Dans le panel des spécialités de la pelote, le frontenis est certainement la plus singulière, parfois décriée par les puristes pour son atypie et son déficit d’attache culturelle basque.
Et pour cause ! Contraction des mots espagnols fronton et tenis (tennis), cette spécialité de la pelote reste la plus pratiquée dans le monde, notamment par des milliers de passionnés au Mexique — où elle s’impose en sport numéro 2, juste après le football (si !).
Cap outre-Atlantique, sur l’histoire du frontenis, de ses frontons en mur à gauche de 30 m aux aires de jeu à l’air libre ou abritées…
Le frontenis est un sport jeune, qui serait né et surtout révélé au Mexique, plus particulièrement à Guadalajara : État du Jalisco, à 500 km à l’ouest de la capitale Mexico DF. ~Ce sport y a commencé à faire fureur dans les milieux aisés. Rapidement, des aires de jeu publiques adossées à des clubs ont été construites, ainsi que des aires privées chez de riches particuliers.
L’essor du frontenis s’est surtout joué en 1968, lorsqu’il a été présenté en sport de démonstration aux Jeux olympiques d’été. À cette occasion, ce sont logiquement les hôtes aztèques qui remportent une médaille d’or symbolique, devant l’Argentine et l’Espagne... Un résultat logique, fruit d’une pratique régulière et sans faille du frontenis dans ces pays.
L’aire de jeux du frontenis :~~Le frontenis se joue le plus souvent à 2 contre 2 sur un fronton mur à gauche de 30 m de long : souvent pratiqué à l’air libre outre-Atlantique et en Espagne, et plutôt au sein d’une cancha couverte en France. Il se joue aussi en tête en tête principalement au Mexique, spectacle garantie et super condition physique exigée....
On trouve de nombreux frontons mur à gauche 36 m (utilisés pour la paleta cuir, la main nue et maintenant la cesta punta en individuel...) qui se « transforment » facilement en version 30 m, grâce à une paroi amovible et coulissante qui vient s’ajouter au dispositif existant.
Pour la France, les cousins Kevin et Théo Pucheux, partenaires techniques Urball et victorieux des espagnols !
La partie commence à 12'00...
Frontenis olympique ou pré-olympique ?
Le matériel de frontenis est assez succinct. La paire de lunettes pour protéger les yeux. La raquette, assez semblable à celle du tennis classique, est souvent renforcée d’un cordage en croix, doublé au niveau de la zone d’impact, c’est-à-dire au centre de celle-ci. 2 types de balles en fonction du frontenis pratiqué, "frontenis olympique" ou "frontenis pré-olympique"
Pour l'olympique, la pelote (balle) de gomme creuse est en caoutchouc naturel et contient un gaz sous pression : pour éviter que la porosité du matériau ne laisse échapper ce gaz, il est conseillé de conserver la pelote au froid, et de la chauffer progressivement juste avant de jouer. Pour le pré-olympique, la balle est plus grosse, généralement colorée, en caoutchouc également mais beaucoup moins sous pression. Grâce à ce type de balle, le jeu devient très accessible, et les prises d'effets moins importantes qu'en frontenis olympique.
Le frontenis requiert une gestuelle spécifique, mais aussi très esthétique : et c’est pour cela qu’on l’aime !
On frappe directement la balle sur le mur de face (la raie de délimitation est un peu plus basse que dans les autres spécialités), de haut en bas, du coup droit, mais aussi très souvent du revers lorsque le projectile touche notamment le mur de gauche et prend un effet vers la droite.
Il faut caresser, brosser, choper, slicer la pelote, sans forcer son coup, et alterner distribution patiente. Surtout, il faut travailler l’anticipation des trajectoires, car elles sont souvent stratégiques, avec l’idée de faire le point via une attaque fulgurante, venue de l’arrière et qui atterrit sur le filet de droite.
D’ailleurs, un des coups « mexicains » les plus stupéfiants de ce jeu, s’appelle la « Bachichina » (inventée par le mexicain Raphaël Pacheco surnommé Bachicha) et consiste à propulser la pelote, directement hors jeu, au terme d’une trajectoire verticale « à effet », violente et... inaccessible !
Contrairement à ce qui se passe en Europe — France et Espagne, où le frontenis est très populaire en Catalogne, dans la région de Valence, en Andalousie, Iles Canaries et Baléares —, ce sport est enseigné dès le plus âge au Mexique, pays phare de la spécialité. Il s’est aussi développé en Amérique du Sud et Amérique centrale.
De ce fait, les meilleur(e)s joueur(euse)s mexicain(e)s sont d’authentiques professionnel(le)s et disputent, outre les compétitions officielles, de nombreux tournois, assortis de paris (l’autre « sport national » !) comme le fameux Mexican Frontour…Pour les coupes du monde, le frontenis reste en première ligne : avec 12 équipes participantes et toujours une domination sans partage des Aztèques. Même si les leaders européens grignotent peu à peu le retard, sans encore véritablement le rattraper...
Le frontenis est exigeant : il fait partie des spécialités de pelote qui nécessite d’incontestables qualités techniques. Comme au tennis finalement, où la maîtrise du tir, la retenue et la patience sont des atouts maîtres.
Physiquement, le frontenis sollicitera davantage l’endurance, et sera assez rapidement accessible au novice. Il n’est pas nécessaire de posséder une force herculéenne, car ici, c’est l’épaule, l’avant-bras et le poignet qui régulent la distribution d’une pelote particulièrement vive, sorte de caresse par le biais d’un geste « fouetté », de haut en bas.
Dans le jeu, les déplacements sont assez prévisibles pour l’arrière, méthodiquement sollicité (et touchant donc beaucoup plus de pelotes), un peu moins pour l’avant qui restera en vigilance en cas d’attaque et devra faire preuve d’un œil irréprochable, assorti d’une réactivité sans faille.
Un débutant en frontenis pourra toutefois parfaitement s’amuser tout de suite en frontenis pré-olympique !~~A vous d'essayer !