Glissades, effets liftés, couleur ou encore secret de fabrication, on se penche sur la terre battue et ses particularités.
L’ocre, ce petit surnom que l'on donne à la terre battue en référence à sa couleur rouge, se distingue des autres surfaces par sa composition, sa couleur et le style de jeu qu'elle exige.
Cette surface mythique est faite de singularités. La saison sur terre approche justement et mérite quelques éclaircissements. Remontez vos chaussettes, préparez vos plus belles glissades, on vous emmène sur les courts de tennis en terre battue.
La terre battue est un revêtement utilisé au tennis et dans d'autres sports sur des terrains en terre.
Voyons la terre battue comme un mille-feuille, composé de 5 couches d’une épaisseur totale d’environ 80 cm. Pour la première première couche en partant du fond, placez de gros cailloux puis des cailloux concassés, sur une épaisseur de 40 à 60 cm. Juste au-dessus, ajoutez-y du mâchefer (un résidu de houille, une roche carbonée) de 7 à 8 cm. Pour l’avant dernière couche, il vous faut du calcaire pilé (cran) sur 6 à 7 cm. Enfin, saupoudrez le tout avec de la brique rouge sur 2 mm. Cette dernière couche, si singulière à la terre battue, vient conclure ce magnifique mille-feuille terre battue.
Afin de ne pas durcir et pour conserver ses caractéristiques de souplesse, la terre battue doit rester humide. C'est la raison pour laquelle elle est très souvent arrosée (au moins une fois par jour en été). Cette surface demande donc un entretien et un apport en eau très important, la rendant chère et peu pratique pour les clubs de tennis.
La terre battue est souvent associée à une couleur rouge brique distinctive. En revanche, toutes les surfaces de terre battue ne sont pas de cette couleur. Certaines sont beige, jaune ou verte.
La couleur "rouge brique" reste la plus répandue pour les courts de tennis sur terre battue, notamment dans les tournois professionnels comme Roland Garros™, au tournoi de Madrid ou en Amérique latine. Cette couleur est le résultat de la fine couche de brique pilée rouge d'environ deux millimètres. Pour Roland Garros™, les briques proviennent de briqueteries du Nord de la France. Elles sont broyées et même contrôlées en laboratoire pour assurer une terre battue de qualité. Parce qu'on ne rigole pas avec la terre battue française !
En plus d'assurer de belles glissades dans les échanges, le contraste de couleur de l'ocre avec la balle jaune fluo permet une meilleure prise de décision pour les arbitres. La trace laissée par la balle sur la terre battue laisse souvent peu de doutes et évite ainsi certaines erreurs de jugement sur une faute.
💡 Petit conseil, ne sortez pas vos plus belles chaussettes blanches lorsque vous jouez sur terre battue.
Mais alors, qui a eu la merveilleuse idée de mélanger ces matériaux afin de créer une surface si particulière ? Tout commence dans les années 1880 en France, à Cannes. Lorsque deux joueurs britanniques, les frères Renshaw, se rendent compte que les cours de tennis en gazon ne sont pas propices aux conditions estivales du Sud de la France, ils décident de les recouvrir d'une poudre rouge provenant de pots en terre cuite de Vallauris broyés (un village provençal spécialisé dans la production de terre cuite artisanale). La mythique terre battue est née, et se propage alors en Europe. Elle se développe principalement en France et va prendre une nouvelle dimension dans les années 1930, à Paris.
L'un des premiers tournois de tennis à adopter la terre battue fut le Championnat de France de Tennis, aujourd'hui connu sous le nom de Roland Garros™. Créé en 1891, le tournoi se jouait d'abord sur terrains en ciment jusqu'en 1928, avant de changer de surface pour de la terre battue. Depuis, Roland Garros™ est devenu le tournoi le plus prestigieux sur terre, accueillant chaque année les meilleur·es joueur·ses de tennis du monde, faisant ainsi la renommée de cette surface mythique.
La terre battue est considérée comme une surface lente et glissante. Elle est unique pour les joueur·ses de tennis et nécessite des ajustements pour performer :
▪️ La terre battue ralentit la balle : cette surface absorbe une grande partie de la vitesse de la balle, ce qui rend les coups plus lents. Les joueur·ses doivent donc être prêt·es à s'adapter en ajustant notamment leur timing de coups.
▪️ La surface est glissante : En raison de la présence de la poussière de terre battue sur la surface, les joueurs doivent être capables d'utiliser des techniques de glissades pour atteindre la balle. Les appuis sont moins sollicités que sur les autres surfaces. Pour les joueur·ses non-habitués à cette surface, l'adaptation peut être difficile. Mais les joueur·ses expérimenté·es peuvent l'utiliser à leur avantage pour créer des angles et des coups gagnants.
▪️ Les balles rebondissent plus haut et comportent plus d'effets au rebond : comme la surface absorbe une partie de la vitesse de la balle, les balles rebondissent plus haut sur la terre battue. C'est ce que l'on appelle coefficient de restitution de rebond. À titre d'exemple, une balle tombant de 1m80 rebondira à 1m30 sur terre, contre 1 m sur gazon.
Aussi, la balle va adhérer plus longtemps à la surface du sol et donc prendre davantage l'effet désiré que sur une autre surface. Ce revêtement favorise par exemple les effets liftés. C'est ce qu'on appelle le coefficient de friction. Cela signifie que les joueur·ses doivent être prêt·es à jouer des coups plus hauts et plus défensifs. Pas évident pour celles et ceux qui ont un style de jeu plus agressif.
▪️ Les points sont souvent plus longs : En raison de la lenteur de la surface, les points sur terre battue ont tendance à être plus longs et plus physiques. Les joueurs doivent être en bonne condition physique pour performer sur cette surface.
L'adaptation à la terre battue est primordiale pour les joueur·ses du circuit professionnel. C'est la raison pour laquelle des entraînements spécifiques sont mis en place lorsque la saison sur terre battue approche. Les joueur·ses ont aussi la possibilité de participer à de nombreux tournois sur cette surface : Estoril et Monte Carlo début avril, Barcelone et Munich mi-avril, Madrid fin avril, Rome mi-mai avant Roland Garros™ du fin mai, début juin.
La majorité des tournois se déroulent sur d’autres surfaces que la terre battue. Elles ont toutes leurs singularités, nécessitant une adaptation et un panel de qualités techniques spécifiques à développer pour les joueur·ses.
↪ Le gazon
La plus ancienne et moins démocratisée des surfaces est le gazon. Cette surface fait fuser la balle et prône un jeu rapide. Le tournoi phare sur gazon est un tournoi du grand chelem qui se joue en Angleterre : Wimbledon. Pour y participer, les joueur·ses professionnel·les doivent se vêtir uniquement de blanc, au risque de prendre une amende. Le plus vieux tournoi de tennis au monde a le respect des traditions.
↪ La résine
En compétition, le tennis se joue couramment sur de la résine (un mélange de caoutchouc et d’asphalte). Deux des trois grands chelems se disputent sur cette surface : l’US Open et l’Open d’Australie. C’est le revêtement le plus rapide du tennis, permettant un style de jeu dynamique, porté vers l’attaque et avec des échanges plus rapides.
↪ Le béton
Le béton, également appelé “quick” en raison de la vitesse de jeu sur ce revêtement, est la surface la plus répandue car la plus rentable et résistante. Le béton permet d'absorber facilement l'humidité et la pluie, le rendant très intéressant pour l'extérieur. Les bons services et le jeu d’attaque sont favorisés sur ce type de terrain rapide.
Il existe d'autres surfaces comme la moquette, la terre battue artificielle ou encore le parquet. Chaque joueur·se a ses préférences en matière de revêtement.
Pour ces nombreuses raisons, la terre battue est de loin ma surface préférée (bien qu'elle soit salissante).
Vous êtes maintenant un·e pro de la terre battue. Prêt·e à briller sur l'ocre avec vos meilleures glissades et effets liftés ? Ou tout comprendre lors des prochains tournois professionnels sur cette surface si singulière ?