Tendance qui s’installe ou nouveau business ? J’en ai discuté avec Louise et Océane, engagées dans un tour de France pour partir à la rencontre de cyclistes.
“Le vélo, c’est le nouveau golf”, c’est Geoffroy Roux de Bésieux, président du MEDEF, qui le déclare dans l’Obs’ en juillet 2020.
Mais ce mantra, on l’entendait depuis quelques années déjà… (j’ai retrouvé les premières occurrences dès 2015 pour tout vous dire). Alors est-ce qu’il s’agit d’une tendance qui s’installe vraiment ? D’un nouveau business ? J’en ai discuté avec Louise et Océane, engagées dans un tour de France (le Cargo Tour "Un autre cycle", de mai à juillet 2021) pour partir à la rencontre de cyclistes.
Louise et Océane se sont lancées dans un tour de France de quasiment 3000 km en mai 2021.
3000 km à la rencontre de femmes qui utilisent le vélo comme outil. Pour plus de liberté, d'égalité, de mobilité, d'émancipation. Que ce soit en ville, sur les pistes et dans les vélodromes, en voyage, dans les ateliers ou dans les entreprises, Un Autre Cycle entend rendre visibles ces femmes qui s'engagent, qui roulent, bricolent, se dépassent et nous inspirent.
Louise : Que le vélo est au contraire éminemment populaire. C’est d’ailleurs l’essence même du vélo en fait. Aux sorties d’usine, tout le monde avait un vélo, y compris les femmes…
Louise : L’arrivée de la (première) voiture, puis de la deuxième voiture dans le foyer… Et d’autres constats : les femmes arrêtent généralement de faire du vélo à l’adolescence ou en devenant jeune adulte et la circulation dans les villes, en général se densifie, instaurant un sentiment d’insécurité auquel seraient plus sensibles les femmes.
C’est là qu’on voit l’importance des infrastructures : à Paris, en 5 ans, on compte 10% de + de femmes à vélo, grâce à une ville "mieux cyclable" de façon générale.
Louise : On trouve effectivement une pratique plus élitiste que l’autre. On constate surtout que certains univers liés au vélo se fréquentent peu. Cela dit, sur les rencontres qu’on a faites, ce qui est intéressant, c’est aussi de constater qu’on voit tous les âges et toutes les classes sociales.
Océane : “Il y eu Gaëlle, étudiante à Nantes. Sans pratique particulière du vélo dans sa famille ni trop de moyen, elle a découvert le vélo comme un moyen de passer des vacances en faisant un calcul simple : vélo = moins de frais et plus de liberté. Elle a traversé le lac Baïkal gelé en 2020 par exemple… Et elle n’est pas du tout dans la perf, alors que tout ce qu’elle fait, ce sont vraiment des exploits ! Sa façon à elle de faire du vélo, c’est quelque chose de très humble.
Louise : Elle fait ses sacoches elles-mêmes, elle se prépare ses propres repas (végétariens)… Il y a un gros côté débrouillardise.
On a beaucoup retrouvé ça avec les femmes qu’on a rencontrées : une humilité extraordinaire. Elles le font pour elles, pour se sentir bien. Il n’y a pas de fierté mal placée.
Elles ne mettent pas en avant des chiffres, les stats, les vitesses moyennes. Elles te parlent de paysages, de rencontres...
On a aussi rencontré une famille qui a voyagé pendant un an (soit en bivouaquant, ou via le réseau warmshower, ou du camping à la ferme...
Il faut compter avec une vraie dimension roots parfois. Mais si tu veux rouler tranquille…
Le bikepacking : recouvre une certaine course à l’équipement. Le ou la bikepackeur•se est souvent à la recherche de l’équipement de pointe, le + léger, le plus technique. Le ou la bikepackeur•se est plutôt jeune, cadre et aime une pratique solitaire.
Le cyclotourisme : aaaah, on aime la vision plus traditionnelle, l’esprit BRM (pour Brevet de Randonneur Mondiaux) : l’idée n’est pas la performance, mais le plaisir du voyage (et de la soupe à l’oignon à l’arrivée).
Le cyclisme : alors là, bonjour cuissard & lycra ! Le ou la cycliste ne rechigne pas à prendre sa voiture pour aller rouler trois heures à fond avec les copains. Oui, les copains, parce que les clubs de cyclisme ne comptent que 10% de femmes (contre 20% à la fédération de cyclotourisme).
Donc à la question “le vélo, c’est le nouveau golf ?’, la réponse est “peut-être”. Ça va dépendre de ce que tu veux faire et avec qui. Et du budget que tu peux/veux y mettre. Mais comme le golf en fait finalement…