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Comment gérer la déprime ou dépression post compétition sportive ?

Comprendre les symptômes et les différences entre déprime et dépression en lien avec les compétitions sportives pour mieux rebondir.

Si le sport nous fait vivre des émotions incroyables et souvent très fortes, sa pratique peut aussi nous amener à ressentir des choses plus difficiles. Comment expliquer ces périodes plus sombres ? Comment agir ? On en parle dans cet article avec Matthias Watine, psychologue clinicien, psychologue du sport et préparateur mental.

Qu'est-ce qu'une déprime ?

La déprime est “un état émotionnel transitoire et passager”, explique le psychologue clinicien Matthias Watine. Il ajoute : "D’ordinaire, la déprime n’affecte pas notre capacité à fonctionner au quotidien, même s’il est possible qu'elle nous pousse à avoir moins d’élan vital, moins d’envie et d’énergie.”
Généralement, une déprime dure quelques semaines. 

Mais alors, quels en sont les symptômes ?

Le spécialiste explique : “Généralement, les symptômes de la déprime sont "légers" et différents en fonction de chaque personne. On note souvent une baisse de moral, un manque d’énergie, une fatigue, une diminution de l’intérêt dans ce que l’on veut faire et, enfin, une possible sensation d’ennui.” 

Quelles différences entre déprime et dépression ? 

“La dépression est beaucoup plus impactante qu'une déprime”, constate Matthias Watine. Il rappelle d'ailleurs "qu'il s’agit d’une pathologie reconnue du point de vue clinique et de la psychiatrie”.

Ici, les symptômes sont plus intenses et persistants. Ils durent généralement plusieurs semaines, mois, voire plus.
Si l’on retrouve dans la dépression la plupart des symptômes de la déprime cités précédemment, on note aussi “une perte de plaisir, une fatigue intense, des pensées de désespoir pouvant aller jusqu'à l'apparition d'idées noires, des troubles du sommeil et de l’appétit, une tristesse profonde, une perte d’intérêt... Généralement, ces symptômes sont ressentis de manière globale et pas seulement sur certains aspects de la vie”, comme le sport, c'est ce que nous explique le psychologue du sport.  S’ajoute à cela ”des symptômes cognitifs, émotionnels et physiques importants”.

Matthias Watine explique également que la dépression est aussi "marquée par des déséquilibres biologiques avec des dérèglements de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine.” (ndlr : l'hormone du plaisir).

Enfin, il note : “La dépression a un impact sur notre fonctionnement global. C'est pourquoi, elle peut aussi impacter la sphère sociale, professionnelle… Les personnes malades peuvent ne plus se sentir capable de sortir ou encore de travailler. On constate souvent un repli social très fort.”

Finalement, "si l’on devait schématiser la différence entre la déprime et la dépression, on noterait avant toute chose des différences sur les notions de durée et d’intensité des symptômes qui n'auront donc pas le même impact sur notre vie”, ajoute-t-il.

Quels sont les symptômes en lien avec le sport ? 

Selon Matthias Watine, "on peut ressentir moins d’énergie et d’envie à s'entraîner. Ce peut être des difficultés à résister à la douleur, il y'a généralement plus de fatigue, mais aussi  il peut y avoir l’apparition de gênes et/ou de douleurs physiques. On doute souvent plus, on est moins lucide, moins confiant·e…”

Bien sûr, chaque personne est différente et a sa propre manière de vivre et de traverser une période de déprime ou de dépression. Alors, les symptômes et leur apparition sont à observer au cas par cas. C’est ce que rappelle Matthias Watine : “ Il y'a des personnes qui vont réagir après plusieurs semaines, mois. Parfois, c’est immédiatement. Et si certain·es sportif·ves arrivent très vite à rebondir, d’autres ont besoin de plus de temps et ce n’est pas pour cela que cela veut dire que l'on est nul·le. C’est humain d’avoir une déprime, un moment où l’on se sent moins bien, où c’est plus difficile, ça fait partie de la vie.”

Simplement, comme le rappelle Matthias Watine, de se "faire accompagner afin de pouvoir être écouté.e afin de pouvoir essayer de mettre de la distance avec ce qui nous impacte. Cela permettra également de “savoir ce que l’on peut faire de ses ressentis et surtout ce que l’on pourra mettre en place les prochaines fois pour que l’issue soit différente”.

La déprime est-elle annonciatrice d’une dépression ?

Comme l’explique le psychologue, “là non plus, il n’y a pas vraiment de règles, mais il est vrai que l’on bascule rarement du jour au lendemain dans la dépression. Il y a souvent un mal-être qui s’installe dans une phase de déprime
Pour autant, il le rappelle : “Ce n’est pas parce qu’il y a déprime qu’il y a dépression”. 

Qu’est-ce qui peut déclencher une déprime ou une dépression sportive ?

Les causes d'une déprime ou dépression sportive sont bien évidemment propres à chacun·e. Ainsi, “s'il peut y avoir des éléments déclencheurs, un événement particulier qui devient un marqueur traumatique, ce peut aussi être quelque chose qui s’installe de manière plus insidieuse, par exemple une accumulation de choses qui s’installe et qui amène peu à peu à un trop-plein”, répond Matthias Watine.

Aussi, il ajoute que “la déprime ou la dépression sportive peuvent venir de plein de facteurs différents. Ce n’est pas seulement un échec qui peut amener à ressentir tout ça. C’est parfois les conséquences d'un sentiment de vide extrême après une certaine échéance ou d'un objectif acquis, ou encore, parfois, le poids de la réussite…

Dans certains cas, “les sportif·ves et athlètes se sont tellement investi·es dans la préparation d’une compétition ou d’un événement sportif qu’une fois l’échéance passée, ils ou elles se sentent comme assommé·es et il peut leur être difficile de passer à autre chose", explique Matthias Watine.
Il ajoute : "Souvent, on est impacté à la hauteur de l'investissement et de l’affect que l’on a mis.”
Matthias Watine l'illustre cette situation avec l'exemple du marathon : “Quand on se prépare à un marathon, on s’investit beaucoup : cela prend du temps, de l’énergie et nécessite une certaine organisation de vie. Or, tout d’un coup, la course est faite et plus rien, tout ce temps qui était investi laisse beaucoup de place. Ce vide peut alors laisser place à beaucoup d’interrogations, d’espace pour les doutes, les peurs et cela peut être déroutant. S'y ajoute également une chute importante d’adrénaline.” 

Quand faut-il s’inquiéter de ce mal-être ?

 “Au plus vite”, répond Matthias Watine. Il ajoute : “Plus on réagit vite, plus on s’entoure, plus on communique, plus on augmenter les chances d'éviter que cela s’aggrave.”

Généralement, le signal d’alerte, c’est lorsque les facteurs inquiétants deviennent multifactoriels. C’est ce qu’explique Matthias Watine : “L’accumulation de ces symptômes, par exemple si on ne dort plus, que l’on refuse les sorties, que l’on mange moins, etc. et que cela s’installe dans le temps, c’est ça qui fait que la situation devient préoccupante, voire grave.”

Aussi, il insiste : “Quand la déprime commence à se généraliser et à toucher tous les pans de notre vie et que cela s’aggrave au bout de plusieurs semaines, il est important d’agir.”

Comment s’en sortir ?

“Oser dire que ça ne va pas, c'est la première étape”, selon Matthias Watine. “Aujourd'hui, on en parle de plus en plus et c’est une bonne chose”, poursuit-il.

Pour réussir à traverser une période de difficultés, le psychologue du sport explique que “l’objectif premier va être de contrer cette notion d’isolement pour réussir à mettre de la distance avec ce que l’on ressent". Il est vrai que bien souvent, "quand on ne va pas bien, on a tendance à se renfermer et ainsi laisser place aux interprétations, pensées négatives, etc. On alimente alors nos peurs et nos craintes, et c’est souvent à partir de ce moment-là, où l’on se retrouve avec soi-même, qu’il devient plus difficile de gérer les choses.”

Pour tout cela, il est également essentiel de se faire accompagner par des professionnel·les de santé qualifié·es.

Comme le rappelle Matthias Watine, “la déprime et la dépression sont de l’ordre de la santé mentale. Il faut alors se tourner vers des médecins, des psychiatres ou des psychologues. C’est très différent de la préparation mentale, qui est ni armée, ni habilitée pour gérer ce genre de problématique. La préparation mentale est un peu comme un pansement sur une plaie tandis que la psychothérapie va chercher à trouver les causes de la blessure. C’est complémentaire, mais très différent.”

La déprime et la dépression sportive peuvent-elles conduire à un arrêt de la pratique ? 

“Oui, il est possible de devoir stopper sa pratique quand on juge que celle-ci devient "trop" et que l'on ressent le besoin de couper et de se recentrer sur soi. Il faut alors se poser les bonnes questions : “Pourquoi je fais ça ? Par envie, habitude, attentes extérieures ?”, explique Matthias Watine. 

Il ajoute : “Mais ici encore c’est du cas par cas, il y a certaines personnes qui ne ressentiront pas du tout le besoin d’arrêter, d’autres auront simplement une envie de ralentir, d’être sur un autre rythme, ou de se lancer dans une autre pratique.”

Comme le rappelle le professionnel : “L'activité physique reste pour autant le meilleur antidépresseur naturel et ce, pas uniquement pour les sportif·ves et les athlètes. C’est pourquoi on recommande souvent de continuer à bouger.” 

Comment prévenir l’apparition de ces symptômes ? 

“Prévenir une déprime ou une dépression c’est déjà être vigilant·e face aux  signaux d’inquiétudes”, répond le psychologue. Interrogez-vous alors sur leur présence ou non : ressentez-vous des changements d’humeur ? D’appétit ? Des douleurs ? Des questionnements différents ? Une lucidité fragilisée ?

“Si c’est le cas, que ce soit dans la prévention ou la régulation, ce qui va être important, ça va être de se recentrer sur soi, de faire des activités que l’on aime, de penser à soi, se changer les idées, s’autoriser à sortir, maintenir un lien social, en parler avec ses proches (ami·es, famille, environnement sportif…)”, ajoute Matthias Watine. En bref, “l’objectif est de ne pas se retrouver seul·e à porter cette difficulté, nos doutes, nos peurs…”

Pensez aussi à veiller à la qualité de votre sommeil, n’ayez pas peur des siestes, essayez d’avoir une alimentation plaisir et équilibrée…

Bien sûr, tenez-vous tant que possible à distance de l’alcool et des drogues qui ne feront qu’accentuer votre mal-être. 

Je n’ai pas envie de faire du sport : c’est à cause de la déprime ?

Oui, il est possible que votre motivation et envie à faire du sport soient entachées si vous êtes atteint·es de déprime ou de dépression.

La première chose à faire ? Déculpabiliser !

Ensuite, avant de vous poser ce genre de question, gardez bien en tête qu'ici, l’idée sera de se concentrer sur le fait de rester en mouvement plutôt que sur la nécessité de “faire du sport”. “C’est se dire que si on avait l’habitude de courir 3 fois par semaine pendant 1h30, une marche d’une vingtaine de minutes nous ferait déjà beaucoup de bien. On réduit plutôt que d’arrêter et on enlève alors toute notion d’intensité, de fréquence, etc. On se concentre sur le fait de rester actif.ve”, explique Matthias Watine.

Traverser une période de déprime ou de dépression est toujours une épreuve. Il est bien évidemment important de prendre ces symptômes en considération et de se faire accompagner au mieux. Comme l'explique le psychologue du sport, dans ces moments-là, “l’essentiel est de couper avec notre quotidien qui est lié à cette fatigue psychologique et se concentrer sur ce qui peut nous faire du bien”.
Enfin, retenez que vous avez le droit de ne pas aller bien, mais surtout la - presque - "obligation" de prendre soin de vous.

Comment gérer la déprime ou dépression post compétition sportive ?

Manon

Journaliste & rédactrice sport

Runneuse de coeur, je suis toujours partante pour tester avec vous de nouveaux sports !
Mon objectif ? Vous transmettre mes tips et ma passion pour le sport à travers mes contenus.

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