Suivez le récit de Marion sur l'un des plus grands chemins de randonnée du monde. La traversée de la Nouvelle-Zélande du Nord au Sud sur 3000km.
Te Araroa qui veut dire “le long chemin” en Maori est l’un des plus grands chemins de randonnée au monde. Long de 3000km et traversant les deux îles de la Nouvelle Zélande du Nord au Sud, il offre des paysages variés et peut mettre à l’épreuve même le plus aguerri des trekkeurs!
Mer, montagnes, forêts, une multitude de rivières à traverser, une faune et une flore locale exotiques, de belles rencontres et un peu de “trail magic” caractérisent cette aventure.
C’est probablement le trek idéal pour tous les fans du Seigneur des anneaux.
Durée
140 jours
Distance
3 000 km
Dénivelé
80 000 m de D+
Difficulté
Expert
Autonomie
Complète
Meilleure période pour faire ce trek
Idéalement départ en novembre pour le sens Nord-Sud
1. Île du Nord (de Cape Reinga à Wellington)
2. Île du Sud (de Ship Cove à Bluff)
Après des mois de préparation, de choix bien réfléchis pour chacun des éléments qui composent mon sac à dos, me voilà à Cape Reinga, tout au nord de la Nouvelle Zélande, prête à entamer mon premier “thru-hike”.
Les débuts sont difficiles avec 100km de plage où l’on ne voit pas le paysage défiler, il y fait très chaud (avec le trou de la couche d’ozone, ici le “7 minutes sunburn” n’est pas juste un mythe), le sac me pèse et les premières ampoules apparaissent.. qui aurait cru que marcher était si difficile ?
Je dirais qu’il a fallu un peu plus de 2 semaines pour que mon corps s’adapte à ces nouvelles conditions et que je trouve une certaine routine dans mon organisation, c’est à ce moment là que la belle partie de l’aventure a commencé !
J’avance avec une moyenne de 25km par jour, cela semble peu et pourtant chaque journée le paysage change radicalement, un jour sur la plage, le lendemain dans les montagnes pour ensuite se retrouver dans des forêts où j’avance à moins d’1km/h car j’ai de la boue jusqu’aux genoux (j’aimerais que ce soit une exagération due à mes origines Marseillaises mais c’est véridique!).
J’ai été bluffée plus d’une fois par la beauté incroyable et sans égale de la nature, notamment lors de la traversée du volcan du Tongariro, encore actif ou encore lors de la descente sur plus de 100km de la rivière Whanganui en canoë (offrant au passage 5 jours de repos pour les jambes).
L'île du nord m’a offert ce qui reste encore aujourd’hui l’épreuve en nature la plus difficile que j’ai vécue: la traversée des Tararuas, une section montagneuse se situant juste au nord de Wellington. Un temps pluvieux et brumeux en quasi permanence, de gros dénivelés au quotidien, des forêts où la végétation tropicale a repris tous ses droits, des passages de crête avec une visibilité réduite à moins de 20 mètres et des rafales de vent capables de vous plaquer au sol… c’était rude et je n’ai jamais eu aussi peur en randonnée (peur de me blesser, de me perdre, de chuter).
Suite à cet épisode, j’ai ressenti l’arrivée à Wellington (qui marque la fin de l’île du nord) comme un réel soulagement: je l’ai fait !
Quelques jours de pause et de préparation logistique (changement de matos, ravito, préparation de l’itinéraire) et je pourrai entamer les “petits” 1310 km restants.
Après l’échauffement, voici la partie sérieuse qui commence : l’île du sud.
Bien plus sauvage et montagneuse, la majeure partie du dénivelé du trek s’y trouve. Peu de villes ou de routes au programme, si bien qu’il a fallu anticiper le ravitaillement en envoyant des boites avec le ravito depuis Wellington vers des refuges de gardes de montagne.
Dès la descente du bateau, tout est différent, j’ai l’impression d’avoir changé de pays, la végétation est plus tropicale, plus dense, même les animaux sont différents. Le décor est digne de Jurassic Park, je me sens toute petite dans cet environnement mais heureuse d’être à ma place dans cette si belle nature.
Même si mon corps s’est habitué au sac et aux longues journées de marche, je dois reconnaître que l’attaque de cette nouvelle section apporte son lot d’épreuves : 10 jours d’autonomie complète sur le dos et autour des 2000 mètres de D+ chaque jour. En plus c’est canicule et la température ne descend pas en dessous des 30 degrés. Entre les montées et la chaleur, moi, que mes amis désignent habituellement comme “le chameau” je me retrouve à boire jusqu’à 6 litres d’eau par jour! (à croire qu’il fallait que l’eau soit rare pour que je commence à avoir soif). Exposée de cette façon, ça paraît pénible et pourtant quel bonheur! J’ai l’impression d’enfin découvrir l’aventure, la vraie!
Je ne saurai dire combien de sommets j’ai passé mais globalement le profil de l’île du sud se caractérise par 2-3 jours de passage d’un mont puis une journée de traversée de vallée et ce sur plus de 1000km.
Quelque chose qui m’a marqué sur cette partie de l'itinéraire, ce sont les traversées de rivières. Je dois admettre que je ne m’étais jamais demandé comment traverser un cours d’eau lors de mes randonnées en France puisqu’il y a presque systématiquement toujours un pont lorsque cela se présente contrairement à la Nouvelle Zélande. Pour la première fois de ma vie je mesure la puissance et les risques liés aux rivières! Il m’est même arrivé de camper plusieurs jours devant l’une d’entre elles car impossible de la traverser tant la crue était importante.
Lorsque j’arrive à Bluff, le point d’arrivée du trek, je ne réalise pas vraiment que ça fait 140 jours que je marche, que j’ai 3000km de plus au compteur, et toutes les épreuves parcourues me semblent à la fois lointaines et faciles.
Ce genre d’aventure modifie profondément votre façon d’être et de voir les choses, et au-delà de l’expérience à raconter, j’aime ce que j’y ai trouvé: des amitiés, du partage, du dépassement personnel, une reconnexion profonde à la nature, de la simplicité… à quand la prochaine ?
Coup de cœur pour le Weka, un oiseau à mi chemin entre le kiwi et le canard, qui à défaut de voler dans les airs, se sera enfui quelque fois avec des affaires de trek (chaussettes, lunettes, poubelle etc…), heureusement qu’il est mignon !
Une nuit dans un refuge, une souris a volé ma spork… j’ai mangé avec les mains pendant presque 10 jours, le temps de recroiser une ville. Ça m’a servi de leçon: il faut TOUT ranger avant de se coucher!
Ne partez pas sans bâtons ! Ne serait-ce que pour traverser les rivières en sécurité.
Les rencontres ! J’ai réellement découvert ce que le “trail magic” était et il prend des formes diverses et variées: qu’on vous offre de l’eau, un abri lorsqu’il pleut, des tim tams, ou simplement un moment de partage, autant d’évènements qui viennent balayer en un instant le côté parfois rigoureux et pénible d’un si long trek.
Le PLB (personal locator beacon ou “balise de détresse”) - c’est certes un peu onéreux mais s'il doit servir c’est que c’est littéralement une question de vie ou de mort.