● Le grand sourire à joe l’incruste (et le coup de poing crocheté)
Joe l’incruste, vous connaissez ? C’est ce mec qui s’invite là où il n’est pas attendu, et surtout là où sa présence n’est pas souhaitée. Dans le cas d’Anaïs, Joe l’incruste s’est manifesté sous une forme féroce, un cancer du sein. “ Il a été diagnostiqué quand j’avais 24 ans. Personne n’y croyait, tout le monde me disait que ce n’était pas possible, pas en étant aussi jeune… Mon corps aussi niait, à chaque bilan sanguin, tout allait bien, mais il y avait cette boule au sein... ”. Une échographie et une ponction plus tard, le verdict tombe : “ un cancer hyper agressif ”. S'ensuivent 8 mois de chimiothérapie, 2 mois de radiothérapie, une mastectomie (l’ablation d’un sein), et une découverte dont elle se serait bien passée. “ On a compris que c’était génétique. Il a fallu retirer mon deuxième sein, car le risque de récidive était trop élevé ”. Pendant 2 ans, Anaïs mène une seconde guerre et de multiples batailles, en enchaînant les tentatives de reconstruction mammaire. Pour citer les médecins, “ on ne va quand même pas vous laisser sortir sans poitrine à votre âge, ça serait dommage ”. Mais le corps de la jeune femme n’en veut pas, et après 6 rejets (et autant d'opérations pour faire et défaire), Anaïs décide de respecter sa volonté. “ En avril, j’ai retiré mes deux prothèses, et je revis ! Je peux dormir sur le ventre, quoi ! ”, rit-elle. Si l’éternelle optimiste va directement à l’essentiel et porte l’accent sur les bons moments, le combat qu’elle a mené pendant cinq ans contre Joe fut rude. Heureusement, elle a pu s’appuyer sur sa détermination x1000, ses proches, et son sport de cœur. “ La course à pied a vraiment été mon moteur. J’ai tout vécu grâce à ce sport. Tout ce que je faisais, je le comparais à une compétition, kilomètre par kilomètre. Avec mes potes, on identifiait l’après-chimio au mur du marathon : c’est dur… Mais c’est bientôt l’arrivée ! ”. Alors, pendant les traitements, elle court, et après les opérations, elle bouillonne et trépigne d'impatience. " Quand on me disait que je pouvais courir après 10 jours de convalescence, vous pouviez être certain·es que le dixième jour au matin, j'avais déjà enfilé mes baskets. J'étais comme ces personnes qu'on voit dans les films, celles qui cochent les jours sur un calendrier ". Prisonnière pour son bien, jamais par perte d'espoir, Anaïs n’a pas une seule seconde imaginé faire une petite place à ce corps étranger qui siégeait en elle. " J'ai toujours pensé que j'allais en sortir plus forte. La maladie permet de relativiser sur beaucoup de choses. Aujourd'hui, je suis là, et j'en suis fière. Quand je souffre en course ou à l'entraînement, je me dis que je ne peux pas me permettre de baisser les bras à 2 kilomètres de l'arrivée. J'ai vécu beaucoup plus dur qu'une simple douleur éphémère ". La raclée, elle lui a filé à ce fichu Joe l'incruste. Il ne l'a pas définie, il n’a pas gagné la guerre. " Je trouvais du positif dans tout ce que je pouvais vivre. Le lendemain des opérations, je sortais de mon lit en mode vers de terre, je me faisais violence, je pensais : " personne ne viendra me laver les fesses ! " (rires). Quand l'infirmière arrivait, j'étais douchée, mon lit était fait ". Anaïs s’est toujours sentie exister, avant, pendant, et après l’épisode Joe. Aujourd'hui, cela fait 6 mois que son oncologue lui a dit qu'elle était en rémission complète.