d’une allégation cadrée. Le produit doit contenir au maximum 5% de sucre, soit 5g de sucre pour 100g de produit fini.

Enfin, on trouve les produits sans sucre, qui ne contiennent tout simplement aucun sucre. Bien souvent, celui-ci est remplacé par des édulcorants.
De nombreuses études ont par ailleurs démontrées les conséquences néfastes de ces additifs. L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a lui alerté quant au lien entre une consommation excessive de ces produits et le développement de cancers.

Produits allégés : “la fausse bonne idée “

Qui les industriels ciblent-ils avec ces produits ? 

Majoritairement : “les consommateurs qui surveillent leur alimentation et leur niveau de forme”. Parmi eux, les sportif·ves santé ou compétition, particulièrement, ceux qui souhaitent réduire leur masse grasse.
Et il est là le piège. Manger “allégé”, c’est avant tout manger industriel et ça ne colle pas vraiment avec une alimentation saine. En plus, comme le rappelle le diététicien, “manger moins gras ne veut pas dire que l’on va perdre de la masse grasse”. Sur ce sujet, il s’agit davantage d’une question de dépense énergétique.

Donc manger allégé, ce n’est pas sain ? 

“Sûrement pas !” répond le professionnel de la nutrition. Il ajoute : “Encore une fois, c’est une vraie création de l’industrie agroalimentaire pour pousser les gens à consommer leurs produits industriels”. On le rappelle, se faire plaisir en intégrant quelques aliments industriels dans le cadre d’une alimentation saine et équilibrée, c’est ok ! Ce qui l’est moins, c’est lorsque cela devient trop régulier.

Gardez également en tête que “pour remplacer le gras ou le sucre par exemple, les industriels rajoutent d’autres ingrédients tels que les additifs. Cela permet à l’aliment de rester acceptable en matière de goût ou de texture” explique Stanislas Trolonge.
Et à partir de ce moment-là, on ne sait plus trop ce que l’on donne à notre corps.

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Qu’est-ce que c’est qu’un additif ?

Un additif, explique le diététicien, c'est “une molécule ou un produit” rajouté en petite quantité à un aliment industriel pour plusieurs raisons :
- que celui-ce se conserve plus longtemps : sel, nitrites…
- qu’il soit présenté avec un meilleur aspect : colorant…
- qu’il agisse comme exhausteur de goût.

Ces additifs “ont permis de créer de nouveaux aliments” explique le professionnel de la nutrition. Mais le hic, c’est qu’ils ont des “conséquences néfastes sur le microbiote intestinal. De plus en plus d’études font même le lien avec des désordres métaboliques (obésité, maigreur…)”.

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Alors comment ne pas se tromper ?

Apprendre à lire et décrypter les étiquettes

Aujourd’hui, les lois contraignent les industriels à imprimer des emballages alimentaires détaillés pour rendre accessible “une meilleure information au consommateur” explique Stanislas Trolonge. La liste complète des ingrédients est obligatoire sur tous les emballages.
À savoir, le premier ingrédient cité dans la liste est aussi celui qui est présent en plus grande quantité dans le produit. Et le dernier, le moins.

Pour s’y retrouver, les diététicien·nes recommandent de choisir des produits aux listes d’ingrédients les plus courtes possibles et dont on connaît les ingrédients : “Il faut se rapprocher le plus possible des recettes maison”.

Sur l’aspect quantitatif et nutrition, vous pouvez regarder les tableaux nutritionnels. Mais ils sont parfois difficiles à comprendre
: “sans repères, on peut croire qu’un produit est très riche alors qu’il ne l’est pas, il faut faire attention aux mauvaises interprétations” en prenant en compte les portions.

Il existe aussi le Nutri-score. Il “sert à donner une indication sur ce que l’aliment apporte en terme de quantité, par ex: riche en sel, sucre, graisse…”. Mais le diététicien le rappelle, ce score ne prend en compte ni la qualité ni la transformation des produits.

Alors si vous êtes, vous aussi, en quête d’une alimentation de qualité, de nouveaux scores apparaissent tels que la classification NOVA ou encore le score Siga.

Et si vous avez des questions ou besoin de précisions concernant l’alimentation, n’hésitez pas à vous orienter vers des professionnels de santé tels que les diététicien·nes.

Produit sucré VS produit allégé et gras : que choisir ? 

“Ni l’un ni l’autre” répond simplement le diététicien, car “la présence d’additifs, d’édulcorants etc. est aussi néfaste sur la santé (voire pire) que le sucre ou le gras en lui-même”. Il ajoute : “Il n’y a pas de problème à consommer des aliments très sucrés et très gras, mais il est recommandé de le faire à des fréquences ou à des portions plus diminuées”.
En tant que professionnel de l’alimentation, Stanislas Trolonge prône plutôt le “retour à une alimentation naturelle avec des produits les plus simples possible.”

Les produits “light” et “allégés” peuvent faire grossir ? 

“Oui ! S'ils sont consommés en trop grande quantité et qu’il y a un déséquilibre alimentaire derrière. On pourra alors aboutir à des apports caloriques excessifs par rapport à des dépenses énergétiques insuffisantes”, répond l’expert. Toujours cette histoire de balance énergétique, à laquelle s’ajoutent d’autres facteurs comme le métabolisme, les hormones, etc.

👉 Dossier : sport et perte de poids

Et encore une fois, “il n’y a pas d’aliment en particulier qui fasse grossir, c’est plutôt le contexte alimentaire qu’il y a derrière”. Le diététicien conclut :  “Les produits allégés n’ont jamais résolu aucun problème d’obésité, c’est un échec.”

En plus, le faux sucre appelle à consommer plus de vrai sucre par la suite
: “les édulcorants reproduisent l’effet du sucre au niveau cérébral. Le cerveau perçoit un goût sucré, il s’attend donc à recevoir du sucre, et au final : rien, ce qui déclenche un besoin et une envie plus forte derrière”.

Produits allégés : “la fausse bonne idée “

Et à la maison, est-ce qu’on peut cuisiner des produits allégés en sucre ? 

“Oui, dans les recettes de gâteaux et de produits sucrés par exemple, on peut diminuer les quantités de sucre”, explique Stanislas Trolonge.
Ainsi, vous pouvez tout à fait réduire les quantités de sucre de 10% à 20% de votre recette sans que cela change ni le goût ni la texture de votre produit fini. Idem sur les matières grasses. Mais n’oubliez pas que vous comme moi, nous avons besoin de gras.

Produits allégés : “la fausse bonne idée “
Produits allégés : “la fausse bonne idée “

Faut-il vraiment chercher à réduire sa consommation de sucre ? 

“Tout dépend des objectifs et du bilan de santé de chacun·e”. Par exemple, “un·e sportif·ve qui performe et qui est à son poids de forme, n’aurait pas d’intérêt à réduire sa consommation de sucre, c’est une source d’énergie pour lui ou elle”. Lorsque vous pratiquez du sport, vous dépensez beaucoup d’énergie, il est donc essentiel de conserver un bon apport en sucre de qualité, c’est votre carburant !

Par contre, réduire votre consommation de sucre peut être intéressant si vous cherchez à perdre du poids ou à régler des problèmes récurrents d’hypoglycémie par exemple. Mais ce n’est pas quelque chose à faire en prévention.

Quelles sont les réelles astuces pour manger moins sucré ?

La première chose à faire, c’est de limiter l’alimentation industrielle et de “réinvestir sa cuisine avec des aliments bruts et naturels”, pour savoir ce que l’on met dans notre assiette.  À ce sujet, le diététicien se dit soucieux : “La baisse du temps passé en cuisine sur les dernières générations est inquiétante”.

Aussi, aujourd’hui, “nous sommes très portés sur le sucre et sel” mais nous pourrions “revenir aux épices, qui permettent de diminuer l’addiction au sucre”.

Autre astuce : augmentez les végétaux riches en fibres, vitamines, minéraux et en bons sucres dans votre alimentation. Ils vous éviteront, eux aussi, d’éviter les pulsions sucrées
:  “plus on mange de sucre, plus notre sang connaît des pics et des rebonds négatifs qui restimulent les envies de sucre” c’est un cercle un peu vicieux entre hypoglycémie et hyperglycémie, et “l’apport de fibre évite ces pics”.

Enfin, apprenez à apaiser votre stress
: “Pour pallier le stress, on se tourne parfois (malgré nous) vers les aliments forts en goût, très sucrés et très gras”. Il faut plutôt “favoriser la détente avec la cohérence cardiaque  ou le sport par exemple : il s’agit d’une prise en charge globale”.

Sucre et sport 

Faut-il mieux manger du sucre avant ou pendant l’effort sportif ? 

“On dit généralement que plus on se rapproche de l’effort sportif, plus il faut consommer des sucres rapides pour qu’ils soient utilisés, je dirais plutôt que tout dépend de la quantité de glycogène” (la forme de sucre stockée dans les muscles pour l’effort).  Si vous n’avez pas mangé assez de glucide (de sucre en général), il est possible que vous manquiez d’énergie pendant l’effort, car “le muscle à haute intensité est très consommateur de sucre”. Dans ce cas, les boissons énergétiques sont très intéressantes. Elles vous apporteront de l’eau, des sucres, des minéraux et vitamines: utiles et importants pour les sports d’endurance.

Si vos réserves en glycogène sont bonnes au moment de l’effort, l’apport en sucre n’est pas nécessaire sur des efforts de moins d’1H30.

Que manger en cas d’hypoglycémie ? 

Il faut garder en tête que plus on pratique du sport à haute intensité, plus les besoins en sucre des muscles augmentent. Voilà pourquoi “l'entraînement à jeun n’est pas conseillé lorsque l’on débute et reprend le sport au risque de développer des hypoglycémies importantes et une récupération musculaire plus difficile”, selon l’expert.

Aussi, sachez que “tout le sucre que vous consommez pendant l’effort ne sera pas stocké, ce sera utilisé par le muscle”, même pour ceux qui veulent perdre du poids. À l’inverse, un trop gros déficit pourrait entraîner une perte de la masse musculaire qui servira alors de carburant. Dommage.

Alors n’ayez pas peur de manger sucré mais de qualité !

Consommer de façon régulière des produits industriels est bien plus nocif pour votre santé que peuvent l’être le sucre et le gras. Mais n’oubliez pas de vous faire plaisir non plus, tout est une question d’équilibre. Avant de passer à table, essayez tout de même de jeter un petit coup d’œil sur les étiquettes de ce que vous mangez pour savoir ce que vous donnez vraiment à votre corps.

Produits allégés : “la fausse bonne idée “

Manon

Journaliste & rédactrice sport

Runneuse de coeur, je suis toujours partante pour tester avec vous de nouveaux sports !
Mon objectif ? Vous transmettre mes tips et ma passion pour le sport à travers mes contenus.

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