Ces questions sur la marche athlétique, que l'on n'ose pas poser
Filer à plus de 15 km/h en marchant, ça force le respect et ça laisse songeur. On lève le voile sur les secrets de la marche athlétique.
Devant l’écran, face à l’épreuve des 50 km de marche athlétique des Jeux olympiques, les pas défilent, les juges scrutent la démarche, les kilomètres tombent et les remarques pleuvent.~
Est-ce que la marche athlétique, ça casse les hanches ?
Emmanuel Lassalle, vice-champion du monde de marche athlétique de longue distance :
"Non ça ne casse pas les hanches ! Quand la technique de marche athlétique est maîtrisée, ce qui arrive assez vite, la hanche avance, elle ne chaloupe pas sur le côté et ce n’est absolument pas douloureux.
Le déhanché n’est pas du tout un exercice de style, dans la recherche de vitesse en marchant, on va actionner les bras et le bassin va produire ce mouvement. Mais ce ne sont pas les hanches qui vont être le plus sollicitées, ce sont surtout les abdominaux et les lombaires !
Essayez juste d’accélérer le pas en actionnant les bras, vous verrez une nouvelle démarche se mettre en place naturellement. Et aucune douleur n’est à prévoir !"
Pourquoi le transit pose souvent problème durant les compétitions ?
Frédéric Fauquenoi, kinésithérapeute en équipe de France de marche athlétique :
" Effectivement le transit pose parfois problème, il fonctionne trop ! On retrouve ces épisodes chez les coureur.se.s de marathon à cause des ondes de choc répétées. Chez les marcheur.se.s, même si les impacts sont moins importants, ces problèmes existent également. Ils sont provoqués, entre autres, par le fait que les efforts sont très soutenus et que la circulation sanguine est orientée vers les muscles plutôt que sur le système digestif. L’irritabilité et la fragilité sont donc accentuées.
Il faut également faire attention à ce que l’on ingère, la concentration trop importante de produits énergisants, de sucres, peut bloquer le fonctionnement de l’estomac au niveau du pylore et provoquer des nausées. Prudence donc ! "
Mais pourquoi tu fais ça ?!
Emmanuel :
"On m’a souvent posé cette question ! Ce à quoi je réponds « parce que je me sens vivant ». Pour moi, le fait d’aller marcher, ce n’est pas pour regarder mon chrono toutes les 5 minutes, c’est avant tout un moment à moi, ça me permet de me retrouver et... de me sentir vivant. Après, évidemment, il y a le plaisir de la compétition, d’abord contre moi-même, j’aime bien tester mes limites, mais aussi, bien sûr, contre les autres, quand je suis au départ d’une course c’est pour la gagner.
Et puis, plus spécifiquement dans les épreuves de longue distance, j’aime la place qu’il reste à l’aléatoire. Sur un Paris-Colmar de 432 km, on passe par tous les états et on ne sait pas trop où tout cela va nous mener, c’est une aventure humaine très forte avec une dimension collective puissante que ce soit avec les concurrents, mes proches et mon staff."
Comment sait-on quand on commet une faute de marche ?
Keny Guinaudeau, double champion de France de marche athlétique (5 000 m) :
" Les juges sont positionnés le long du parcours (boucles de 400 m, 1 km ou 2 km) ils peuvent nous avertir oralement en nous disant qu’ils ont un doute sur notre technique et en brandissant un panneau jaune pour « irrégularité de marche » soit pour flexion (genou plié) soit pour suspension (deux pieds sans contact avec le sol).
Par contre, si le juge est sûr de voir une faute de marche, il transmet, sans qu’on le sache, un carton rouge au juge-chef qui se charge de le mettre sur le tableau d’affichage. C’est seulement en passant devant le panneau d’affichage qu’on l’apprend. Ne pas connaître l’identité du juge qui a sanctionné est un point de règlement important pour ne pas être tenté de marcher sans faire attention devant ce même juge qui a déjà donné son carton rouge.
Au troisième carton rouge, on est éliminé. "
Quelle est la vitesse de pointe en marche athlétique ?
Emmanuel :
" En se basant sur le record du monde du 5000 m [établi en 1995 par le Russe Mikhail Shchennikov en 18 min 07 s et 08], on constate que la vitesse moyenne est de plus de 16,5 km/h. On peut imaginer que sur une distance bien plus courte, la vitesse soit encore un peu plus élevée ! Après on peut s’interroger sur le respect du règlement, à ces vitesses, on flirte avec la suspension…
Combien de km de marche fais-tu par semaine à l’entraînement ?
Keny :
" Ça dépend vraiment de la période, aux alentours de 150 km par semaine pour ma part. Ce qui n’est pas forcément énorme dans le milieu ! Mais on ne parle pas souvent en km mais plutôt en temps de travail, en général ça va de 15h à 20h par semaine et même jusqu’à 23 h en préparation intensive. "
Comment se passent les pauses-pipi durant l’épreuve ?
Emmanuel :
" Il y a des toilettes mobiles de festival le long du circuit ! Sinon il y a toujours la possibilité de faire pipi en marchant, si on veut perdre le moins de temps possible…"
Une question vous tourmente ?! N’hésitez pas à nous la transmettre via les commentaires ci-dessous, nous la soumettrons à nos partenaires techniques !
