Vous pensez que nager en piscine et en eau libre sont deux activités similaires? Vous avez peur de vous lancer sur un triathlon à cause de la natation ? Prenez le temps de lire les lignes qui suivent !
Triathlon M de Gérardmer : fin des 1500m de natation, je sors 3ème de l’eau. Oui 3ème, moi le runner de base, plutôt moyen nageur et habitué à sortir au milieu de la masse des triathlètes. Même mon père ne comprend pas et me regarde avec des yeux ronds : “Mais qu’est ce qu’il fait déjà là ??”
Mais que s’est-il passé ?? Pour le coup je ne vois que deux explications possibles : soit j’ai progressé de manière phénoménale en quelques semaines, soit les autres se sont trompés. J’avoue, j’aurais préféré la 1ère option… ;-) mais pour autant la 2nde ne me déplaît pas tant que ça ! En effet ce jour là les nageurs qui étaient en tête se sont tous trompés (on parle d’une cinquantaine de nageurs quand même..!) au niveau d’une bouée. Ils ont tous pris à gauche, il fallait prendre à droite car ils n’ont pas pris le temps de bien lever la tête pour se diriger. Le temps qu’ils s’en rendent compte, qu’ils fassent demi-tour et qu’ils reviennent dans la bonne direction, j’avais eu le temps de faire mon bonhomme de chemin et de faire ma sortie en guest star.
Pourquoi je vous raconte cela ? Déjà pour dédramatiser la partie natation d’un triathlon. La plupart des gens bloquent à se lancer à cause de cette épreuve. Pour vous rassurer, n’oubliez jamais ceci : les gens qui nagent à côté de vous pensent la même chose que vous “pourvu que je ne me prenne pas de coups !”. Alors oui ça secoue un peu mais vous verrez, ce n’est pas si terrible. Ensuite j’ai la chance de faire partie de ces triathlètes qui aiment nager en eau libre et qui s’en sortent globalement bien pendant la partie natation. Et pourtant, je pars de loin ! Étant un coureur à pied d’origine, je n’ai appris à nager qu’en commençant le triathlon.
Comme pour beaucoup de personnes j’ai nagé la brasse sur mon 1er triathlon car je n’arrivais pas à bien respirer et surtout je n'avançais pas en nageant le crawl.
Aujourd’hui je sors souvent dans les 1ère positions lors des parties natation en me payant le luxe de battre des nageurs qui, lors de nos entraînements en piscine, sont bien meilleurs que moi. Alors non je ne triche pas en raccourcissant la natation, non je ne nage pas tous les jours comme un bourrin pour progresser et non je ne me dope pas ;-). J’ai simplement compris l’importance de la technique et de la régularité en natation et l’intérêt de bien combiner les entraînements en piscine et les entraînements en eau libre car les objectifs sont bien différents entre les deux pratiques.
Il est important de comprendre une chose primordiale en natation : pour progresser en natation il faut être RÉGULIER à l'entraînement. En effet, si vous ne vous entraînez pas de manière régulière vous allez rapidement perdre les acquis que vous avez durement gagnés lors de vos entraînements. J’ai malheureusement expérimenté cela de nombreuses fois : des semaines d’entrainement pour progresser de quelques secondes sur un 100m et puis le manque de temps ou de motivation (compter les carreaux au fond d’une piscine n’a jamais été ma grande passion) m’éloigne des bassins pendant 10 ou 15 jours. Et là, c’est toujours la même rengaine au moment d’y retourner : plus de sensations de glisse, mal aux bras et il me faut 3 ou 4 séances pour revenir au niveau acquis avant la micro coupure.
Mes coachs m’ont toujours dit : 1 séance par semaine permettra d’entretenir le niveau que l’on a. 2 séances par semaine (en travaillant vitesse et technique) permettront de progresser légèrement. A partir de 3 séances par semaine on va pouvoir parler de progrès significatifs en terme de sensations, de technique et de vitesse.
N’étant pas un grand adepte de la natation mais ayant l’envie de progresser, j’ai donc opté pour un minimum de 2 séances par semaine en piscine et quand les beaux jours reviennent (de mai à octobre), je rajoute une séance en eau libre. Ce n’est pas insurmontable et mes progrès furent spectaculaires : je suis passé de mauvais à bon nageur assez rapidement. Mais pour en arriver à cela je n’ai pas simplement enquillé les longueurs de piscine sans réfléchir en cherchant à faire le plus de distance possible, bien au contraire. Progresser en natation nécessite de suivre un plan d'entraînement qui va allier le travail de la technique, de la vitesse et de l’endurance. Et ça, ça se passe en piscine !
Nager en piscine à quelques avantages indéniables comparé à l’eau libre :
- nager dans un environnement stable (vague et courant ne sont pas fréquents dans un bassin de 25 ou de 50m)
- nager dans une eau à bonne température (on est rarement en dessous des 26 degrés dans les bassins publics, sauf les lendemains de vidange)
- nager dans une eau propre (qui permet de voir le fond)
- nager dans une ligne d’eau (qui permet de se diriger facilement sans lever la tête)
- avoir un rebord tout les 25 ou 50m (qui permet des moments de récupération réguliers)
Tout cela permet donc de se concentrer sur sa nage et sur sa technique notamment quand vous êtes néophytes. Et j’insiste sur l’aspect technique !
Comme en course à pied on a trop tendance à zapper cette partie au profit de longues séries de natation avec plaquettes ou pull boy. Mais travailler sa technique, à toutes les séances, est la clef de la réussite en natation. Que la technique ne représente qu’une partie de l’échauffement ou la quasi intégralité de la séance il ne faut retenir qu’une chose : faites en à toutes vos séances !
Et des exercices de technique il en existe de nombreux :
Si vous êtes seul, demandez conseil !
Après ce pose la question de bien faire le mouvement dans l’eau. Quand on nage seul, ce n’est pas simple de s’évaluer. Pour ma part j’ai toujours eu la chance de nager avec un coach au bord de l’eau car, étant licencié en club, je privilégie les entraînements collectifs ou un coach est toujours présent. Ce coach est là pour vous corriger et vous donner les bonnes astuces pour gagner en technique.
Pour autant il existe des moyens de faire autrement : l’an dernier un ami à moi qui nageait seul voulait avoir un retour sur son travail de technique. Je l’ai donc accompagné à la piscine et (même si je n’ai pas de diplôme de maître nageur ou d'entraîneur) je l’ai observé pour lui dire ce qu’il faisait bien ou non. J’ai bien entendu fait cela en fonction de ce que j’ai moi même appris quand j’étais dans l’eau. J’ai également pris le temps de le filmer pour qu’il se rende compte visuellement des points sur lesquels il doit progresser. Si vous n’avez pas d’ami nageur dans votre entourage vous pouvez toujours tenter le coup avec un maître nageur ! Souvent ils ne sont pas mécontents de pouvoir partager un conseil ou deux pour aider les gens à progresser ;-)
Bien entendu, tout ne se joue pas sur la technique en natation. Nager en piscine est le meilleur endroit pour travailler à différentes allures. C’est ce travail d’allure qui va vous permettre de gagner en vitesse pendant les courses. L’avantage de la piscine est qu’il est facile de faire des séries et donc de prendre des chronos. De 25m pour travailler la vitesse max au 800m pour travailler l’endurance, toutes les combinaisons sont possibles en piscine.
Mais, comme je l’ai déjà dit, être un bon nageur en piscine ne fera pas forcément de vous un bon nageur en eau libre ! Bien entendu vous n’allez pas perdre votre niveau (technique et vitesse) acquis lors des séances en piscine mais le bon nageur en piscine peut rapidement perdre le Nord (au sens propre du terme) en eau libre !
Selon moi, ça change pratiquement tout : on prend tous les avantages de la natation en piscine et on les supprime :
- nager en lac ou en mer induit parfois du courant et des vagues
- la température de l’eau, c’est comme la loterie : faut avoir un peu de chance au tirage et il vaut mieux tirer les chiffres entre 16 et 24 !
NB : si température de l’eau <16°C : combinaison obligatoire
si température de l’eau entre 16 et 24°C : combinaison autorisée
si température de l’eau > 24°C : combinaison interdite
- on voit rarement le fond de l’eau et ce n’est pas toujours rassurant
- fini la ligne d’eau, pour se diriger il faut lever la tête et ce n’est pas simple
- fini le rebord rassurant, une fois qu’on est au milieu d’un lac, il faut se débrouiller seul
Pour ne pas être complètement perdu le jour d’un triathlon, je vous encourage fortement à tester la nage en eau libre à l'entraînement pour vous accommoder à tous ces paramètres et pour tester un équipement que tous les triathlètes adorent : la combinaison ! En effet, dans la majorité des courses en eau libre vous aurez le droit de nager avec une combinaison (sauf si la température de l’eau dépasse les 24°C) car l’objectif principal de la combinaison c’est de nous protéger contre le froid.
De plus, par sa composition en néoprène (du caoutchouc synthétique), la combinaison va amener deux énormes avantages : de la flottabilité et de la glisse ! Les mauvais nageurs se transforment en nageurs moyens, les nageurs moyens se transforment en bons nageurs et les bons nageurs… restent des bons nageurs !
Mais la combinaison change aussi vos repères de nageur et la plupart du temps cet équipement est interdit en piscine. On passe donc notre temps à s'entraîner sans combinaison en piscine et l’on va faire la majorité de nos courses avec une combinaison, ça n’a aucun sens. Il faut donc pouvoir tester sa combinaison et pour cela seules les séances en eau libre vous permettront de le faire !
Pour ma part, dès que les beaux jours reviennent j’ai la chance de pouvoir nager en eau libre toutes les semaines grâce à mon club. En effet nous avons accès deux fois par semaine à l’intégralité d’un lac pour s'entraîner. Et l’objectif de cette séance est simple : m’habituer à toutes les subtilités de la natation en eau libre que je ne peux pas faire en piscine : m’habituer à la température de l’eau, lever la tête pour me diriger, faire des départs en courant depuis la plage, m’habituer à la flottabilité de la combinaison etc..
Cela me permet donc de ne pas être déstabilisé quand arrivent les triathlons ! Ayant mes repères en combinaison et en eau libre je m’en tire toujours à très bon compte et souvent devant les bons nageurs de la piscine (ex : au triathlon L de Troyes l’an dernier je suis sorti 3 minutes (!!) devant un nageur de mon club qui a toujours nagé plus vite que moi en piscine mais qui s'entraîne rarement en eau libre).
Enfin l'entraînement en eau libre amène un dernier avantage et non des moindres : la LIBERTÉ ! Fini de compter les carreaux au fond de l’eau et de sentir le chlore pendant les heures. Fini le stress du chrono au bord du bassin à courir après la moindre seconde. A nous les grands espaces et le plaisir de nager à sa guise : on s’arrête quand on veut, on nage à l’allure que l’on veut et dans la direction que l’on veut.
On s’éloigne clairement du sujet de l'entraînement mais faire du triathlon c’est aussi et surtout prendre du plaisir et être en harmonie avec la nature. Pour ma part, j’accorde beaucoup d’importance à ce point là. Et je peux vous assurer que nager un soir d’été dans un lac aussi calme qu’une baignoire et faire une pause au milieu pour contempler un joli coucher de soleil est une expérience plus que plaisante ;-)
Pour conclure je dirais que l'entraînement en piscine est indissociable de l'entraînement en eau libre en triathlon pour une raison simple : les objectifs ne sont pas les mêmes et surtout les deux pratiques sont bien différentes. Il faut du temps pour appréhender la natation en eau libre et s'entraîner de temps en temps en condition réelle de course va vous permettre de prendre un maximum de plaisir le jour J.