Métaverse, cryptomonnaie, NFT... N'en jetez plus, la coupe est pleine. De quoi on parle et à quoi ça sert ? On vous résume ce sujet tendance.
NFT signifie "jeton non fongible". L’adjectif « fongible » est un terme économique qui fait référence à un bien ou à un actif pouvant être échangé contre un autre bien ou un autre actif de même valeur. Un élément « non fongible » ne peut pas être échangé contre quelque chose de valeur égale.
Enfin, le Larousse le définit ainsi : "Se dit de choses qui se consomment par l'usage et qui peuvent être remplacées par des choses de même nature, de même qualité et de même quantité (par exemple denrées, argent comptant)."
Donc un NFT est un fichier numérique auquel est attaché un certificat d’authenticité numérique, le rendant unique et non interchangeable. En obtenant un NFT, un acheteur devient le propriétaire exclusif d’un bien numérique : une peinture, une vidéo, une photographie, un mème, un élément de jeu vidéo, un film, etc.
Les NFTs sont avant tout une méthode, celle de l'authenticité garantie par un certificat sécurisé par blockchain (on vous en donne une définition précise juste en-dessous). Le marché impacté s’élève déjà à $10Mds (c'est une estimation) et celui-ci pourrait trouver de nombreux cas d'usage. Un NFT garantit la propriété exclusive d’un actif numérique.
Un NFT peut s’acheter à un certain prix, mais le fait qu’il soit non fongible permet à sa valeur marchande de fluctuer.
La blockchain, elle, est comme un « grand cahier informatique, partagé, infalsifiable et indestructible », décrit le mathématicien Jean-Paul Delahaye.
C’est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. Elle a la particularité d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs et elle ne dépend d'aucun organe central. Elle présente l’avantage d'être rapide et sécurisée.
La proof of work est directement liée au processus de minage : pour contrôler les échanges au sein d'une blockchain et ainsi constituer de nouveaux blocs, certains nœuds du réseau cherchent à résoudre une énigme cryptographique, en utilisant la puissance de calcul de leur matériel informatique.
La proof of stake a donc été créée afin de pallier les défauts de la proof of work. Elle ne nécessite ni processus de minage, ni mineurs, mais des minters (ou "forgeurs" en Français).
Le métavers est un réseau d'environnements virtuels toujours actifs dans lequel de nombreuses personnes peuvent interagir entre elles et avec des objets numériques tout en exploitant des représentations virtuelles - ou avatars - d'elles-mêmes.
Le métavers est un concept de science-fiction que de nombreux acteurs, actrices du secteur technologique envisagent comme le successeur de l'internet actuel, dans lequel des univers virtuels 3D immersifs, issus des jeux vidéo, rencontrent les réseaux sociaux, les espaces collaboratifs, les places de marché et le e-commerce.
Le métavers est, donc, un réseau d'expériences et d'applications, d'appareils et de produits, d'outils et d'infrastructures interconnectés.
Ce qui est rare est précieux dans un monde caractérisé par la surabondance. Surtout à une époque où le FOMO (Fear Of Missing Out) constitue un élément-clé de l'argument de vente. En jouant sur la viralité, sur le drop (un lancement de produit en édition limitée), et en s’appuyant sur les NFT, de nouveaux acteurs ont trouvé là une recette à succès qui surfe sur des produits exclusifs, un accès limité (souvent sur pré-inscription), une temporalité réduite, des collaborations puissantes et des expériences gamifiées. Un NFT peut aussi permettre de donner accès à une sorte de club, “NFT only”, formant ainsi des communautés d’adeptes. Certains artistes cultivent ensuite le lien avec leur communauté de collectionneurs grâce à des serveurs Discord.
Par exemple, Les Collectionneurs est un groupe francophone créé en 2020, qui s’adresse aux curieux, experts, artistes, passionnés de NFT et de collection. Certains acteurs / créateurs proposent, pour fidéliser, des accès à des séries pour ceux qui ont déjà un NFT et qui voudraient entamer une collection. C’est un type d’incitations systématiques qui récompense le statut de micro-influenceur et ainsi transforme les collectionneurs en de véritables ambassadeurs auprès de leurs proches.
Quand on parle de n’importe quelle forme d’art, c’est bien vrai, comme l’illustre cet exemple. Le cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, a vendu l’image de son premier tweet « just setting up my twttr » (Je suis en train de créer mon compte Twitter), posté le 21 mars 2009 en tant que NFT pour plus de 2,9 millions de dollars.
Une bien belle marge pour une phrase sans point ni majuscule…
En France, Sorare, estimée à 4,3 milliards de dollars, enchaîne les levées de fonds impressionnantes (la dernière de 650 millions d’euros) grâce à SO5 : un jeu de cartes numériques de joueurs de football. Les cartes se vendent à prix coûtant jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros, en fonction de leur rareté et du joueur. La puissance de chaque carte dépend du joueur dont elle porte l’effigie, comme les cartes Panini de notre enfance, mais en (beaucoup) plus élaboré et rémunérateur. Pour avoir des performances vraiment réelles, Sorare collabore avec un fournisseur de data footballistique. Le niveau de rareté des cartes Sorare figure parmi les atouts du jeu et constitue la base du fonctionnement de ce jeu fantasy football.
En rachetant la start-up RTFKT spécialisée dans les NFT de baskets virtuelles, Nike rentre dans le monde de la Digital fashion. En effet, les ventes d’items numériques enflamment le monde de l’art et la tendance s’infiltre aussi dans la mode : la digital fashion qui fabrique des vêtements virtuels en format NFT explose et devrait atteindre $20Mds d’ici 2022.
Le metaverse permet d’incarner le NFT là où il n'est qu'un assemblage de pixels. Chaque vêtement virtuel “skin” ou accessoires peuvent alors devenir des pièces à collectionner pour habiller un avatar et lui donner un certain statut social (mais la mode de rue et l'influence des communautés, ce n'est pas un phénomène nouveau).
Le NFT utile, en plus de pouvoir être échangé, vu, admiré, montré, a lui-même des fonctions et les expériences utilisateur, qui se développe autour de lui, deviennent de plus en plus élaborées et variées. Il peut avoir une utilité dans un voire plusieurs metavers comme l’a proposé Underarmour avec sa chaussure Genesis Curry Flow. Le NFT utile peut aussi permettre d’obtenir son équivalent physique comme pour les bouteilles de champagne Dom Perignon. Grâce à ces caractéristiques de rareté, exclusivité, désirabilité, traçabilité, le NFT intéresse de plus en plus d’entreprises (vin, luxe, photographie, immobilier…).
Son utilité commence aussi à prendre forme dans l'industrie, notamment en termes d'enrichissement d'expériences diverses, que ce soit des engagements de fans pour les collectionneurs ou un accès exclusif à des événements en mode VIP pour les possesseurs de NFTs. Les NFT créent aussi des opportunités de collecte de fonds pour les organisations caritatives. Par exemple, l'artiste numérique Beeple a vendu aux enchères l'une des pièces de la célèbre collection "Everydays" appelée "Ocean Front" et il a fait don des 6 millions de dollars américains à l'Open Earth Foundation pour lutter contre le changement climatique.
Il y a peu, il était impossible d’imaginer de vendre en ligne quelque chose comme le tout premier tweet (2,9 M $), un gif de chat (560 000 $ pour Nyan Cat) ou un JPEG (69 M $ pour Beeple).
Aujourd’hui, les particuliers, les entreprises (y compris les médias) ou les organisations culturelles peuvent désormais en tirer des revenus, à condition d'en être le propriétaire légitime. La valeur (spéculative) du virtuel dépasse même largement celle des objets réels. Ce sont les technologies blockchain et leurs tokens qui ont permis les conditions pour qu’un marché s’établisse. À terme, c’est donc bien toute la chaîne de valeur de la création qui s’en trouve modifiée. Les créateurs, créatrices, leurs ayants droit, les intermédiaires dans la production, les diffuseurs peuvent compter sur la fiabilité d’une technologie pour favoriser la confiance et la transparence dans les relations contractuelles, mais aussi la spéculation. Pour Grant LaFontaine, co-fondateur de la licorne Whatnot, une plateforme de liveshopping, la prochaine étape serait de miser sur les NFT. Les vendeurs pourraient ainsi importer leurs NFT sur la plateforme pour les vendre aux enchères !
Les bonnes intentions qui présidaient à la création des NFTs ont été balayées par la fièvre spéculative et l'absence de régulation. À l’instar d’Elon Musk et son fameux “les NFT sont des dollars en jpeg”, les unbelievers ne se contentent plus de se moquer des gens qui croient en des photos de singes de bande dessinée valant des centaines de milliers de dollars. Des mouvements anti-NFT s'élèvent critiquant le phénomène NFT sur les réseaux sociaux tel reddit, twitter…
L'impact environnemental
En plein réchauffement climatique, à quoi bon vouloir simuler un monde meilleur dans l’espace virtuel s’il détruit en même temps le monde réel ?
Le souci environnemental pousse les utilisateurs de la blockchain, de crypto et NFT à trouver des solutions pour rendre ce modèle moins gourmand en énergie.
Et pour en savoir plus sur l'impact environnemental des NFT, on vous a préparé un article ici.
Les vols et arnaques
Le marché du NFT regorge d'escroqueries et de vols d'œuvres d'art. Nombre d’artistes signalent régulièrement sur Twitter que certaines de leurs créations sont volées et vendues sur des plateformes de ventes à leur insu ou sans leur autorisation. Au-delà, la fièvre qui entoure ces jetons attire de plus en plus d'escrocs qui profitent de ce secteur non réglementé. Ils piratent les portefeuilles de certains propriétaires ou vendent tout simplement des produits qui n'existent pas.
La valeur spéculative
Les personnes qui ont acheté des NFT doivent continuer à inciter d’autres personnes à en acheter, sinon leurs cours va s’effondrer. Certains disent que bloquer les utilisateurs NFT permet de rendre Twitter plus agréable. La volatilité des prix des crypto-monnaies qui sous-tendent le marché NFT est également un problème central : les prix NFT ont tendance à évoluer en tandem avec les prix des crypto-monnaies. Le marché des NFTS pourrait-il s’effondrer ?
Et si l’univers de NFT était le révélateur ultime d’une société de paraître et de spéculation ?
Une histoire de jeton et d'actifs fongibles qui rappele l'emballement autour du bitcoin (dont on ne sait toujours pas très bien si en acheter aujourd'hui est une bonne idée). Est-ce qu'on pourrait imaginer des rachats de clubs de foot en NFT demain ? Ou, plus simplement, d'équipements de sport ?