Les salles de fitness ou de musculation attirent de nombreux jeunes. Mais quel est l’âge minimum pour faire du sport en salle ? Entre âge légal et impact sur la santé, nous avons exploré le sujet pour répondre à toutes vos interrogations.
Votre enfant souhaite vous accompagner à la salle et vous vous demandez si la pratique de la musculation ou des activités de fitness est adaptée à son âge ? Le Dr Geoffrey Wandji, médecin du sport et fondateur de DocForSport, un centre de médecine du sport, répond à nos questions sur la santé des jeunes et l’âge minimum pour pratiquer en salle de sport.
En France, l’activité physique et sportive est régie par le code du sport. Son article L322-2 impose aux établissements sportifs de fournir des garanties d’hygiène et de sécurité aux pratiquants, sans préciser l'âge légal d’accès aux établissements recevant du public (ERP).
La norme XP S52-412 « Salles de remise en forme - Exigences de conception et de fonctionnement » complète le code du sport en aidant les exploitants des salles de fitness à assurer la sécurité des pratiquants. Comme toute norme, elle est d’application volontaire, mais son respect permet de répondre à l’obligation de moyen sur la sécurité, imposée par la loi (article L421-3 du code de la consommation).
Dans ce texte, il est précisé que le règlement intérieur doit fournir aux pratiquants les limites et restrictions d’utilisation de la salle. C’est donc aux exploitants de définir l’âge minimum d’accès à leurs établissements et si les mineur·es doivent se présenter ou non avec un accompagnateur.
Dans tous les cas, oui. Pour les mineur·es, un accord du possesseur de l’autorité parentale est nécessaire pour valider l’inscription en salle de fitness ou de musculation.
Cela se fait au travers d’un contrat qui engage le mineur, son représentant légal et l’exploitant de l’établissement. En plus de l'autorisation parentale, il vous sera demandé un certificat médical.
Le Docteur G. Wandji, médecin du sport, distingue l’adaptation physiologique et psychologique.
La physiologie, c’est l’étude du fonctionnement de notre organisme. Ici, l’enjeu est de savoir si le renforcement musculaire peut nuire aux fonctions du corps d’un·e enfant ou adolescent·e. « D’un point de vue physiologique, toutes les activités physiques sont adaptées à tout le monde. Un·e enfant qui n’a pas de problématique de santé peut, en théorie, pratiquer des activités de fitness. »
Mais, pour notre expert, l’aspect psychologique est à prendre en compte.
« En revanche, un·e enfant a besoin du côté ludique du sport. Si vous lui demandez de soulever un haltère, même si ça n’est qu’un haltère de 500 gr, il ou elle va vite s’ennuyer. »
Et le risque avec l’ennui, c’est l’arrêt de la pratique.
En théorie, tout peut être pratiqué. « À cet âge-là, on est aux alentours du deuxième pic de croissance : l’adolescent· est en plein développement, notamment de ses cartilages de croissance. L’enjeu est surtout de travailler la gestuelle, la technique et le positionnement au poids de corps, ou de pratiquer avec des charges légères. »
Quand ses jeunes patient·es l’interrogent sur le sujet, le Dr Wandji leur préconise avant tout d’être accompagné·es par un coach sportif, un entraîneur ou toute personne formée et diplômée, capable de les aider techniquement, en tenant compte de leur âge.
Oui, la musculation en période de croissance, c’est possible. Globalement, chez les enfants, la croissance est continue, mais il y a un pic vers 10-12 ans et un autre entre 14 et 17 ans. On parle de deux pics de croissance, qui sont décalés chez les garçons et les filles. Chez les garçons, ils arrivent un peu plus tardivement. « Aujourd'hui, les dernières études montrent qu'il n'y a pas de preuve scientifique concernant des risques de limitation de la croissance avec la musculation. »
Pour le Dr Wandji, la difficulté ne se situe pas au niveau hormonal : « Je vous mets au défi de faire travailler un·e enfant de 5-6 ans sur des pompes et des abdos de manière régulière. Parce que même si en théorie, il ou elle peut le faire, en pratique, ce n'est absolument pas ludique. Ça lui demande une certaine concentration et une motivation qu’il ne fournira pas à long terme. »
Le développement de la force pure demande la répétition d’exercices avec des charges lourdes, jusqu'à atteindre ses limites pour les repousser. « À un âge trop jeune, les objectifs doivent être verbalisés, imagés et intégrés dans l'esprit de la personne pour qu'elle comprenne pourquoi elle doit faire ça. Et à 7-8 ans, la partie conceptuelle est encore trop compliquée sur ces sujets-là. Si c'est pour faire 5 pompes, une fois par mois, ça ne sert à rien dans un objectif de développement de force. »
Le véritable enjeu pour le Dr Wandji, c’est de viser une activité physique pérenne dans le temps. « Chez les enfants, l’objectif est plutôt de croiser les activités. Il en existe qui s'apparentent à celles du fitness, comme les activités gymniques, où l’on recherche plus le développement de la mobilité, de l'équilibre, de la synchronisation et de la coordination, mais pas le développement de la force. »
Pour notre expert en médecine du sport, la meilleure école pour travailler en musculation, et en développement musculaire avec port de charge, est l'haltérophilie. « Ils vont travailler la mobilité, le positionnement, sur la base d’éducatifs avec les barres, avant de mettre des charges. »
Retenez qu’il y a toujours une dimension ludique dans la prise en charge des jeunes et très jeunes enfants sportif·ves, à l’image des programmes pédagogiques développés par la Fédération Française Haltérophilie Musculation (FFHM) et adaptés aux contraintes motrices, physiologiques et psychologiques du grand enfant à l’adolescent.
Bonne nouvelle : il y a énormément de mouvements qui peuvent être réalisés à poids de corps, de manière sécuritaire. « En autonomie, il y a moins de risque de mal se positionner sur une pompe qu'avec une barre chargée. »
Et pour cause, il existe une multitude de déclinaisons dans la manière de faire des pompes. « Si vous écartez plus ou moins les bras, ça n'est pas très grave. Vous travaillerez des fibres musculaires différentes. Le tout, c'est de s'organiser par rapport aux objectifs et de savoir les définir, de façon SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporel). »
D'où l'importance d'être bien accompagné·e…
Le plus gros danger dans le travail au poids de corps, c'est le dosage de la quantité de mouvement. « Le corps est une machine adaptative, mais il lui faut du temps. Le fait de travailler en musculation, en changeant la force et la vitesse, demande une adaptation du corps à ces contraintes. Si vous demandez à votre corps de porter 100 kilos du jour au lendemain, vous risquez de vous faire mal. Alors, que si vous commencez avec des charges à 40, 50, 60 kilos… Une fois que vous arriverez à 100 kilos, vous serez plus à l'aise parce que votre corps sera habitué. »
L'objectif du cross training est d'aller chercher et repousser ses limites en déplaçant, soulevant des poids, etc. « Le cross training s'adresse à des adultes. Après, pour les enfants, il existe sûrement des éducatifs, des choses qui peuvent être réfléchies avec des parcours de mobilité, de déplacement, de charges, etc. »
Encore une fois, si l’activité peut être adaptée, elle en devient intéressante pour l’enfant. « Même si c'est juste le fait de déplacer des ballons de 500 gr, ça peut devenir intéressant pour la coordination et la préparation musculaire. »
Un grand merci au Dr Geoffrey Wandji, médecin du sport et fondateur de DocForSport d’avoir répondu à toutes nos questions sur l’âge minimum en salle de sport. Vous savez maintenant qu’au-delà de l’âge, il est surtout question d’objectifs et de pédagogie. D’où l’importance d’être accompagné·e dans sa pratique par des personnes formées à l'apprentissage de la musculation chez les enfants et adolescent·es.