Equipes féminines, Académie de Marinette Pichon... Quand l'égalité femme-homme gagne du terrain.
Et si on faisait le lien entre la place de la femme dans la société et au milieu d’un terrain ? L'idée est assez pertinente en réalité, car il ne faut pas croire que les joueuses de foot passaient pour légitimes lorsqu’elles ont commencé à taper dans le ballon rond au début du vingtième siècle.
Sur la question sportive, certains arbitres n’hésitaient pas à conseiller aux joueuses de regagner leurs casseroles et leur plumeau, tout ceci leur apparaissant comme une vaste blague. On partait quand même de loin... Même si le football féminin gagne aujourd’hui encore, peu à peu, ses lettres de noblesses, les préjugés ont la dent dure et certains ne reconnaissent pas encore la discipline en tant que telle, considérant qu’un “football légitime”, c’est un football pratiqué par des hommes.
Mais depuis la première Coupe du Monde féminine organisée par la FIFA en 1991 et les récentes compétitions internationales, le niveau des équipes a gagné en technicité et en homogénéité. Une évolution parmi d'autres qui déjoue, les idées reçues !
Dans un rapport récent, l’UNESCO assure que “l’impact positif que le sport peut avoir sur l’émancipation des jeunes filles et des femmes est démontré depuis plusieurs décennies” (dans Quand le football s’accorde au féminin, publié en 2019 par l’Organisation de Nations Unies pour l’éducation, la science et culture).
La FIFA et nombre d'États semblent convaincus par la féminisation de la discipline, qui pourrait, à terme, devenir porteuse d’une émancipation plus large des femmes.
D’ici 2026, la fédération internationale souhaite à ce titre doubler le nombre de ses licenciées, pour passer à 60 millions (comme annoncé dès 2016 dans sa feuille de route FIFA 2.0: The vision for the future), tandis que de plus en plus d’établissements scolaires n’hésitent plus à faire figurer le football au programme des séances d’éducation physique et sportive des plus jeunes.
Quand la question de la féminisation du football devient un enjeu de taille et symbolique d’un défi capital
Au sein de la société, décennie après décennie, les femmes ont ouvert des portes qui les ont menées vers l’obtention de certains droits. Si des inégalités demeurent encore aujourd’hui, l’espace des différences avec la gent masculine s’est considérablement restreint.
Sur le terrain, à coup de passes, dribbles et buts, les joueuses ont elles aussi prouvé qu’elles avaient des qualités physiques en adéquation avec la pratique sportive et que mettre en place une stratégie d’équipe était loin de leur poser problème !
Le nombre de licenciées dans la discipline est en constante augmentation depuis plusieurs années, et on peut s’en réjouir. Mais, comme le souligne le rapport de l’UNESCO, le football féminin souffre encore d’un manque de moyens et de médiatisation, “clé de voûte du développement de la féminisation du football, ayant un impact à la fois sur l’accroissement du nombre de femmes investies, sur la représentation sociale de ce sport, mais également sur l’image que l’on renvoie des femmes.”
Cependant, les choses évoluent. Sans doute trop lentement du point de vue de certains, à l’image de l’évolution de la place de la femme dans certaines sociétés. Mais peu à peu, grâce à leur talent et leur pugnacité sur le terrain -et non pas de beaux discours-, les joueuses font la peau aux clichés et apportent leur pierre à un mouvement égalitaire beaucoup plus large.
On ne peut le nier, dans le domaine sportif, la dimension physique et corporelle des hommes et des femmes prend une intensité encore plus forte que dans la vie en générale. Résultat : l’analyse des disciplines les plus pratiquées par les hommes et par les femmes mène le plus souvent à une démonstration assez caricaturale. Pourtant on constate que ces stéréotypes peuvent varier dans le temps et aussi selon les pays. Ainsi alors qu’en Europe, le football est perçu comme un sport très masculin, aux Etats-Unis, il est considéré comme un sport « féminin ».
Métaboliquement, aucun sport n’est interdit aux femmes pour des raisons physiques et musculaires.
L’enjeu n’est pas de nier ces particularités physiques ou biologiques bien réelles de l’un et l’autre des 2 sexes mais plutôt d’œuvrer pour qu’elles soient acceptées et prises en compte par tous. D’autant que biologiquement, les femmes peuvent prendre l’avantage.
Ainsi une étude menée par l’INSEP (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance) sur le sujet de « la récupération chez la femme sportive » démontre que les femmes récupèrent plus vite et plus facilement que les hommes à la suite d’un entraînement de longue durée.
« Le football c’est pas un sport de filles ! », « Les garçons sont meilleurs »... Comme dans beaucoup de sports identifiés comme « masculins », les stéréotypes sexués ne sont pas en reste dans le football féminin. Nous avons décidé de descendre sur le terrain auprès de principales intéressées pour leur demander leur avis. Nous nous sommes aussi intéressés à la Football Académie créée par la footballeuse d’exception Marinette Pichon qui œuvre grandement pour l’épanouissement des footballeuses en herbe et plus largement, pour l’égalité femme-homme dans l’univers du sport.
La Football Académie : pour découvrir les joies et les valeurs du foot féminin dès le plus jeune âge.
A l’âge de 5 ans, Marinette découvre le football à Brienne-le-Château, dans l’Aube. Et depuis sa passion ne l’a jamais quittée. Love at first sight, comme on dit. 81 buts. 112 sélections en équipe de France. 2 saisons US. 1 trophée de meilleure buteuse en 2005 avec 38 buts. Voici son palmarès à faire pâlir d’envie.
Aujourd’hui, à travers sa Football Académie, elle œuvre pour permettre à des jeunes filles de découvrir le football. Forte de sa passion et de son expérience, la footballeuse d’exception a en effet lancé, en 2018, ce camp de foot 100% féminin dont la mission est de promouvoir et de développer le football féminin par l'organisation d'événements qui rassemblent des jeunes joueuses, des entraîneurs et des dirigeants.
6 jours en immersion dans la planète foot pour des jeunes filles de 9 à 17 ans, voilà le programme. A travers ce stage, les heureuses participantes se familiarisent avec les notions tactiques essentielles ou bien encore se préparent mentalement (gestion du stress, amélioration de la concentration...) par des séances à la fois ludiques et exigeantes à l’image de la pratique d’un sport à haut niveau.
Et grâce à la belle visibilité dont bénéficie Marinette, la Football Académie rayonne et permet à la championne de mettre en lumière le football féminin et de poursuivre son combat pour l’égalité femme-homme dans le sport.
« Ça me fait rire », « on a des équipes de haut niveau et des grands clubs féminins », « comme pour tous les sports, c’est accessible à tout le monde »...Voilà ce que répondent les apprenties footballeuses au cliché « le football, c’est pas un sport de filles. » Elles vont même plus loin en argumentant que le mix filles-garçons sur le terrain est bénéfique et crée une -saine- compétition. On les critique d’avoir choisi ce sport ? Elles rétorquent « je m’en fous », « on fait ça pour nous », « va regarder la coupe du monde de foot féminin » ou bien encore laissent parler leur cœur avec un « c’est la vie le foot, faut faire du foot dans la vie ! » Et ce n’est pas Marinette Pichon, la pionnière du football féminin qui dira le contraire !
Entre ses nombreux bienfaits pour le corps et l’esprit et son facteur de sociabilisation indéniable, le football est une formidable école de la vie. En enfilant leurs crampons, les enfants travaillent leur cardio-vasculaire, leur sens du jeu collectif et acquièrent des valeurs qui servent tout au long d’une vie (dépassement de soi, fairplay, goût de l’effort...). Et ça ça compte, et, surtout, c'est mixte !