Itinéraire d’aventure sur l’eau : à la découverte des gorges du verdon en kayak

Micro-aventure sur l'eau : à la découverte des Gorges du Verdon avec Augustin et Alexandre

L’itinéraire que nous propose le duo Augustin et Alexandre, consiste à descendre, en Kayak gonflable 2 places, le Verdon depuis le lac de Castillon jusqu’au lac de Sainte-Croix en France.

Cette descente des gorges du Verdon a eu lieu durant le mois d’avril, période où le tourisme est encore faible et où la météo et les niveaux d’eau sont optimaux. C’est une opportunité de découvrir le patrimoine géologique, aquatique et animal qui anime ces gorges mondialement connues et de sensibiliser à la baisse du niveau d’eau dans les cours d’eau. Augustin nous raconte...

Détail de l'aventure

> Environnement : rivière et lac
> Difficulté : moyenne (rivière de classe I à III selon le niveau d’eau)
> Période conseillée : novembre à mars
> Durée moyenne : 2 jours avec Bivouac

Pousser le matériel à l’extrême dans un cadre XXL

Passionnés d’aventure et de nature, nous nous sommes fixés un défi ambitieux : descendre les gorges du Verdon en Kayak gonflable deux places. Entre les hautes gorges, les basses gorges, le lac de Sainte-Croix et le lac d’Esparron, l’aventure s’annonce exceptionnelle, alternant falaises de plusieurs centaines de mètres de haut, lagons au bleu intense et rapides de difficultés variées. C’est ce décor idyllique que nous avons choisi pour un défi de taille : partir de la ville de Chaudanne et descendre aussi loin que nous le pouvons sur la durée d’un week-end, avec comme ligne de mire le lac d’Esparron. Si les rapides de classe 4 des hautes gorges, habituellement réservés aux kayaks rigides monoplaces, vont nous permettre de pousser notre kayak gonflable au bout de ses capacités,, qu'en sera-t-il du reste du parcours ?

Une mise en place express

Après un réveil aux aurores le samedi matin, il est l’heure pour nous de gonfler le kayak et d’y harnacher nos sacs étanches. Nous sommes très satisfaits de la facilité et de la rapidité de cette opération : en moins de 10 minutes, le kayak est sorti de son sac de transport, gonflé et prêt à être utilisé. À la vue du niveau d’eau du jour, nous faisons le choix de ne pas utiliser les dérives. Nous savons pertinemment que nous allons perdre en maniabilité, mais nous préférons minimiser notre
tirant d’eau pour éviter d’endommager le matériel sur ces eaux peu profondes. Une fois le matériel prêt, nous nous équipons, mettons à l’eau le kayak, et embarquons : notre aventure peut enfin commencer !

Une première partie marquée par le manque d’eau

La première partie de la descente s’effectue sur un Verdon d’une vingtaine de mètres de large avec une profondeur variant de 10 centimètres à 1 mètre. Nous sommes contraints à plusieurs reprises de descendre du kayak pour le soulager sur des passages trop peu profonds afin de rejoindre les grosses veines d’eau. Malgré ce manque d’eau, le kayak s’adapte très bien au courant léger, et nous permet de profiter de ces derniers moments de calme avant d’entamer la partie plus technique de la descente. Nous croisons par moments quelques pêcheurs à la mouche et surprenons des chevreuils en train de s’abreuver. Nous apercevons également quelques truites ainsi que quelques barbeaux dans les eaux cristallines du Verdon qui nous mènent jusqu’au pont de Carejuan.

Itinéraire d’aventure sur l’eau : à la découverte des Gorges du Verdon

Un cheminement vers les gorges

Progressivement, le Verdon se rétrécit, le débit augmente, les falaises se rapprochent et nous nous sentons de plus en plus enclavés au fond des gorges. Les chevreuils laissent place aux vautours et aux aigles qui animent les falaises et le ciel qui nous surplombent. Il est 10h du matin.
Petit à petit, le Verdon se réveille et nous laissons derrière nous un petit ruisseau calme pour rencontrer un torrent au débit croissant : les premiers rapides apparaissent. Le kayak résistera sans le moindre encombre à ces premières marches. Mais à mesure que le débit d’eau augmente et que les rapides se complexifient, notre embarcation se remplit tout doucement d'eau, ce qui nous contraint à faire des pauses pour le vider. Le système de vidange fonctionne correctement, mais est plus adapté aux éclaboussures isolées d’une navigation en eau calme qu’aux litres d’eau qui se déversent dans notre kayak au passage des rapides les plus puissants. Il reste utilisable, mais demande un arrêt forcé pendant plusieurs minutes ainsi qu’un effort pour surélever l’avant du kayak et permettre l’écoulement de l’eau sous-gravité (la vidange étant située à l’arrière).

Itinéraire d’aventure sur l’eau : à la découverte des Gorges du Verdon

Dans ces conditions plus complexes, nous apprécions la bonne stabilité du kayak avec ses deux boudins latéraux. Nous croisons quelques groupes en randonnée aquatique : cette activité se pratique parfaitement les jours où le niveau d’eau est bas comme ce fut le cas ce samedi. Il est vrai que le manque d’eau est criant : entre les besoins d’EDF, les faibles précipitations et le tourisme, la ressource est comptée et sa rareté est palpable.

Néanmoins, nous poursuivons notre descente, le débit croît et les rapides sont de plus en plus compliqués à aborder. La taille importante de notre embarcation biplace et sa maniabilité limitée dans des courants rapides commencent à se faire sentir et nous rencontrons les premières chutes... Entre la puissance du courant qui exerce une pression particulièrement importante sur notre kayak volumineux et l’impossibilité d’installer nos dérives, nous peinons à slalomer entre les nombreux obstacles affleurants qui ont fait leur apparition à cause du faible niveau d’eau. Nous sentons que nous atteignons là les limites de ce kayak, plus adapté aux courants légers qu’aux rapides de classe 4 que nous rencontrons.

Conscients des dangers des puissants courants et des nombreux siphons, nous faisons à plusieurs reprises le choix de débarquer et contourner à pied les endroits où nous estimons que notre kayak aurait du mal à passer. Nous devons donc emprunter des passages escarpés et escalader de hauts blocs rocheux en portant à bout de bras notre kayak et tout notre matériel : la fatigue commence à sérieusement se faire sentir.

C’est une fois passée la passerelle de l’Estellier que nous attendent les rapides les plus puissants. L’heure tardive et la fatigue accumulée pendant la journée nous poussent à nous arrêter pour bivouaquer, afin d’être en pleine forme pour attaquer la partie la plus complexe des Hautes Gorges le lendemain matin.

Itinéraire d’aventure sur l’eau : à la découverte des Gorges du Verdon

Le cœur des gorges du Verdon

La passerelle de l’Estellier marque le début de la partie la plus difficile et la plus technique des hautes Gorges du Verdon. C’est également la partie la plus spectaculaire où le travail de l’érosion est le plus marqué. Nous traversons non sans difficulté l’ensemble des rapides avant d’arriver au Styx, magnifique canyon creusé au sein des gorges. Nous sommes subjugués par la beauté du décor qui nous entoure : l’eau y est d’un bleu intense et le courant semble s’être complètement arrêté, comme pour nous laisser profiter de cette parenthèse idyllique. Mais ce répit n’est que de courte durée : deux virages plus loin, nous arrivons à l’Imbut, une cave dans laquelle l’eau du Verdon s’engouffre. Un passage étroit est barré par un tronc gigantesque contre lequel une quantité impressionnante de branches et de bois à la dérive se sont accumulés : le passage semble obstrué. Nous descendons du kayak et partons à la nage pour reconnaître ce passage.
Nous repérons une faille très étroite mais suffisamment large pour nous permettre de franchir cet obstacle imprévu : nous prenons la décision de le passer à la nage, en faufilant les sacs étanches Itiwit dans ce petit creux et en dégonflant le kayak pour lui permettre de suivre cette voie. La précocité de la saison et l’absence totale de soleil dans l’Imbut rend l’eau glaciale : nous devons rapidement nous frayer un chemin au milieu de la multitude de branches qui nous bloquent le passage pour éviter l’hypothermie. Après de longues minutes d’effort, nous parvenons
à ressortir de l’Imbut avec tout notre matériel. Malheureusement, en regonflant le kayak, nous subissons une crevaison : un des nombreux bouts de bois semble avoir percé le plancher gonflable. Nous tentons de régler le problème à l’aide du kit de réparation fourni, mais les délais de séchage et la taille du trou sont trop importants.
Connaissant la suite du parcours, nous décidons de repartir sans plancher. Même si notre maniabilité est dégradée, la stabilité et la flottabilité du kayak n’en sont pas affectées et nous réussissons à slalomer sur les derniers rapides avant de rejoindre les eaux calmes et turquoises du lac de Sainte Croix. Nous avons plusieurs heures de retard sur notre programme : la crevaison ainsi que les nombreux contournements occasionnés par le manque d’eau nous ont considérablement ralenti, mais peu importe, la nature nous a éblouis et cette première partie d’aventure est une grande réussite !

Itinéraire d’aventure sur l’eau : à la découverte des gorges du verdon en kayak

Géologie, faune et flore

Le parc du Verdon est un joyau national où géologie, faune et flore se marient dans une harmonie à couper le souffle ! Nous avons la chance de réaliser cette descente en autonomie sans croiser le moindre kayak (il faut dire que les conditions étaient particulièrement compliquées !).
L'absence d’activité touristique nous offre la chance de pouvoir surprendre plusieurs animaux sauvages évoluant dans leur environnement naturel sans perturbation anthropique. Que ce soit au niveau de la faune marine, terrestre ou aérienne, nous en prenons plein les yeux avec de très belles observations (nous avons eu la chance de nous retrouver face à un vautour fauve construisant son nid !).

La découpe de la roche et le vert des arbres en pleine croissance printanière nous rappellent que l’Humain est finalement peu face à un environnement sculpté depuis des millénaires. Le parc du Verdon mérite une attention particulière et une protection unique. C’est également pour cette raison que nous avons souhaité réaliser ce défi : alerter sur l’urgence climatique qui menace en première ligne des écosystèmes aussi précieux que celui-ci. Cette descente nous a davantage sensibilisés sur la vulnérabilité de la faune et de la flore locales, ainsi que sur la guerre de l’eau qui se fait fortement sentir sur des zones de tension telle que la région du Verdon.

L'apparition du Lac de Sainte-Croix

En quittant les hautes gorges du Verdon, nous nous rendons à l’évidence que rejoindre le lac d’Esparron est vain par manque de temps. Par souci de sécurité, nous ne naviguons pas de nuit et nous envisageons une fin d’aventure après la traversée du lac de Sainte-Croix.
Le cadre est idyllique avec une eau d’un bleu intense, entourée de montagnes et de falaises drapées dans un ciel d’un bleu profond.

Malheureusement, ce bleu se ternit rapidement et le ciel se couvre de nuages. Nous décidons donc de nous rapprocher de la berge pour éviter de nous retrouver au milieu du lac avec une météo dangereuse. Quelques minutes plus tard, le cadre paradisiaque laisse place à un puissant orage accompagné de grêle, nous forçant à interrompre notre navigation pour aller nous mettre à l’abri. Si les branches acérées de l’Imbut ont eu raison du plancher gonflable, malgré nos craintes, le kayak résiste héroïquement aux puissants grêlons.
Une heure plus tard, le ciel se dégage à nouveau, nous laissant admirer un magnifique coucher de soleil rougeoyant pour les derniers kilomètres de notre aventure.

Itinéraire d’aventure sur l’eau : à la découverte des gorges du verdon en kayak

Bilan de la descente

C’est donc en début de soirée que nous arrivons finalement au village de Sainte-Croix. La rapidité du kayak sur les eaux calmes du lac est un point fort à ajouter à sa stabilité, d’autant que l’ajout des dérives nous a permis de gagner sensiblement en maniabilité. Sans difficultés, nous nettoyons notre embarcation et la dégonflons. Il est l’heure de se changer et de plier nos affaires avant de rejoindre la voiture.

En conclusion, cette descente fut une véritable parenthèse où nous avons réalisé plus que jamais la dualité de la nature. Si nous nous sommes retrouvés désarmés face à ses manifestations les plus brutales (comme ses puissants rapides et siphons et ses violents orages), nous avons également pu profiter de sa forme la plus majestueuse au travers des paysages sublimes du Verdon et des vols des grands rapaces des Gorges. Cette descente nous aura sensibilisés sur l’urgence climatique et l’importance d’agir rapidement pour préserver ces lieux magiques, qui sont inévitablement menacés par le dérèglement climatique. Sur le plan sportif, soulignons que cette descente est longue, exigeante, technique et fortement tributaire du niveau d’eau. Nous avons été agréablement surpris par la résistance du kayak biplace ITIWIT et par ses nombreux atouts. S’il a montré ses limites dans les rapides les plus puissants, et que nous ayons fini par en percer le fond, il a surmonté un nombre incalculable d’embuches et nous a permis de naviguer dans des conditions variées sur plus de 70 kilomètres en toute sécurité.

Ce weekend restera pour nous une aventure exceptionnelle, et renforce notre volonté de militer pour la préservation de l’environnement dans les gorges du Verdon et ailleurs : nos gestes sont comptés, pour continuer à explorer cette nature, il est de notre devoir d’agir pour la protéger.

Micro aventure sur l'eau  : à la découverte des Gorges du Verdon

Augustin et Alexandre

Ambassadeurs sports d'eau

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