Le wing foil ou l’art de voler sur l’eau : comment débuter ?

Le wing foil ou l’art de voler sur l’eau : comment débuter ?

Glisser et même voler sur l'eau, le concept du wing foil séduit de plus en plus de personnes. Qu'est-ce que le wing foil ? Comment débuter ? Est-ce difficile ?

Qui n'a jamais rêvé de voler sur l'eau ?Je suis parti à la rencontre de passionnés : Grégoire, chef de produit chez Decathlon et pratiquant expert ainsi que Thomas, débutant. Une chose est sûre, je peux vous assurer qu'après avoir découvert le wing foil, vous n'aurez qu'une envie : essayer !

Qu'est-ce que le wing foil ou wing surf ?

Le wing foil est un sport de glisse sur l'eau. L'équipement se compose d'une planche, d'une voile (wing) et d'un foil (l'élément en dessous de la planche). La voile génère la puissance, la planche permet d'être debout et de glisser avec stabilité et le foil permet de s'élever au-dessus de l'eau. "La singularité du wing foil consiste en la quasi suppression des frottements, explique Grégoire. À l'inverse du wing surf ou du kitesurf qui nécessitent un vent fort pour naviguer, en wing foil, le moindre souffle d'air suffit pour prendre de la vitesse."

Dans cette même discipline, on compte différentes pratiques : la race pour les amateur·ices de vitesse, le freestyle pour les amateur·ices de technique et de vagues et le freeride pour les amateur·ices de balade en mer. "On peut aussi cumuler toutes ces sensations en une seule session, assure Grégoire. C'est l'un des nombreux avantages du wing foil."

💡 À l’origine, le foil s'inspire de l'aviation et a été créé pour décupler la vitesse des bateaux en limitant les frottements.

Le wing foil ou l’art de voler sur l’eau : comment débuter ?

Pourquoi choisir le wing foil et quelle sensation ce sport apporte-t-il ?

La pratique attire de plus en plus d’adeptes. Et pour cause, car elle apporte de nouvelles sensations selon Grégoire. "J'aime dire qu'il y a un on/off dans le wing foil : le moment où tu voles et celui où tu ne voles pas. Quand tu ne voles pas, tu sens et entends l'eau sous tes pieds, le vent, la moindre vague. Au moment où tu t'élèves, tu n'as plus de sons et tu profites des oiseaux, de la nature en toute simplicité. Ça donne un côté magique à la discipline." Voler, c'est un peu magique, non ?

Est-ce difficile de pratiquer le wing foil ?

Vous vous dites certainement que le wing foil est une pratique extrêmement difficile ? Qu'elle est réservée à l'élite et aux meilleur·es pratiquant·es. Grégoire vous (nous) rassure : "le wing foil est assez peu physique contrairement à ce que l'on peut croire. C'est un sport doux et technique. Une fois en l'air, avec le peu de frottements, on a besoin de peu d'énergie pour avancer. Bien-sûr, la discipline nécessite de la pratique et de l'entraînement. Le placement des pieds, la bonne position, la proprioception... avant de pouvoir profiter pleinement de toutes les bonnes sensations." Ouf.

Comment commencer le wing foil ? Les conseils d'un expert

Si vous n'avez jamais fait de wing ou kitesurf, Grégoire conseille de passer par la case “école de glisse”. L'école vous apportera les bons réflexes et les bons gestes. "Au début, quand tu n'arrives pas à voler, cela peut sembler frustrant. Se faire accompagner peut réduire cette période frustrante. Avant d'aller ensuite progresser en autonomie, une fois les bases acquises."

☀️ Ensuite, il est très important de connaître les bonnes conditions de pratique. "Quand vous débutez, vous allez chercher des conditions spécifiques : des plans d'eau plats et fermés comme des lacs et suffisamment de vent (entre 15 et 20 nœuds). Plus vous allez progresser, plus vous allez pouvoir chercher des conditions de vent faible ou plus élevé et des plans d'eau ouverts comme la mer."

Ainsi, vous pouvez pratiquer le wing foil dans des lacs de montagne comme Annecy, des lacs côtiers ou des baies comme en Bretagne lorsque vous débutez. Puis vous pourrez passer vers le terrain de jeu infini, autrement dit la mer, lorsque vous maîtrisez davantage.

Combien de temps pour apprendre le wing foil ?

Quelle est la durée d'apprentissage pour profiter de cette nouvelle discipline ? "Pour quelqu'un qui a déjà des notions en wing surf ou kitesurf, la bonne navigation peut se faire en cinq sessions, estime Grégoire. Quelqu'un qui ne connaît pas ces sensations doit passer par un stage (en général, d'une semaine) avec une école pour appréhender la glisse." L'apprentissage de la glisse peut d'abord se faire en stand up paddle.

Pour le vol, phase "qui peut être ingrate et nécessite plus de temps, on peut s'entraîner avec un efoil ou en étant tracté·e par un bateau."

Une fois la maîtrise de la glisse et du vol, Grégoire estime le temps de deux à trois semaines selon les conditions pour conjuguer les deux en même temps. "C'est un sport passion, un sport d'accroc. Je ne connais quasiment personne qui a commencé et qui se dit : j'en fais uniquement tous les trois mois. Une fois que tu maîtrises la glisse et le vol, les sensations te donnent envie de recommencer encore et encore." En variant les terrains de jeu et les pratiques : balade, vitesse ou freestyle, on multiplie les sensations.

Le wing foil ou l’art de voler sur l’eau : comment débuter ?

Débuter en wing foil selon Thomas

Thomas, papa de deux enfants, sportif très curieux, s'est décidé à tester le wing foil. Après douze ans de natation, de snowboard, de ping-pong, de planche à voile, de wakeboard, de kitesurf, il a franchi la porte d’une école de glisse pour tester cette nouvelle discipline. “J’ai eu quelques mauvaises expériences avec le kitesurf et j’ai entendu parler du wing foil. Lorsque j’ai entendu parler du foil qui s’envole sur l’eau, j’ai eu très envie de tester.” Thomas a ainsi suivi plusieurs séances d'une durée de 2h30 environ au Dunkerque Flying Club.

1ère séance : sentir le vent sur la plage. Je démarre sur la plage et j’apprends simplement à me diriger avec la wing (la voile). C’est important car la voile se plante dans le sable et je réapprends à sentir le vent. J’ai ensuite appris à glisser sur le sable avec une voile à l’aide d’un “speedsail”, un skate géant. Il m’a fallu une trentaine de minutes pour être à l’aise et changer de sens. C’est très progressif.

💡Le conseil de Thomas : “Prendre des cours à l’endroit où vous êtes susceptible de pratiquer par la suite pour vous habituer aux courants, aux vents, aux spécificités de la mer…

2ème séance : le simulateur de foil. Un bateau me tracte avec une barre comme en ski nautique. J’ai donc le foil mais pas la voile. La première étape de cette séance est d’essayer de rester sur sa planche et se stabiliser à genoux puis de faire lever la planche. C’est loin d’être évident car la planche est petite. Il faut s’imaginer le foil comme une planche à repasser à laquelle on a retiré un pied. Je me fais des repères imaginaires pour le placement des pieds. Puis je tente la même chose debout.
Quand je lève le foil, il faut à nouveau le stabiliser en gérant son inclinaison. Sinon, je pique directement dans l’eau. Après quelques belles gamelles et de très nombreux essais, j’ai réussi à voler, à planer pour la première fois debout. J’ai senti une légèreté et une sensation de bien-être. Si agréable que je me suis jeté à l’eau…


💡Le conseil de Thomas : “Je recommande vivement la combinaison pour ne pas avoir froid”.

3ème séance : glisser sur l’eau avec une voile.Lors de cette troisième séance, j’ai ajouté la wing (l’aile) en étant sur l’eau pour la première fois, mais sur un paddle. Il permet davantage de stabilité car il n’y a pas de foil. J’ai pu prendre mes marques sur le changement de direction et la maîtrise de la voile en mer.

4ème séance : la wing et le foil réunis.Enfin, pour la dernière séance, je pars en mer avec la wing et le foil. Le but, dans un premier temps, est de maîtriser la navigation pour ensuite tenter de planer. Cette deuxième phase a mis plus de temps à arriver. Mais à force de répétition, je me suis senti de plus en plus à l’aise. Je remontais plus facilement. Et pour la première fois, j’ai réussi à me lever en wing foil complet. Mon premier envol en quatre séances. Les sensations sont incroyables et j’ai encore du mal à les décrire.

Thomas fait le bilan de ces quatre premières séances : “au départ, je pensais que j’étais trop mauvais et que je n’y arriverai pas. Dès la session suivante, je voyais les progrès et me sentais de mieux en mieux. Ce que je retiens c’est qu’il s’agit d’une pratique qui demande de la rigueur et du travail et qu’elle est plus accessible qu’il n’y paraît.

Quel matériel pour le wing foil : débutant·e à experimenté·e ?

Quelle planche choisir ? Quelle surface pour la wing ? Grégoire nous explique le matériel le mieux adapté au niveau des pratiquant·es et à leur morphologie. Sortez vos stylos.

La planche : On choisit sa planche en fonction d'un volume (duquel la planche va se retrouver immergée dans l'eau). Les planches allongées (moins larges et plus longues) vont faciliter la glisse.
• Si vous êtes novice en glisse, vous pouvez prendre une planche de 40 à 50 litres en plus de votre poids (pour quelqu'un·e de 70 kilos, votre planche est d'environ 110/120 litres). Elle sera très stable sur l'eau mais vous serez vite limité·e lorsque vous voudrez voler.
• Si vous débutez le wing foil et que vous avez de la stabilité ou que vous pratiquez déjà un sport de glisse, vous prenez votre poids et vous y ajoutez 20 à 30 litres (par exemple : 100 litres pour une personne de 70 kilos). La planche vous permettra de débuter et de vous suivre dans votre progression.
• Si vous êtes déjà expert·e, vous cherchez à avoir moins de volume : ainsi vous aurez besoin de plus de vent pour naviguer et vous aurez beaucoup moins de stabilité.

La voile : on choisit sa voile selon le vent et son poids. Plus l'aile est petite, moins elle touche l'eau. Il vaut mieux avoir de la puissance pour débuter. Voici un exemple, avec des conditions de vent entre 15 et 20 nœuds :
• si vous pesez 60 kilos et moins, vous pouvez prendre une aile de 4m2,
• si vous pesez 70 kilos et plus, vous pouvez opter pour une aile de 5m2,
• si vous pesez 90 kilos et plus, la voile de 6m2 sera la mieux adaptée.

Le foil : c'est l'élément le plus important et le plus complet car il va donner le comportement de glisse et de vol. Il est découpé en deux parties, le mât (en aluminium ou en carbone) et les ailes (en fibre de verre ou de carbone). "Il faut voir le foil comme un avion, suggère Grégoire. À une vitesse donnée, l’énergie que tu mets dans l'avancement va créer de la portance et permettre de s’élever. Plus le foil est épais, moins on a besoin de vitesse pour créer de la portance et du tangage (mouvement avant et arrière de la planche). Les ailes avant permettent la portance (le vol), les ailes arrière donnent le comportement du foil : la stabilité avec le roulis (oscillations latérales) et permettent de tourner plus ou moins facilement. L'ensemble donne la direction. On compare les foils selon leur surface en cm2. Pour débuter, on recommande des surfaces de foil d'environ 1500cm2 ou plus selon votre poids. Enfin, plus votre foil est ramassé et petit, plus il nécessitera de vitesse pour voler et sera "joueur" donc vif mais moins stable."
• Si vous voulez un foil pour aller jouer dans les vagues, plus technique et joueur, optez pour des petites stabilités arrières. Le foil est alors plus “ramassé”.
• Si vous cherchez à faire du freeride et vous balader, optez pour un foil avec plus de stabilité et de confort en navigation. Il doit être plus large pour bien glisser.

Le wing foil a décidément quelque chose de magique. Merci à Grégoire et Thomas pour leurs conseils. J'ai comme une envie de prendre mon envol, pas vous ?

Le wing foil ou l’art de voler sur l’eau : comment débuter ?

Henri

REDACTEUR CONSEILSPORT

Grand pratiquant de sports de raquettes en tout genre : tennis, badminton, padel. Fan de hockey-sur-glace et amateur d'horlogerie.