Après sa vie de danseur pro, Thibault Amanieu est devenu coach sportif, spécialisé santé et bien-être. Aujourd’hui, il intervient notamment auprès des entreprises et des salarié.e•s pour les mettre, à leur tour, en mouvement. L'Éclaircie l’a rencontré.
Pendant près de 25 ans, Thibault Amanieu a dansé, tous les jours, au boulot. Avec ses collègues, matin midi et soir, il s’en donnait à cœur joie. Il faut dire que son employeur l’avait embauché rien que pour ça : de 1992 à 2016, Thibault était en effet l’un des pensionnaires du Ballet national de Marseille. De cet exigeant métier, qui met la performance physique au service l’art, il a gardé une conviction : celle qu’un corps au travail mérite qu’on l’entretienne. C’est donc naturellement qu’après sa vie de danseur pro, il est devenu coach sportif, spécialisé santé et bien-être.
Il m’a fallu quelques années pour m’en rendre compte. Je suis en effet entré au Ballet national de Marseille à tout juste 18 ans. J’étais jeune et insouciant… pas très sensible à la notion de prévention !
Et puis le temps a passé, j’ai vu des camarades se blesser sérieusement, j’ai moi-même subi des blessures… La prise de conscience a eu lieu : si je voulais faire ce métier longtemps, je devais m’en donner les moyens. C’est comme ça que j’ai commencé à m’auto-coacher et à développer mes propres exercices et méthodes de prévention.
En fait l’un de mes mentors en Prépa Sports m’a proposé de donner des cours au sein d’un grand groupe industriel, à Marignane, près de Marseille. J’ai accepté et j’ai trouvé ça super ! Pendant 6 mois, j’ai travaillé avec les cadres de l’entreprise sur la prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) grâce à l’activité physique. Objectif : mieux supporter la position assise prolongée sur leur lieu de travail. Ce faisant, je me suis rendu compte que le sport relâchait, aussi, la pression mentale.
Absolument. Que l’on soit danseur ou pas, d’ailleurs. Ce n’est pas réservé aux sportifs de haut niveau, bien au contraire. Rester assis pendant 6 ou 7 heures chaque jour, c’est en soi une performance. Tout le monde gagnerait donc à entretenir son corps pour durer. Finir plié•e en deux à 40 ans n’est pas une fatalité !
J’en identifie trois types. Ils sont d’abord physiques et psychologiques, bien sûr. L’exercice permet d’être moins fatigué, plus concentré et mieux durant la journée de travail. Les études montrent d’ailleurs qu’il réduit l’absentéisme et les burn-outs. Ils sont ensuite sociaux : faire du sport, c’est fédérateur, cela mobilise l’esprit d’équipe et enrichit les liens interpersonnels. Enfin, pour l’entreprise, il y a aussi des bénéfices communicationnels : le sport véhicule l’image d’un management moderne, qui prend soin de ses collaborateurs et de la QVT.
De bien discuter en amont avec toutes les parties prenantes ! C’est vraiment essentiel pour bâtir un projet cohérent et mobilisateur. Il ne faut surtout rien imposer. Horaire, lieu, financement, type d’activité, encadrement… : on discute de tout ça avec les RH, avec le ou la patron•ne, avec les salarié•es, pour que tout le monde s’y retrouve. D’autant qu’on peut tout imaginer. En matière de sport en entreprise, il n’y a pas de recette miracle, juste un panel d’outils et d’exercices dans lesquels piocher selon ses envies et ses besoins. Avec un peu d’imagination, mettre en place un projet sportif est possible dans toutes les entreprises.
Effectivement, il a fallu s’adapter. J’ai un temps, moi-même, un peu douté du concept du sport en visio... Et pourtant, force est de constater que ça marche super bien. Actuellement, je donne des cours en visioconférence aux salariés d’une grande assurance française et, honnêtement, c’est simple et efficace. Tant mieux parce qu’il y a une vraie demande : immobiles et statiques chez eux, les télétravailleurs ont plus besoin que jamais de s’activer. Je pense d’ailleurs que le futur du sport en
entreprise se trouve dans un entre-deux qui associera de manière complémentaire le présentiel et la visio. Le premier permet une finesse et une précision dans le suivi, et la seconde la flexibilité et une accessibilité dont les gens ont besoin.
Personnellement, j’aime beaucoup la méthode Pilates. D’abord, elle se pratique avec peu de matériel, ce qui la rend très accessible. Un tapis suffit ! Ensuite, elle permet de prendre conscience d’une zone essentielle de notre corps : celle qui part des hanches et remonte jusqu’au plexus. Son renforcement musculaire rend possible une meilleure posture au quotidien et au travail. Pour autant, rappelons-le : toute activité physique est utile contre la sédentarité. Marche nordique, vélo ou yoga sont aussi super.
Assez tôt ! On peut attendre des bénéfices au bout de quelques semaines seulement. Pour peu que la pratique soit régulière, le mieux-être et la prise de conscience posturale arrivent assez vite. C’est le résultat du renforcement musculaire mais pas seulement : l’activité physique diminue le stress, qui est l’un des grands responsables des douleurs cervicales et lombaires. Les bénéfices du sport en entreprise sont donc bel et bien physiques et psychologiques.
Allez, on écoute le coach… : on lâche 15 minutes sa souris et on se roule sur son tapis !