Emmanuelle : Ça y est, c’est le grand départ.
On a repéré la veille le point de mise à l’eau. Il faut porter les planches dans l’escalier qui descend du pont canal vers la Loire.
Waouh ! Je vais vraiment faire ça ! Je suis un peu fébrile.
C’est très vite après le départ que je vais prendre ma première leçon de lecture de rivière. Je n’ai pas l’habitude, avec le club Le Grand Huit je pratique le paddle sur une rivière canalisée, pas de rapides, pas de hauts fonds et pas d’obstacles à part une grosse péniche de temps à autre et ça, ça se voit de loin.
Il y a une ile devant nous et des oiseaux sur la gauche. Je choisis les oiseaux, j’ai envie de les voir de plus près. Vous savez quoi ? En général les oiseaux sont là où ils ont pied. Malgré nos petits ailerons souples, ça frotte et nous devons mettre pied à terre ou plutôt dans l’eau et pousser nos planches pour retrouver assez de fond pour pouvoir ramer. Heureusement Jean-Baptiste a fait beaucoup de canoë dans sa jeunesse et la lecture de rivière, il maîtrise. C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Alors il m’apprend à observer l’eau pour deviner une pierre qui affleure, à regarder quelle direction prennent les herbes ou les algues qui flottent. Quand il y a un rapide, c’est sur le triangle où il y a le plus de remous qu’il faut passer car c’est là qu’il y a le plus d’eau. Ça n'empêche pas mon appréhension. Mais si je veux arriver à l’étape ce soir, il faut que je me jette à l'eau, non ?
A Giens, nous pique-niquons au pied du pont avec vue sur le château. A la centrale de Dampierre, il faut mettre pied à terre sur la rive opposée à la centrale pour passer le barrage. Ce sont les 2 seules visions de la vie moderne.
Jean-Baptiste : Aux 30 km officiels s’ajoutent les 4 ou 5 km de nos zigzags pour trouver les courants. Bancs de sable, détours, belles roches, petits rapides, on s’amuse bien sur la Loire !
On n'avait jamais vu un cours d’eau aussi sauvage et désert. Une seule personne croisée de toute la journée, un pêcheur sur un float tube. Aucun bruit de voiture, on entend le vent, les oiseaux, et le clapot de l’eau et de nos pagaies.
Emmanuelle : Notre point d’arrivée se situe 3 km en amont de Sully sur Loire. Reste à trouver l’endroit idéal pour accoster, un compromis entre facilité de débarquer et distance à parcourir pour arriver à notre logement. Ce soir nous dormons en chambre d’hôtes à la ferme des Gorgeats, sur la levée de la Loire. Il y a des animaux en liberté, moutons, chèvres et surtout ce petit cochon noir qui aime discuter avec les invités.