Littéralement : sports qu’on porte. Mais le mot possède un sens plus global... oui, le sportswear est à l’origine de grands changements socioculturels
Le sportswear est un mot anglais traduit par “sports” “qu’on porte” autrement dit “des vêtements qui sont portés pour le sport ou d’autres activités physiques”.
Le terme possède cependant un sens plus global décrivant une “famille assez large de vêtements renvoyant à l’origine au domaine du sport et par extension aux vêtements de loisirs et de détente.” D’après le Dictionnaire international de la mode, “les stylistes de mode déconstruisent et adaptent l’image traditionnelle des vêtements de sport, pour mieux suggérer un certain idéal de jeunesse et de vitalité dans la vie quotidienne”.
Le sportswear a été à l’origine de grands changements socioculturels au fil des décennies, en Europe et aux États-Unis principalement. Retour sur un phénomène de mode qui a véritablement marqué le XXe siècle.
Le vêtement de sport dit “sportswear” est apparu en Europe après la guerre (la seconde).
Ce sont les différents sports de l’époque et les contraintes liées à leur pratique qui ont permis l’apparition des tenues et équipements que l’on connaît aujourd’hui : les tenues légères masculines, la jupe culotte puis le pantalon féminin (une révolution) pour les amatrices de bicyclette, le cardigan pour le golf, les premiers maillots de bain pour la natation, l’équitation a amené le pantalon jodhpurs, le tennis le polo et la jupe plissée pour plus de confort et d’aisance, le ski l’anorak…
Chaque sport voit se dessiner une panoplie, avec pour objectifs à l’époque aisance et performance.
Dès les années 1920, à la sortie d’une première guerre dévastatrice, les grands couturiers parisiens que sont Coco Chanel et Jean Patou, lancent une mode décontractée pour la ville, c’est la naissance du véritable sportswear : les pulls-overs et gilets coordonnés, novateurs pour l’époque, les sweats rayés bleu et blanc, apparaissent dans le vestiaire féminin et triomphent outre Atlantique.
Ces deux couturiers offrent alors aux femmes une nouvelle sensation de liberté tout en exaltant leur féminité. Le sportswear contribuera fortement à l’émancipation de la gent féminine au sein de la société de l’époque.
Patou innovera notamment en créant les premiers shorts de tennis “couture” de la grande joueuse de tennis Suzanne Lenglen.
Dans les années 50, la tenue de sport rime avec chic, la tendance est au blanc, du polo au croco à la robe sobre et élégante en passant par la fameuse “tennis” blanche, ancêtre de notre basket d’aujourd’hui.
L'après-guerre voit apparaître un vêtement révolutionnaire pour le corps féminin, le bikini, qui mettra deux décennies à s’imposer sur les plages… L’émancipation du corps féminin est en marche.
Les années 60 symbolisent le changement. De nombreux sports alternatifs voient le jour comme le surf ou le skateboard. Synonymes de liberté, ces nouvelles activités sportives permettent l'apparition de nouveaux équipements "lifestyle" propres à chaque univers, à chaque communauté, à chaque culture.
C’est aussi à cette époque que le Lycra voit le jour, une matière innovante synthétique qui procure plus de confort et de technicité dans la pratique du sport. Les années 60 sont également marquées par le jogging et le fitness. Entre audace et émancipation, les sixties explosent les normes. Des créateurs devenus légendaires osent s’affranchir des codes bourgeois pour explorer une féminité balbutiante et le sportswear se démocratise doucement.
La société est en pleine mutation.
Dans les années 70 aux États-Unis, la marque à la virgule avait compris que les chaussures de sport étaient bien souvent destinées à être portées en dehors des playgrounds.
Elle décida à l’époque d’investir dans l’image de marque au lieu de mettre en exergue les qualités techniques de ses produits tel que le faisait son rival aux trois bandes.
À cette époque, le sport commençait à être à la mode malgré lui, notamment grâce au succès du basket-ball et de la culture hip-hop. Les adolescents américains, sous l’influence de leurs idoles de NBA et de leurs rappeurs favoris, érigent notamment la basket au rang de chaussure culte.
Les années 70 sont également marquées par l’avènement du survêtement. Initialement imaginé pour recouvrir la tenue de sport pour passer de l’échauffement à la compétition, il est aujourd’hui devenu un classique de confort, que l’on porte sur les terrains, dans la rue et à la maison.
Le sportswear est véritablement banalisé à la fin des années 80, comme un savant mélange entre tendances socioculturelles et évolution des pratiques sportives.
C’est alors que les créateurs tels que Vivienne Westwood ou Yohji Yamamoto vont s’emparer du phénomène et introduire la chaussure de sport dans leurs défilés.
Le basket-ball et la culture hip-hop, savant mélange de danse et de musique, vont ensuite transformer le sportswear en phénomène “streetwear”. Cette même décennie, se développe le fitness et ses panoplies “flashy” moulantes voire extravagantes, véritable témoin d’une révolution en marche.
Les communautés qui se forment autour des pratiques sportives et courants musicaux, les cultures et sous cultures créent de véritables phénomènes “lifestyle” autour du sportswear. Le vêtement n’est plus seulement “une couverture” mais un mode de pensée, un vecteur de messages.
Aujourd’hui, la mode a fait du sport l’un de ses terrains de jeu favoris et celui-ci prend de plus en plus de place dans notre société.
Le sportswear évolue au rythme des performances et innovations. Longtemps considéré comme ringard, le vêtement de sport, de la casquette aux baskets, s’est transformé en synonyme de cool et de tendance. La frontière entre la rue et les playgrounds s’efface, les deux mondes se confondent. La mode suit un mouvement qui encourage à l’hyper-performance.
L’activité physique est de plus en plus valorisée, le sport est sorti d’un terrain de pur pratiquant. Les sportifs sont hypermédiatisés (les sportives, un peu moins) et deviennent des icônes, des modèles à suivre qui influencent les modes et les tendances.
Bien sûr, du côté de la mode, la recherche est à l’harmonie plus qu’à la performance alors que dans le sport c’est l’inverse, la performance prime sur le style (de plus en plus présent cependant).
Il s’agit donc d’une première hypothèse pouvant expliquer le phénomène : les marques de sport ne feraient que profiter d’un mouvement de mode qui les a propulsées dans la rue sans qu’elles le décident, et tenteraient désormais de récolter les fruits de cette situation en accompagnant le processus, avec des méthodes, des moyens et des stratégies différentes selon les marques.
D’une certaine façon, ce serait donc la mode qui se serait imposée à elles et non l’inverse. Les communautés de la rue sont d’ailleurs les principaux acteurs de ce phénomène, du fait de leur forte influence sur l’évolution des styles.
L'exemple du JOG 85 chez DECATHLON.
Glamourisé, le vêtement de sport est devenu un incontournable de notre garde-robe car il serait aujourd’hui complètement hors sujet d’avoir des tenues de sport qui ne répondent pas aux exigences du style et aux critères design.