Encore aujourd’hui, le travail à pied souffre d’une image d’amateurisme, de loisir un peu bas de gamme réservé à quelques cavaliers ou cavalière qui ont peur de monter à cheval.
Aujourd’hui, j’aimerais saisir l’opportunité d’écrire cet article afin de dégommer quelques mythes concernant le travail à pied, et pour vous expliquer à quoi ça sert, et comment cela pourrait littéralement changer votre vie équestre.
La pratique quotidienne de mon métier m’amène à passer beaucoup de temps à pied aux côtés des chevaux. Cela intrigue toujours pas mal de cavaliers et cavalières à la culture plus traditionnelle, qui ont l’impression que je perds le temps précieux que je pourrais passer à cheval, à développer nos compétences en selle dans notre discipline. Alors c’est sûr, on ne musclera jamais autant un cheval au sol qu’en montant dessus… Mais, qui a dit que c’était l’objectif ? Le travail à pied, alors, ça sert à rien ?
Reprenons depuis le début. Votre cheval, c’est un être vivant et sensible. Celui-ci a donc :
- un corps, musclable donc
- un esprit, avec toute la complexité de ses capacités cognitives
Le travail à pied, c’est principalement un canal pour parler à la tête du cheval. En effet, le travail au sol a pour ambition de développer une communication bien aboutie, saine et sereine entre le cheval et son être humain. Une métaphore que j’aime beaucoup employer consiste à simplifier : votre cheval, et vous, ne parlez pas la même langue. Vouloir devenir de grand·es champion·nes ensemble, sans être capable de communiquer, semble absurde et surréaliste…
Imaginez n’importe quel·le athlète. Son entraîneur ou son entraîneuse, tous les jours, lui donne des indications pour améliorer sa performance mentale, et physique. Il y a un hic : son entraîneur ou entraîneuse parle espagnol, et lui ou elle, l’athlète, parle allemand. Aucun d’entre eux ne parle une autre langue. Oui, ils ou elles peuvent peut-être se faire grossièrement comprendre avec des gestes… Mais les subtilités essentielles à une véritable cohésion forte vont se perdre. Alors, il faudra peut-être que l’un d’entre eux apprenne la langue de l’autre, ou qu’un•e traducteur·ice soit présent•e, ou bien qu’ils ou elles apprennent une langue commune.
C’est bien ça, le rôle du travail à pied. Vous ne parlez pas "cheval", votre cheval ne parle pas "humain". En travail au sol, vous vous servez de la magie du langage corporel et des lois de l’apprentissage afin d’installer une langue commune. D’abord, vous enseignez des lettres ; puis, des mots ; et enfin, des phrases.
Le fait d’être au sol vous fournit de nombreux avantages :
- une observation bien plus globale et raffinée de votre cheval
- et pareil pour votre cheval, vous lire est bien plus aisé qu’en selle (évidemment)
- votre cheval n’a pas besoin de galérer à vous porter, il a donc une seule mission : comprendre ce que vous attendez, sans devoir en supplément gérer son équilibre
- s’il y a des couacs de communication, vous êtes plus en sécurité qu’en selle
- tout ce que vous allez enseigner au sol, se transmettra facilement en selle
- tout ce que vous enseignez au sol, vous aidera considérablement en selle
La liste est longue, mais je m’arrêterai ici.
Ça se divise grosso modo en 3 grandes catégories :
- la confiance, avec les travaux d’habituation
- la légèreté, avec la sensibilisation aux pressions tactiles
- la légèreté 2, avec la sensibilisation aux pressions rythmiques
Votre rôle de cavalier ou cavalière, c’est d’être l’enseignant·e, le pédagogue du cheval. S’il ne vous comprend pas, c’est à vous d’être plus clair·e, plus lisible. Au sol, vous vous entraînez à devenir le plus clair•e possible et le plus agréable possible.
Vous pouvez trouver un exemple d’une séance de travail à pied pour un couple moyennement avancé ici : vous verrez que le langage corporel de la cavalière est extrêmement important et qu’il facilite (ou complique) la compréhension du cheval par rapport à l’exercice demandé.
Ces exercices vous permettront non seulement de pouvoir explorer tout un autre pan de votre relation au sol, et d’aller plus loin dans votre connexion mutuelle, mais également de vous faciliter la vie quotidienne dans des tâches qui causent parfois de grands troubles.
Pas besoin d'investir dans du matériel hors de prix pour faire du travail à pied !
Si vous avez un rond de longe ou vous pouvez même travailler en liberté, sans licol. Par contre, vous pouvez vous équiper d'un stick de dressage ou d'un carrot stick (plus long avec une cordelette à son bout) pour donner des indications claires à votre cheval, pour toucher des parties de son corps, pour lui donner des indications, mais jamais pour punir.
Pensez aussi, selon votre cheval, à le protéger avec des cloches et des guêtres.
Si vous travaillez en carrière ou que vous devez partager votre espace, équipez-vous d'un licol plat ou à nœud. Attention, les licols à nœud sont des licols qui peuvent être très dur pour la tête du cheval, les nœuds créant des pressions à des points clés de la tête du cheval. Ils sont à mettre dans des mains expertes.
Préférez une longe de plusieurs mètres qui vous permettra de vous éloigner de votre cheval dans certains exercices tout en gardant un lien avec lui.
Vous en savez plus sur le fameux TAP (ou "travail à pied"). Accessible à tous et toutes les cavalières et à tous les chevaux, qu'importe leur âge ou leur état physique, le TAP est un excellent moyen de travailler l'éducation de votre cheval, certains exercices plus techniques, mais aussi votre complicité !
Envie de vous lancer ? Commencez par lui apprendre à vous suivre en liberté !