Le printemps fait son grand retour et avec lui, le pollen... Voici comment combiner allergie respiratoire et pratique sportive, grâce aux conseils de Dre Chenivesse.
Faire du sport au printemps paraît idyllique, mais le pollen peut rapidement vous ramener à la réalité et réveiller de désagréables crises allergiques.
Alors, comment poursuivre vos bonnes habitudes ?
La professeure Cécile Chenivesse, cheffe de service de pneumologie et immuno-allergologie du CHU de Lille, nous partage son expertise.
Avant de parler des allergènes (agents responsables des allergies), parlons d’abord allergies.
En ce qui concerne la pratique du sport, la professeure m’indique que la problématique principale est l’allergie respiratoire.
“L’allergie est un mécanisme de maladie qui peut concerner différents organes dont les organes respiratoires (nez et bronches), ce qu’on appelle alors les allergies respiratoires (rhinite allergique et asthme allergique). L’allergie ne désigne pas la maladie en tant que telle mais son mécanisme. On ne peut pas avoir d’allergie respiratoire si on n’a pas un asthme, une rhinite, une rhino conjonctivite ou une conjonctivite”, m’explique la professeure.
Les allergies saisonnières sont provoquées par des allergènes présents à certaines périodes de l’année, contrairement aux allergies présentes toute l’année, comme celles provoquées par les acariens par exemple. Que ce soit un asthme ou une rhinite, les personnes allergiques aux acariens sont symptomatiques du 1er janvier au 31 décembre, même si différents facteurs peuvent atténuer ou aggraver les symptômes, comme la température ou encore l’humidité.
Au printemps, la pollinisation des arbres va venir gêner les personnes allergiques aux pollens. Ensuite, l’été laisse place à la pollinisation des graminées, avant qu’à la rentrée, la pollinisation des herbacés arrive à son tour dans certaines régions. L’hiver, les personnes allergiques au pollen peuvent enfin respirer (sans vouloir faire de mauvais jeux de mots).
Grâce aux explications de la Pr Chenivesse, je comprends que le pollen est bien le principal allergène du printemps. De manière moins répandue, les moisissures extérieures sont aussi des allergènes saisonniers, mais elles sont bien plus présentes en été quand il fait chaud et humide.
Même si la rhino conjonctivite est gênante, l’asthme représente la plus grosse contrainte en matière d’exercice physique. L’asthme allergique lié aux pollens peut limiter la pratique sportive en période de pollinisation. Une bronchoconstriction peut survenir (ndlr : obstruction des voies aériennes), induite au cours de l’exercice physique.
“Il ne faut pas se dire ‘je vais faire beaucoup d’exercices physiques en saison pollinique pour améliorer mon asthme’, ça, ça ne va pas marcher”, avertit la pneumo-allergologue.
La pratique sportive est recommandée par les médecins dans le traitement de l’asthme, mais n’est pas suffisante pour traiter la maladie, il faut aussi adapter le traitement médicamenteux.
“Si vous êtes allergique au pollen et que vous faites du sport en période pollinique, comme vous avez besoin au cours de l’effort de plus d’oxygène et d’épurer plus du dioxyde de carbone, vous hyperventilez et vous allez donc inhaler beaucoup plus de pollens pendant l’exercice physique”, m’indique la Professeure.
En faisant du sport en période pollinique, vous risquez ainsi d’aggraver votre exposition à l’allergène, ce qui va accentuer votre inflammation allergique et donc votre maladie. Cécile Chenivesse me rassure, et explique que la pratique du sport reste possible, à condition d’adapter celle-ci à votre état de santé. Il ne faudrait pas vous priver des multiples bénéfices que peut vous apporter l’activité physique ! ;)
Alors, vous devez certainement vous demander comment vous y prendre. La prise du traitement est bien entendu le bon geste, mais Cécile Chenivesse nous partage plus de conseils complémentaires…
Que ce soit en intérieur ou en extérieur, l’air que vous respirez contient en général le même taux de pollen. D’ailleurs, l’air est bien souvent plus pollué en intérieur qu’en extérieur ! Cependant, comme le dit Pr.Chenivesse : “Il faut évidemment éviter d’aller dans un champ ou une forêt où il y a une forte exposition pollinique”. Sauf, bien sûr, si vous cherchez une bonne excuse pour louper le repas chez la belle famille. Pardon… On ne plaisante pas avec la santé !
Comment faire pour continuer à faire du sport sans trop de désagréments et sans risquer la crise d’asthme ? Cécile Chenivesse vous répond !
⇾ adaptez votre activité physique à votre niveau physique du jour
⇾ suivez vos ressentis : évitez les jours où vous avez des symptômes d’asthme
⇾ évaluez l’environnement : regardez le taux de pollen et vérifiez toujours la pollution de l’air si vous êtes asthmatique
⇾ prenez votre traitement à la bonne dose (des ajustements sont possibles en période pollinique, consultez votre médecin pour plus de renseignements) et pensez à anticiper vos ordonnances pour ne pas vous retrouver à court en plein printemps !
⇾ Si vous en avez besoin et que vous en avez l’habitude, emportez votre bronchodilatateur pendant l’exercice physique
Pour éviter au mieux le pollen, il est conseillé d’éviter certaines périodes de la journée. Pratiquez votre séance le matin ou en fin de journée, pour échapper à l’après-midi en plein soleil où il fait très sec. Évitez également les moments trop venteux.
💡 Pour suivre le taux de pollen dans votre ville ou votre région, vous pouvez vous inscrire sur le site du RNSA (Réseau National de Surveillance des Aéroallergènes) pour consulter en temps réel les taux polliniques.
Bonne nouvelle, il n’existe aucun sport interdit aux personnes allergiques au pollen ! L’essentiel est de pratiquer une activité physique qui vous plaît et de savoir l’adapter à vos allergies.
Si l’exercice déclenche votre asthme -ce qu’on appelle communément “asthme à l’effort”-, vous pouvez prendre votre bronchodilatateur avec vous et faire un échauffement fractionné (alterner phases plus intenses et plus lentes) pour vous préparer au mieux. Pr Chenivesse conseille aussi de vous protéger les voies aériennes si vous pratiquez un sport dans le froid, avec l’aide d’un masque par exemple. De cette façon, vous réchauffez vos voies aériennes et évitez d’inhaler trop d’air froid, ce qui peut provoquer une crise d’asthme pendant l’effort.
Il y a des précautions à prendre -ce qui peut être un peu pénible, on vous l’accorde-, mais je cite ici la professeure : “La décision n’est surtout pas de ne pas faire de sport !”.
Le sport doit être adapté à vos conditions physiques, à votre maladie et vous devez bien connaître les éléments à avoir dans votre trousse d’urgence en cas de crise d’asthme.
Avec toutes ces astuces, il ne vous reste plus qu’à profiter de votre séance !
“La première ligne de la prise en charge d’un asthme ou d’une rhinite allergique peut tout à fait se faire par le médecin généraliste. Quand la maladie n’a pas une évolution normale ou nécessite des choses particulières, le spécialiste pourra prendre le relai : l’ORL, l’allergologue, le pneumologue…”, m’explique C.Chenivesse.
Le ou la professionnel·le de santé pourra donc vous prescrire le traitement adapté, à vous de bien vous y tenir pour ne pas être trop embêté·e au printemps. ;)
La professeure m’informe qu’il existe aussi des désensibilisations au pollen. L’immunothérapie allergénique peut être bénéfique pour les personnes très gênées pendant les saisons polliniques. C’est le terme scientifique désignant la “désensibilisation” (vous pourrez le placer au scrabble). Vous pouvez envisager celle-ci, si pour vous, c’est la cata à chaque saison, et ce, malgré votre traitement. À terme, vous profiterez pleinement des joies du printemps. Ça se prend !
Rien n’est impossible en matière de sport et ce n’est pas le pollen qui va changer la donne !
Grâce aux conseils de la professeure en pneumologie et allergologie, Cécile Chenivesse, vous avez toutes les billes pour pratiquer votre activité favorite.
Un peu d'adaptation, de précaution et de bonne volonté bien sûr, et c’est parti !