Jack Carr, en homme d’affaire avisé, ne fit que reprendre les habitudes des joueurs et l’invention de Mingaud en y associant astucieusement ce qu’on appellerait aujourd’hui du marketing : il développa des petits contenants de craie, teinte en bleu, et les commercialisa sous le nom de “craie magique” (“twist magic chalk”) en en faisant la démonstration lors d'exhibitions. L’accroche obtenue de cette combinaison de la pose d’un procédé en cuir à l’extrémité de la queue et le farinage à la craie lui permit de nouveaux coups, antérieurement impossibles. Ce sont les mêmes techniques qui sont employées de nos jours pour donner des effets en frappant la blanche en dehors de son son centre (à gauche pour un effet à gauche par exemple).
Escroquerie ou idée géniale, la craie magique de Carr était en fait tout simplement de la craie ordinaire, du carbonate de calcium naturellement blanc mais teint en bleu, et emballée dans un formidable story telling. Un nom (craie magique), une couleur distinctive (le bleu), un prix sélectif, un packaging attractif, des démonstrations… En précurseur, John Carr, fit fortune en vendant fort cher sa craie magique à des milliers d’amateurs, le billard étant alors un sport extrêmement populaire en Europe et aux Etats-Unis. La bonne fortune de Carr s’envola lorsque la supercherie fut démasquée, quand les joueurs réalisèrent que sa craie magique n'était rien d'autre que de la craie classique... mais bleue.