Sélectionneur des équipes de France de Blackball et cadre technique à la Fédération Française de billard. A la rencontre de Nicolas Henric.
“On préfère avoir des joueurs qui servent le groupe et qui soutiennent l'équipe, que le meilleur joueur”. Depuis 23 ans, formateur et aujourd’hui sélectionneur des équipes de France de Blackball, nous vous présentons Nicolas Henric.
Je m'appelle Nicolas Henric, je suis cadre technique à la Fédération française de billard et sélectionneur des équipes de France de BlackBall.
Pour revenir un peu en arrière : j'ai démarré mon parcours professionnel dans l'animation pendant auprès de jeunes et à l'issue de cette première expérience, je me suis dirigé vers la formation sportive. Ma passion était le billard et après avoir passé le brevet d'État, j'ai travaillé plusieurs années pour la Ligue Languedoc-Roussillon de billard. Après cela, j'ai travaillé dans le secteur privé mais en parallèle, j’ai poursuivi, en qualité d’auto-entrepreneur, la formation des joueurs, mais aussi des formateurs dans les clubs partout en France. Depuis un an et demi, j'ai intégré l'équipe des salariés de la Fédération Française de Billard et je travaille à temps plein à la Direction Technique Nationale.
J'avais 15 ans et des amis m'ont proposé d'aller jouer dans un club de billard à Béziers. J'ai accroché tout de suite. J'ai beaucoup aimé ce jeu, ce sport, et je suis revenu pratiquer quasiment tous les jours. Si bien qu'au bout d'un mois, je commençais à avoir des résultats. Il y avait une vingtaine de jeunes dans le club et je faisais déjà partie des meilleurs. J’ai continué à progresser et puis surtout, on m'a permis de jouer tous les jours à moindre coût. Forcément, avec une telle facilité d'accès au billard, un groupe d'amis qui pratiquent et une bonne ambiance, on ne peut que vouloir continuer ! Ensuite, j'ai commencé à faire de la compétition, et là les premiers résultats sont arrivés. A partir de ce moment-là, on a le virus, c'est difficile de s'en sortir !!
J'ai pratiqué durant quatre ans le football et quatre autres années le handball. Mais dès que j'ai commencé le billard, je m'y suis entièrement consacré. Je garde cependant, en parallèle, un petit peu d'activité sportive (course à pied).
Difficile de répondre à cette question puisque je suis dans le billard depuis plus de 25 ans : c'est mon parcours professionnel !
Le billard vous pousse à rester maître de vous. Au-delà de cet aspect psychologique, le billard développe également le sens de la stratégie et le physique.
Mais le billard c’est aussi des rencontres. Les meilleurs moments, je les ai passés au cours des formations avec des personnes passionnées de billard comme moi. Finalement, en tant que compétiteur, même si on a de bonnes relations avec les autres joueurs, on est toujours dans une relation d’affrontement et de compétition ; alors qu’en formation, on est plutôt dans une relation de partage. C’est à ces diverses occasions, que j’ai rencontré des personnes qui m’ont beaucoup apporté aussi bien sur le plan du billard qu’humain.
Je n'ai jamais été un très grand joueur de billard, j’étais bien placé, mais jamais gagnant. Donc je n'ai pas de titre de Champion de France. J'ai gagné une Coupe de France par équipe, j'ai fait partie des 32 meilleurs joueurs français. Une année, j'étais même dans le top 16, mais je n'ai jamais performé au-delà. J'ai mené très tôt une carrière de joueur et de formateur. J'ai obtenu mon brevet d'État à 23 ans et j'ai commencé les formations à partir de ce moment-là. Mais jouer sur ces deux tableaux a peut-être desservi mes performances…
Je ne sais pas si je suis un bon sélectionneur, ce n'est pas à moi de le dire. Mais en tous cas il existe toutes sortes d’exemples dans le sport. Ce n’est pas forcément les meilleurs joueurs qui sont les meilleurs sélectionneurs : il y a de très bons joueurs qui ont été de très bons sélectionneurs, des joueurs bons, mais sans être les meilleurs, qui se sont révélés être d'excellents entraîneurs ou sélectionneurs.
Actuellement, je travaille à la Direction Technique Nationale sur l'élaboration des documents techniques et pédagogiques et sur les programmes de formation pour les joueurs de blackball, les animateurs, les initiateurs de clubs, mais aussi les entraîneurs. Je suis sélectionneur des équipes de France pour toutes les catégories (les équipes jeunes, féminines, hommes et vétérans).
Nous sommes une petite fédération, donc je dois être multitâches et une partie de mon emploi du temps est aussi dédié à la communication et notamment à la relation avec les médias TV.
Je vais retenir les deux titres de Champion du Monde par équipe au Blackball. Je suis très fier d’avoir pu apporter certaines choses aux équipes. On a transformé notre façon de fonctionner avec des stages de préparation pour les jeunes. J'espère bientôt le développer sur une autre catégorie. J’ai aussi fait intégrer un kiné dans les équipes de France qui procure beaucoup de bien-être aux joueurs ainsi qu’un coach mental : Joël Bâti, ancien joueur de handball professionnel qui faisait partie de l'équipe des « Barjots ». Il y a aussi Sylvie et Éric Vaquier ainsi que Clément Goudin dans le staff. Leurs expériences dans les autres sports de compétition (athlétisme, hockey sur glace, sports de force) apportent énormément au groupe. Tous ces ingrédients ont permis de décrocher deux étoiles pour la France !
Nous organisons en France des stages au CREPS d'Île de France, à Châtenay-Malabry, avec des groupes de jeunes. Un groupe assez élargi en premier lieu. On leur fait passer une batterie de tests : techniques et tactiques sur le billard bien évidemment, mais aussi des tests de psychomotricité et de vie en groupe. On va les sensibiliser aussi à la préparation physique, au dopage sur lequel il faut être vigilant (même au billard !) et aussi à la communication, car ils peuvent être sollicités par les médias. On les prépare ainsi durant plusieurs jours. On observe leurs comportements et on sélectionne les meilleurs joueurs pour représenter la France dans les compétitions internationales.
On leur explique ensuite ce que doit être l'attitude d'un joueur en équipe de France. Que son parcours sportif ne doit pas être plus important que son parcours scolaire, mais aussi ce qu’est la vie en groupe. En effet, on peut être très fort au billard mais si on a un comportement déviant, on nuit au groupe, et donc on ne gagne pas ! On préfère avoir des joueurs qui servent le groupe et qui soutiennent l'équipe, que LE meilleur joueur.
Cette méthode semble porter ses fruits puisque les équipes de France U 15 et 18 sont championnes d'Europe en titre…
Le billard, c'est fun et très ludique. On s'amuse très rapidement. De plus, on pratique une activité physique sans s'en rendre compte finalement ! Le billard va permettre d'améliorer ses capacités de concentration, de développer des habiletés motrices, c’est vraiment un sport complet sous tous ses angles, et surtout c’est universel. On peut jouer dès qu'on a la bonne taille (à partir de 6-7 ans) jusqu'à un âge très avancé, avec un fauteuil ou avec certains handicaps.
C’est un sport mixte : une femme peut-être meilleure qu’un homme. Aujourd'hui par exemple, on a une équipe de France jeune avec deux féminines jouant au même niveau que les garçons. Tout le monde peut avoir un bon niveau s'il le souhaite. Même si c'est en loisir, on peut passer de très bons moments entre amis, en famille ou même seul. Le billard est aussi un bon moyen de décompresser des tracas du quotidien.
Mixte, convivial et ludique, le billard est un sport complet aux nombreux bénéfices. Comme pour Nicolas : l’essayer c’est l’adopter ! N’hésitez pas à nous laisser en commentaire votre avis sur cet article :)