Vous cherchez à comprendre ce qui fait qu'une forêt est qualifiée de tropicale avant de partir à la conquête de ces géantes fascinantes ? On vous aide à cerner ces lieux si particuliers, qui sont aujourd'hui encore des réserves de biodiversité inestimables.
Commençons par une précision qui a son importance : il n'y a pas une forêt tropicale mais des forêts tropicales. La jungle est un type particulier de forêt tropicale qui se caractérise par une végétation sempervirente. Les forêts tropicales ou subtropicales sont appelées également parfois forêts équatoriales. Elles sont caractérisées par des températures relativement stables et élevées, et une photopériode (durée du jour et de la nuit) stable également. Disons que vous n'aurez pas de changement d'heure à redouter si vous partez à la découverte d'une forêt tropicale.
Les différents types de forêts se sont développés grâce à un élément essentiel à la vie d'un écosystème : les précipitations. La pluie, si vous préférez, car c'est en fonction de son importance de sa rareté que la végétation va se développer de façon luxuriante ou au contraire sous une forme plus sèche. Et bien sûr la température vient également jouer son rôle dans le développement des éco-systèmes.
Déjà vous vous demandez peut être ce qu'est un biome ! Pour faire simple "un biome est un ensemble d'écosystèmes caractéristiques d'une région biogéographique et nommé à partir de la végétation et des espèces animales qui y prédominent et y sont adaptées" (source wikipédia). Les biomes sont étudiés par la biogéographie. Celle-ci étant une science qui mêle géographie physique, pédologie, écologie, bioclimatologie et la biologie de l'évolution, et étudie la vie sur la terre.
L'autre mot qui devrait vous servir est un qualificatif qu'on retrouve souvent après forêt quand on parle de forêt tropicale : "décidue". On l'utilise un peu pour frimer parce qu'en vrai on pourrait utiliser le mot caduque pour parler du feuillage des arbres de ces forêts. Autrement dit, les forêts ont aussi des arbres qui perdent leurs feuilles, généralement à la saison sèche, ce qui varie par rapport à nos forêts européennes qui elles sont tributaires des saisons.
Les forêts décidues sèches tropicales et subtropicales (ou forêts tropophiles)
Oui, vous avez bien lu "sèches" ! Comme évoqué plus haut, les précipitations ont un rôle essentiel dans le développement des forêts tropicales. Il s'agit d'un type de forêt où à la saison humide, succède une saison sèche qui peut durer 4 à 9 mois. Et les plantes qui s'y trouvent perdent leurs feuilles durant la sécheresse afin de conserver leur eau au maximum. On en trouve notamment à Madagascar, mais aussi à l'Est de l'Inde ou en Indochine... Même si clairement, on ne pense pas à elles quand on pense "forêt tropicale".
Les forêts humides tropicales et subtropicales
C'est à elles que vous pensez quand on dit "forêt tropicale". Leur végétation se développe de façon luxuriante grâce à un climat chaud et... humide ! La forêt équatoriale par exemple, rentre dans ce biome, car la saison sèche y est presque inexistante. Les arbres y sont sempervirents, c'est-à-dire qu'ils possèdent en permanence un feuillage verdoyant. Mais ils perdent quand même leurs feuilles au fur et à mesure, ils ne les perdent pas toutes en même temps ce qui donne un aspect vert permanent. C'est souvent ce type de forêt que l'on qualifie de jungle.
Ces deux types de forêts tropicales peuvent avoir des sortes de déclinaisons locales selon que l'on monte ou descende en altitude.
La plus poétique : la forêt de nuages
Avouez que le nom fait rêver ! Cette forêt de type humide se trouve lorsque l'on monte entre 1000 et 3000 mètres d'altitude dans un milieu tropical. Les plantes et arbres qui la composent sont dans une situation très particulière, car ils se trouvent dans une atmosphère saturée en humidité due à la brume permanente qui les enveloppe. Celle-ci limite également leur exposition à la lumière du soleil. Les mousses et plantes comme les orchidées, les lichens et les fougères notamment s'y plaisent tout particulièrement. Cette forêt est appelée également : forêt nébuleuse, forêt orophile (c'est-à-dire "qui est adapté à la haute montagne"), forêt pluviale ou forêt brumeuse.
Les mangroves qui sont des forêts inondées peuvent également être considérées comme des forêts tropicales ainsi que les ripisylves ou forêts galeries, qui poussent les pieds dans l'eau. Les branches créent des forêts galeries créent un environnement très particulier : les ramures des arbres se rejoignent au dessus de l'eau pour masquer celui-ci. Ce sont des sortes de transition entre la forêt tropicale et le milieu marin !
Les forêts tropicales et équatoriales se développent, sans grande surprise, entre les deux tropiques le long de l'équateur thermique.
Amérique du Sud, Sud de l'Amérique centrale, Sud-est asiatique, Afrique, Australie, les grands continents possèdent tous des formes de forêts tropicales.
Oui ! Vous avez raison, c'est bien l'Amazonie !! Cette région naturelle d'Amérique du Sud est un réservoir incroyable de biodiversité, mais également de légendes et de culture. C'est la plus grande forêt pluviale du monde, et à elle seule, elle représente 50% des forêts tropicales du monde. Elle abrite tous les types de forêts tropicales, de la savane à la mangrove. Son nom vient du fleuve Amazone qui la traverse.
Sa surface, répartie sur pas moins de 9 pays ou territoires, fait de sa préservation un enjeu politique international. La majeure partie de l'Amazonie se trouve au Brésil. Malheureusement, aujourd'hui de nombreux hectares de cette forêt tropicale, sont menacés par la déforestation. La forêt amazonienne, perd chaque année 2,7% de sa surface, pour faire place aux activités humaines : agriculture ou exploitation forestière.
La densité de la végétation de la forêt amazonienne, a longtemps laissé penser qu'aucune civilisation n'avait été capable de vivre au cœur de celle-ci. Mais le site de Chiribiquete (Colombie) a révélé des peintures rupestres datant de 20 000 ans avant notre ère. Ces œuvres dévoilent une vie culturelle et sociale : scène de chasse, rituels, dessins d'animaux et de fleurs, démontrant que des Amérindiens ont bien habité la forêt longtemps avant l'arrivée des Européens. Ces peuples amazoniens développent les réseaux, canaux et sentiers... nécessaires à la vie au coeur de la forêt et aux échanges entre les différents peuples. Malheureusement, la colonisation du Brésil au XVème siècle et l'arrivée de maladies venues d'Europe ont entrainé la décimation des populations amazoniennes, entre 85 et 90% de celle-ci disparait, entrainant avec elle ses modes de vie et sa culture.
C'est pourquoi au XIXème siècle, les aventuriers qui s'y rendent pensent que la forêt a toujours était vierge de toute vie humaine ! Depuis plusieurs années, les archéologues redécouvrent la richesse et le dynamisme des peuples ayant vécu et commercé en Amazonie.
Espèces d'arbres, d'animaux, d'insectes, de plantes... l'Amazonie abrite une biodiversité unique. De nouvelles espèces d'animaux sont régulièrement découvertes au coeur de la forêt. Notamment, le capybara ou cabiaï : le plus gros rongeur du monde, devenu célèbre grâce à son air toujours souriant. Mammifère semi-aquatique, il vit toujours proche des cours d'eau, nombreux au cœur de l'Amazonie.
On retrouve également des jaguars, espèce quasi menacée selon l'union internationale pour la préservation de la nature, animal particulièrement présent dans les mythologies amérindiennes.
Parmi les nombreuses espèces de poissons qui vivent dans les rivières et fleuves de la forêt amazonienne se trouve notamment le dauphin rose d'Amazonie, plus grand dauphin d'eau douce et bien sûr le fameux piranha poisson carnivore qui s'attaque aux troupeaux et parfois semble-t'il à l'homme.
Comme évoqué plus haut, et notamment au sujet de l'Amazonie c'est bien sûr valable pour toutes les forêts équatoriales, la déforestation et les activités humaines menacent la biodiversité et le fonctionnement de ces écosystèmes.
C'est avant tout la perte de biodiversité due à la déforestation qui inquiète les gouvernements et organisations non gouvernementales. D'autant plus que des espèces sont encore régulièrement découvertes dans les forêts tropicales. On évoque souvent les orangs-outans pour illustrer les ravages de la déforestation de la forêt primaire au profit d'une exploitation agricole de canne à sucre par exemple, ou de la plantation de palmiers à huile. Mais c'est bien sûr l'ensemble des espèces abritées par les forêts qui est menacé.
Les forêts ont également un rôle essentiel dans le cycle de l'eau en répartissant les précipitations, en stockant l'eau puis en favorisant l'évaporation de celle-ci via les plantes et les feuilles et en évitant l'érosion des sols lors des fortes pluies. Une fois la forêt arrachée, nombreux sont les glissements de terrain ou les courant de boue qui détruisent tout sur leur passage, à la saison des pluies. Elles participent également, dans une certaine mesure, au stockage du carbone, ce qui pourrait aider à limiter le réchauffement climatique, si la déforestation par brûlis ne venait annuler leur effet.
Le WWF (fond mondial pour la nature) et l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) travaillent activement avec les gouvernements afin de créer des réserves de biosphère au cœur des forêts afin de préserver ce patrimoine fragile et essentiel à la vie de chacun sur la planète.
Un monde sans forêts ou avec des forêts réduites ne pourra pas limiter les effets du réchauffement climatique.
Les forêts tropicales et les jungles abritent des espèces qu'on ne voit nulle part ailleurs, et elles portent donc des noms qui semblent surprenants aux européens, car dérivés de langues amérindiennes. En voici quelques uns.
Aï : vous connaissez cet animal aux longues griffes et à l'allure placide sous le nom de paresseux ! Attention toutefois leurs griffes sont des armes redoutables. Aï est un mot tupi, une langue parlée au Brésil.
Cabiai : c'est l'autre nom du capybara, dérivé du kali'na "cabiaïca". Le kali'na est une langue caribe parlée sur la bande côtière qui va du Vénézuela au Brésil.
Casoar : si vous entendez ce mot, préparez-vous à prendre la fuite ! le Casoar est l'oiseau réputé le plus dangereux du monde. Son nom vient de l'indonésien "casuari". Ses griffes sont particulièrement redoutables et il peut courir jusqu'à 50km/h. Eviter de le croiser semble être un conseil raisonnable.
Ocelot : ce mot dérivé du nahuatl une langue de la famille uto-aztèque, désigne un grand chat sauvage qui ressemble à un jaguar miniature et apprécie les forêts denses.
On utilise également un vocabulaire très pointu pour parler de la végétation tropicale comme l'adjectif décidu, expliqué plus haut.
La canopée est le nom de la partie haute de la forêt, à la cime des arbres, directement exposée aux rayons du soleil. Ce terme est applicable à toutes les forêts mais lorsque l'on est dans une forêt tropicale on considère que la canopée est un écosystème à part entière.
Les épiphytes sont nombreux dans les forêts tropicales. Il s'agit d'organismes : champignons lychenisés, plantes, algues ou bactérie, qui poussent sur d'autres végétaux. À la différence d'un parasite, ils ne se développent pas au détriment de leur hôte. Ils absorbent l'humidité de l'air et ne développent, généralement, pas de racines. Les orchidées font partie de cette famille de végétaux. Sous les latitudes tempérées on en trouve également comme le gui par exemple.
Quand on pense jungle ou forêt tropicale on pense forcément aux lianes. Ces plantes croissent en prenant appui sur les autres végétaux, les arbres notamment, afin de s'élever vers la canopée et la lumière du soleil. Mais saviez-vous que de nombreuses plantes des milieux tempérées sont aussi des lianes ? La glycine, le lierre, les vignes et les houblons notamment, sont aussi des lianes !
Même si les forêts tropicales n'ont pas encore révélé tous leurs secrets, vous avez là une bonne base si vous prévoyez de partir à leur découverte. Si jamais vous faites le détour par l'une d'entre elles, n'hésitez pas à nous partager votre expérience !