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Prévenir et soulager la pubalgie du et de la sportif·ve

Les symptômes de la pubalgie sont synonymes de douleurs et d’inflammation. Avec une prise en charge adéquate, il est possible de continuer le sport.

Pour un·e sportif·ve, l’apparition des symptômes de la pubalgie est synonyme de douleurs et d’inflammation. Cette pathologie peut durer des mois, mais avec une prise en charge adéquate en kinésithérapie, il est possible de continuer une activité sportive et d’être rapidement soulagé. 

De nombreux sportif·ves font les frais de la pubalgie. Si elle a été diagnostiquée pour la première fois chez un escrimeur, ce sont les footballeur·ses qui, le plus souvent, ont servi de cas clinique aux médecins à ce sujet. Martin Barrillon, masseur-kinésithérapeute du sport à Lille, nous le confirme et nous dit tout sur la pubalgie : les symptômes, son diagnostic, comment la soigner, la soulager et la prévenir.

Qu'est-ce qu'une pubalgie ?

« La pubalgie est un problème mécanique complexe qui touche la symphyse pubienne et les tendons qui peuvent s’y accrocher. Les douleurs peuvent irradier jusque dans l’abdomen, les hanches ou les cuisses », indique Martin Barrillon, kinésithérapeute. La symphyse pubienne est l’articulation qui unit les deux os du bassin en avant. C’est une zone peu stable qui est tiraillée entre les muscles des membres inférieurs, notamment les adducteurs et les muscles de la paroie abdominale. « On dit que la pubalgie est une pathologie (blessure, ndlr)  complexe, car les structures atteintes peuvent aussi bien être l’articulation que les structures musculo-tendineuses environnantes et qu’il est possible de ne pas ressentir de gêne sur la zone pubienne, mais d’avoir néanmoins des douleurs irradiantes jusqu’au milieu de la cuisse ou dans la zone abdominale. Par exemple, une tendinopathie des adducteurs est une atteinte courante dans une pubalgie », précise Martin.

Ces distinctions et subtilités sont expliquées en détails par l’IRBMS.

Comment savoir si on a une pubalgie ?

Comment savoir s’il s’agit bel et bien d’une pubalgie ? Souvent, le·a patient·e présente des douleurs sur la symphyse pubienne. Ces douleurs peuvent s’accompagner, comme mentionné précédemment, de douleurs irradiantes dans les adducteurs ou dans les abdominaux. Il ne s’agit pas nécessairement d’une triade. Parfois, on ne souffre que d’un symptôme, parfois les deux sont présents, parfois les trois.

Le piège ? Les hernies inguinales et les douleurs de hanche qui peuvent provoquer des formes de douleurs similaires.

Lorsque le doute existe, les professionnel·les de santé réalisent des diagnostics différentiels.

Important : cette vive douleur au bas-ventre peut être invalidante et imposer le repos complet, voire une chirurgie. Cependant, dans de nombreux cas, elle est prise en charge suffisamment tôt pour que les séances de kinésithérapie suffisent à trouver le chemin de la guérison.

Quels sont les signes d'une pubalgie ?

Dans le cas d’une pubalgie classique, la cause est en général un problème mécanique, liée à une  augmentation des contraintes supérieure aux capacités propres des structures sollicitées. La douleur s’installe alors progressivement. « On la retrouve souvent dans les sports où il y a des appuis latéraux », explique Martin : « Les handballeur·ses,  footballeur·ses, traileur·ses,  rugbymen et rugbywomen  sont les sportif·ves qui s’en plaignent le plus. En revanche, c’est une pathologie qui touche principalement les hommes. »

De manière assez caractéristique, ces douleurs peuvent être accentuées par la toux, provoquées par les efforts de soulèvement, ou par des mouvements brusques de flexion du tronc.

Martin explique comment évaluer le·a patient·e : « on évalue les différentes structures qui peuvent être touchées (pubis, abdos, adducteurs) , par des contractions, étirements et palpations des différentes zones afin de reproduire la douleur que le sportif connaît. »

Quelle est la durée d'une pubalgie ?

Plus la prise en charge a lieu tôt, plus la guérison est facile. « En moyenne, si la prise en charge est débutée rapidement, la pubalgie peut être soulagée en 6 à 12 semaines, ce qui veut dire que les patient·es peuvent reprendre leur activité physique comme avant leur blessure », nous confie le kinésithérapeute. Il précise toutefois qu’en fonction de la prise en charge et de la réponse du patient, cela peut aller jusqu’à 6 mois, voire une année pour une guérison complète.

Puis-je faire du sport avec une pubalgie ?

Rappelons que la pubalgie peut être une pathologie douloureuse. Cela étant dit, « il est possible de faire du sport avec une pubalgie comme il est possible de faire du sport avec une tendinopathie. Cela dépend de l’intensité de la douleur, qui doit rester supportable pendant, après et le lendemain de la séance de sport. Lorsque l’on fait face à une pathologie d’origine mécanique, il est recommandé de continuer la pratique d’une activité physique. Par contre, il faut être capable de gérer l’intensité et la durée de son activité pour ne pas augmenter la douleur. Le plus important pour un·e sportif·ve, c’est de continuer à pratiquer son activité le plus longtemps possible, en l’adaptant si nécessaire afin de ne pas augmenter la douleur », ajoute Martin.

Est-il bon de marcher avec une pubalgie ?

On l’a vu, d’un·e individu à l’autre, le seuil de la douleur n’est pas le même. Pour autant, pas question de rester statique lorsque l’on souffre d’une pubalgie ! Si cette dernière vous empêche de pratiquer votre sport habituel, d'autres alternatives sont possibles : la course simple, le vélo, la marche ou la natation. L’important, c’est de continuer à bouger !

Comment guérir d'une pubalgie ?

En premier lieu, dès que la douleur apparaît, on consulte son médecin traitant. Ce dernier ou cette dernière réalise un diagnostic clinique ou demande, en complément, un acte d’imagerie. Ensuite, la prise en charge en kinésithérapie repose sur des exercices adaptés à la phase de la pathologie et à l’intensité de la douleur.

Comment guérir rapidement d'une pubalgie ?

Quel traitement pour une pubalgie ?

En général, le ou la kiné met en place une première phase de travail basée sur des exercices de mobilité articulaire (hanche-pubis-lombaire), puis du travail de renforcement isométrique avec des sessions de 45 secondes de contractions isométriques avec douleur tolérable. Le but ? « Faire en sorte que le cerveau parvienne à moduler l’information douloureuse qu’il reçoit. » Une fois que le·a patient·e ne présente plus de douleur permanente, on démarre le travail dynamique avec des temps de mise en contrainte longs et lents, que l’on peut associer à du travail de mobilité. 

Comment cela se traduit-il ?

1️⃣ Phase 1, mobilité articulaire et travail isométrique (contractions statiques) :  3 à 15 jours ;

2️⃣ Phase 2, travail dynamique : cette phase démarre à partir du moment ou le travail dynamique est supportable et jusqu'à récupération d'une bonne force musculaire ( 3 à 6 mois) ;

3️⃣ Phase 3, progressivement, on met de la vitesse dans le mouvement pour augmenter la charge de l’articulation, puis de la pliométrie (ensemble d'exercices de musculation focalisé sur la tonicité des muscles striés squelettiques) avec une reprise de course, puis un travail d’accélération, de décélération et des changements de direction.

Ce qui va faire la différence, aussi, dans la durée de guérison, « c’est d’être consciencieux·se dans la progressivité de remise en charge et de ne pas sauter les étapes », indique Martin.

Prévenir et soulager la pubalgie du et de la sportif·ve

Comment soigner une pubalgie chez la femme ou chez l'homme ?

« Il peut exister une différence dans la prise en charge de la pubalgie en fonction de la cause de la pubalgie, mais pas en fonction du genre de la personne qui en souffre », indique Martin. La charge portée, en renforcement musculaire, dépend du type de sport pratiqué et de la condition physique du / de la patient·e.

Comment soulager une pubalgie ?

Peut-être vous êtes-vous demandé pourquoi certains athlètes ou sportif·ves, portent de grandes bandes de ruban adhésif de couleur sur les bras ou les jambes ? Cela est communément appelé du “tape”. Il s’agit d’un dispositif adhésif, reconnaissable par ses couleurs flashy (par exemple bleu turquoise et rose), appliqué sur une partie du corps douloureuse ou sensible. Il agit sur les muscles, les articulations ou encore sur le système lymphatique et peut être un soutien en cas de pubalgie.

Un autre outil est le travail isométrique décrit précédemment : 45 secondes de contraction sans bouger, avec une douleur tolérable.

Ces exercices sont intéressants, car ils aident à moduler la perception de l’information au niveau du cerveau. « Appliquer du froid, ou même de la chaleur, peut également soulager certain.es patient.es », ajoute le kiné du sport.

Attention : ne pratiquez pas l’automédication, dont la prise d’anti-douleurs, sans consulter votre médecin traitant.

Quel massage pour soulager une pubalgie ?

En cas de contractures liées à la pubalgie, les massages peuvent être un soutien dans la prise en charge. Mais en cas de crise aiguë, le MTP (massage transverse profond) est déconseillé.

Le témoignage de Julien, 37 ans, passionné de football depuis son enfance

« J'ai toujours été très actif sur le terrain, jouant plusieurs fois par semaine et participant à des tournois dès que l'occasion se présentait. Mais il y a environ un an, j'ai commencé à ressentir une douleur sourde au niveau du bas-ventre et de l'aine, une douleur qui s'accentuait à chaque entraînement. Je pensais que c'était simplement un petit inconfort passager, mais cela a rapidement pris de l'ampleur.

Au bout de quelques semaines, la douleur était devenue si intense que je ne pouvais plus jouer. Chaque mouvement me faisait souffrir, même marcher était difficile. J'ai finalement décidé de consulter un médecin, un spécialiste du sport, qui m'a diagnostiqué une pubalgie. C'était un choc pour moi. J'avais entendu parler de cette blessure chez d'autres sportifs, mais je ne pensais pas que ça m'arriverait. Le médecin m'a expliqué que la pubalgie est souvent causée par un déséquilibre musculaire ou un surmenage, et qu'il me faudrait du temps pour m'en remettre.

Mon médecin m'a prescrit un programme de rééducation avec un kinésithérapeute. Au début, les exercices semblaient basiques, presque trop simples, mais ils ont progressivement renforcé les muscles de ma région pelvienne et de mon abdomen, pour le mieux.

Il a également insisté sur l'importance d'un bon équilibre entre renforcement musculaire et étirements, ainsi qu'une amélioration de ma posture, tant sur le terrain qu'au quotidien. J'ai suivi ces conseils à la lettre, mais j’ai aussi appris à écouter mon corps et à ne pas forcer quand la douleur revenait.

Après plusieurs mois, j'ai enfin pu reprendre le football. La première fois que je suis retourné sur le terrain, j'avais un peu peur que la douleur revienne, mais tout s'est bien passé.

Aujourd'hui, je me sens plus fort et plus conscient de mon corps qu'avant la blessure. Je continue à faire les exercices de renforcement et d'étirement recommandés par mon médecin, et je fais attention à ne pas surmener mon corps. Cette expérience m'a appris à respecter mes limites et à prendre soin de moi avant tout.

Si je devais donner un conseil à un·e autre sportif·ve souffrant de pubalgie, ce serait de ne pas ignorer la douleur et de consulter un·e spécialiste dès que possible. Avec le bon soutien et un plan de rééducation adapté, on peut s'en sortir, promis ! »

Toute pathologie mettant au repos le·a sportif·ve peut être perçue comme un calvaire. Essayez de profiter de cette période pour ralentir, trouver de nouveaux centres d’intérêt, faire ce que vous n’avez jamais le temps de faire ou même vous fixer de nouveaux objectifs sportifs à atteindre après votre rétablissement ! Courage, tout passe ! ❤️‍🩹

Prévenir et soulager la pubalgie du et de la sportif·ve

Marion

Rédactrice sport

Runneuse en post-partum, j’ai délaissé un temps le fractionné pour pratiquer le footing-poussette. Admiratrice des capacités insoupçonnées du corps humain, j’ai un leitmotiv : la curiosité amène la passion !

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