Moi, c'est Henri. Sportif et adepte des raquettes en tout genre (tennis, badminton, padel), je me suis décidé à franchir la porte du dojo et tester le ninjutsu. Vous me suivez ?
Art martial hérité du Japon, le ninjutsu est surtout connu pour le nom que l'on donne à ses pratiquants : les ninjas. Bien plus que cela, c'est un art de vivre, un sport à part entière et c'est ce qui m'a donné envie de tester le ninjutsu. Enfilez vos kimonos et partons à la découverte de cette discipline avec Christophe Batilliot, instructeur de l'école de ninjutsu de Lille.
Commençons par les bases : ninjutsu, ça veut dire quoi ? "Nin" c’est la persévérance, l’endurance et la furtivité en japonais, "Jutsu" l’art ou la technique. Le ninjutsu, c’est donc l’art de la furtivité et de la persévérance. D’ailleurs, vous connaissez forcément le nom des pratiquants du ninjutsu : les shinobi ou ninjas.
Cet art est né au Japon, à l’époque féodale (1183-1868), période durant laquelle les Samouraïs dominent la société nippone. Il consistait principalement au talent d’espionnage de ses pratiquants.
“Le ninjutsu reflète l’évolution de la société, les intérêts des pratiquants à l’instant T”, explique Christophe Batilliot, fondateur et instructeur du Dojo de ninjutsu de Lille. Après la guerre civile au Japon, cet art a continué de se transmettre en réduisant certains éléments militaires, violents, tout en conservant son héritage. “Il y a beaucoup de choses utiles qui peuvent servir le jour où l'on est en danger, d’où l’utilité de transmettre ces techniques.”
Dans le ninjutsu, on trouve du combat à mains nues ou avec armes, de la psychologie, de la philosophie, du social, de la stratégie et même l’étude des éléments. “C’est un des arts martiaux les plus complets au monde, résume Christophe Batilliot. Finalement, c’est l’art de construire des règles pour mieux vivre ensemble.”
Le ninjutsu est un sport qui travaille de nombreuses zones du corps. “Ce n’est pas un art martial qui se veut ultra-athlétique”, prévient Christophe Batilliot. Et pour cause, à l’origine, le ninja était spécialisé. “Il y a tellement de choses à savoir, que chacun a son rôle : celui qui est capable de grimper partout, celui qui est stratège. En fonction des spécialités, chacun avait des prouesses physiques ou non.”
Le ninjutsu permet aussi de se développer sur le plan mental, et travaille la confiance en soi. “Ce qu’on apprend dans le ninjutsu, on le récupère dans la vie, assure Dominique, pratiquant. Ce que m’a appris le ninjutsu, c’est aussi la notion d’anticipation, le travail sur les réflexes (en voiture par exemple) et savoir gérer son stress dans le cadre professionnel pour adapter sa posture”. “Pour m’exprimer et prendre des responsabilités, le ninjutsu m’a beaucoup aidé, poursuit Nicolas, pratiquant. Aujourd’hui, je suis instructeur de ninjutsu. Il a fallu s’imposer, être sûr de ce qu’on montre. Cela m’a fait sortir de ma zone de confort et la confiance est venue naturellement.”
Les cours de ninjutsu comportent majoritairement le combat à main nue ou avec armes comme le katana (célèbre sabre samouraï), les chaînes et les étoiles de ninja. On y retrouve des techniques de défense ou du développement de soi. Il n’est pas rare d’aborder des éléments comme la stratégie ou la philosophie lors des entraînements.
Le ninjutsu est donc un sport où l’art de vivre et les valeurs sont primordiaux. Sa version moderne est “un art de vie avec une vision positive, en n’oubliant pas de revenir à des choses dures lorsque c’est nécessaire, commente Christophe Batilliot. Dans la pratique du ninjutsu, le but ultime est de survivre, sauver les siens. Il n’y a pas de renoncement à ce qu’on est capable de faire, tant qu’il y a un devoir moral, que la finalité est positive”.
Au Japon, il y a deux mentalités qui s’appliquent dans le ninjutsu : In et Yô. “La première partie se veut visible, franche, palpable. La seconde, plus subtile, cachée, masquée, discrète. On doit être capable d’alterner ces deux mentalités lorsque c’est nécessaire. Par exemple, dans un combat, la posture liée au In et Yô va influencer les attitudes”, explique Christophe Batilliot.
Je dois vous l'avouer, j'avais pas mal d'apriori avant de me rendre au Dojo de Lille. Moi qui suis très sportif et plutôt adepte des sports plus "traditionnels" comme le tennis et le badminton, la pratique du ninjutsu ne me parlait pas du tout. En effet, je pensais qu'en bon Ninja, j'allais apprendre à escalader et grimper au mur, je dois dire que j'ai été surpris.
La séance débute par une salutation collective, propre à cet art martial. Le ton est posé, d'emblée. Nous nous échauffons ensuite muscles et articulations avant d'effectuer des nagaré : roulades de ninja (pas une simple galipette, c'est bien plus technique que ça !). Enfin, l'essentiel de la séance est consacré aux techniques de combat et de déplacements.
En réalité, le ninjutsu, c’est un sport assez physique ! Lors des exercices de combat, les muscles sont gainés : oui oui ça travaille fort. D’ailleurs, grâce à ces mêmes exercices, on travaille l’équilibre et la proprioception, ce qui développe la capacité à se situer dans l’espace. Toujours dans ces exercices de défenses : j'ai eu du mal à comprendre et appliquer les enchaînements les premières fois. La persévérance est un maître-mot de cette discipline.
Autre élément à prendre en compte lorsque l’on souhaite pratiquer le ninjutsu : le contact physique est très régulier, et il arrive souvent de côtoyer la douleur (mes quelques chutes lors des combats en témoignent).
Dans cet art martial, les réflexes sont importants. Le respect, le calme et la volonté de bien faire de tous les pratiquants sont assez impressionnants. Le Ninjutsu c’est finalement un art martial très ancien, généraliste et complet. De cette discipline a découlé des sports de combat plus récents et spécialisés comme le judo (pour les projections), le karaté (pour les frappes) et le jiujitsu (pour les saisies, les étranglements et les clés).
Ce test a été une superbe découverte pour moi ! Et vous, vous testez quand ?
Depuis l’arrivée des arts martiaux en France, le ninjutsu a pu se structurer. La plupart des clubs sont rattachés aujourd’hui à une fédération omnisports : celle du sport travailliste. On compte près de 2000 licenciés en France.
Il n’existe pas de compétitions de ninjutsu. “C’est un art de développement personnel, où l’intérêt n’est pas de se comparer aux autres et de montrer que l’on est le plus fort”, conclut Christophe Batilliot.
Un grand merci au Dojo de Lille pour son accueil. J'espère que vous avez pris plaisir à découvrir cette discipline, autant que j'ai aimé tester cet art martial. L’âme des ninjas est désormais en vous.