UNE MÈRE, UNE FILLE, UN BILLARD. MAGALI, GRANDE CHAMPIONNE ET COMPÉTITRICE AU BILLARD FRANÇAIS. MARIA, JEUNE ÉTUDIANTE, ADMIRATIVE DU PARCOURS DE SA MAMAN ET BERCÉE DEPUIS SON PLUS JEUNE PAR LE BRUIT DES BILLES. LE BILLARD UNE HISTOIRE DE FAMILLE ? ELLES NOUS RACONTENT TOUT !
Magali : j’ai commencé le billard à l'âge de 14 ans. J’habitais à Dunkerque à l’époque et mes parents avaient un café/tabac avec un billard américain. Mon père y jouait souvent avec ses clients. Dans le café, il y avait une arrière-salle où l’on organisait des mariages, mais mon père avait envie de changement et un habitué lui a parlé de “Carambole” (aussi appelé billard français). Il a donc décidé d’en installer deux ! Mes frères ont commencé à y jouer et j’ai adoré les regarder. Je voulais également essayer, mais à cette époque, ce n’était pas normal pour une petite fille de faire du billard. J’ai insisté et j’ai bien fait…. Après 6 mois de billard, je gagne la finale de la ligue et je me qualifie pour la finale France. Je me souviens, ce jour-là George Bourezg (un grand champion), m’avait repérée et est allé voir mon père. Il lui a dit :”votre fille, elle a quelque chose, il faut s’en occuper”.
Je me souviens aussi, en voyant la Championne de France avec sa médaille et ses fleurs, de m’être dit que la prochaine fois, ça serait moi sur cette marche du podium. Et tout s’est déclenché comme ça !
Maria : pour moi, le billard c’est une évidence depuis toute petite, quand je vivais en Grèce mes parents avaient eux aussi un café/billard. Du coup, je me rappelle, petite, avoir essayé de jouer avec mes mains pour tenter de mettre les billes dans les poches ou bien encore tenter de copier ma mère. Mes deux parents jouaient au billard, et donc, j’ai grandi dans ce milieu-là. Je me souviens encore être allée soutenir ma mère lors de ses championnats et j’étais la seule petite fille présente dans la pièce.
Magali : je m'appelle Magali, j’ai 51 ans, je vis à Narbonne. Je suis depuis octobre en reconversion professionnelle. Je prépare avec la Fédération Française de Billard un diplôme qui s'appelle le DECF (Diplôme Entraîneur Coordinateur Fédéral). Depuis 2 ans, je m’occupe des féminines de ma ligue (Occitanie) et par ce nouveau diplôme j’espère pouvoir m’occuper des féminines de la France entière. Mais le DECF est surtout pour moi l’opportunité de transmettre aux jeunes 36 ans de pratique et de passion du billard.
Maria : moi c’est Maria, j’ai 19 ans et je suis actuellement en licence en deuxième année de science politique à Lille 2. Avec ce diplôme, j’aimerais devenir Lobbyiste, j’ai envie de défendre les causes importantes à mes yeux comme : l’environnement, les femmes ou les problèmes de précarité au travail…
Magali : ce qui m’a toujours attiré dans le billard, c’est le roulement et le contrôle de ses billes : faire rouler les billes, réussir à les maîtriser, essayer d'enchaîner les séries. Ce que j’aime aussi dans ce sport, c’est qu’il est mixte ! Le billard ne demande pas d'effort physique traumatisant. Une femme peut mieux jouer qu'un homme. C’est surtout un sport de concentration, de maîtrise, de discipline et de précision.
~Maria : j’adore le billard car, c’est un sport qui, outre la gestuelle exigeante, demande de la réflexion, c’est un sport intellectuel, qui demande de la concentration et c’est ça qui m’attire dans cette discipline ! Je joue aussi au volley et par complémentarité au billard, c’est un sport très actif, et j’aime beaucoup lier les deux.
Magali : Oulah, ce n’est pas par semaine, mais par jour… Je m’entraînais 6 heures par jour ! À l’époque, quand je travaillais dans le café de mon père je me levais tous les jours à 5 heures du matin, je faisais l’ouverture du commerce avec mes parents, je jouais 3 heures le matin, je mangeais, je travaillais de nouveau et je faisais mes 3 heures l’après midi. Et c’était tous les jours comme ça ! Sinon, 4 mois avant le championnat d’Europe de Ronchin, je pratiquais 3 heures par jour.
Comment je m’entraîne ? J’ai des positions et des enchaînements de point type. Je travaille beaucoup : les rétros, les points de bande, les coulés, les grands coins, etc. Maria : ça dépend le type de billard. En ce moment, je joue deux fois par semaine au billard américain. Et quand je rentre chez ma mère, elle m’apprend à faire quelques points au billard français. Mais avec mes études, je joue seulement de temps en temps. Le billard est plus un loisir pour moi, je joue parce que je prends beaucoup de plaisir et pour passer un bon moment.
Magali : je dirais... Le lien social que ça peut créer ! Grace aux championnats d’Europe, j’ai pu voir ce qui se passait dans les autres pays, comment ils pouvaient vivre le billard, comment ils jouaient et bien sûr, j’ai pu rencontrer du monde. En fin de compte, le billard, c’est une grande famille. Ce que j’aime beaucoup aussi dans le billard, c’est ce qu’il nous apprendre en terme respect : le respect de soi, le respect des autres, le respect des règles, l’humilité. Le billard nous apprend à toujours nous remettre en question et à accepter la défaite. Oui, le billard apporte plein de choses.
~Maria : le billard m’a appris à me contrôler. En effet, au billard, il faut savoir contrôler ses émotions, ne pas montrer que nous sommes stressés, que nous avons peur de perdre… Le billard m’a appris à avoir un meilleur contrôle de moi-même. Par exemple lors de mes partiels, j’arrive à mieux gérer mon stress.
Magali : je ne pense pas que le billard ait été un facteur de rapprochement entre ma fille et moi, car nous sommes déjà très proches. Mais c’est sûr que le fait qu’elle aime le billard, c’est super. Quand elle est venue me voir au championnat d’Europe de Ronchin, c’était super qu’elle soit là, qu’elle comprenne le billard et qu’elle ait les mêmes émotions que moi. C’est un grand moment de partage et ça fait du bien au cœur !
Maria : on était déjà proche avec ma mère, donc non pas tant que ça, on s'appelle tous les jours. Je dirais que le billard est un plus ! Ça m’a permis de comprendre sa passion. Quand je la vois s'entraîner et contente de gagner, c'est un vrai plaisir pour moi.et c’est cette passion-là qu’elle m’a transmise. Je dirais plus que c’est un partage, une meilleure compréhension de ce qu’elle peut ressentir quand elle joue au billard. Je sais très bien qu’elle est faite pour jouer au billard, ça, c’est une évidence !
Magali : je dirais qu’il faut y aller la tête haute ! Nous sommes égales aux hommes en ce qui concerne l’aspect sportif du billard qui ne demande pas de choses violentes, ni traumatisantes pour le corps. Le billard demande surtout de la réflexion, de la concentration, de l'habileté motrice. C’est un sport où l’on peut prendre autant de plaisir en loisir qu’en compétition. Bref, une femme peut y arriver autant qu’un homme, il faut juste foncer !
Maria : de foncer ! C’est un sport pour tout le monde, mais c’est important de ne pas se comparer aux autres... chacun son niveau !
Et si je devais pousser une copine à se mettre au billard ? Je lui montrerais une vidéo de ma mère. Je trouve ça hyper motivant de voir une femme jouer aussi bien voire mieux qu’un homme.
Magali : je vais préparer et essayer de gagner mon 12e titre de championne d’Europe qui aura lieu fin avril ! Mon deuxième défi ? Mon diplôme d'entraîneur coordinateur fédéral et puis bien sûr que plus de femme pratique le billard. D'ailleurs, venez découvrir le billard le 10 mars dans un club près de chez vous !
~Maria : peut-être un jour, je ferai un championnat de billard, et c’est sûr que ce jour-là ma mère sera mon entraîneur personnel. Mais pour l’instant, j’ai plus envie de me concentrer sur mes études. Ma mère m’a toujours dit “ si tu veux commencer quelque chose, soit sur de le finir”. Donc, je n’ai pas envie de m’engager sur quelque chose dans lequel je ne serai pas à 100 %. Je préfère finir mes études tranquillement et une fois que j’aurais mon Master, je pourrais vraiment me concentrer sur le billard.
Maria : elle le sait, j’adore la voir jouer sur le billard, on voit qu’elle est à sa place, on dirait que le billard est fait pour elle. J’espère de tout mon cœur qu’elle remportera ce 12e championnat d’Europe !