Débrider un vélo électrique : pourquoi ne pas le faire ?

Avant d’aborder la question du débridage, rappelons quelques spécificités du VAE (Vélo à Assistance Électrique). Un VAE est un vélo classique auquel on ajoute un moteur et une batterie. Le moteur, limité à 250 W pour une allure de 25 km/h maximum, assure un soutien au cycliste qui pédale. Sans pédalage, pas d’assistance électrique et au-delà de 25 km/h, il ne s’agit plus d’un VAE mais d'un cyclomoteur.

D’un point de vue réglementaire, puissance du moteur et limitation de vitesse sont entre autres  les spécificités qui distinguent le VAE d’un cyclomoteur. Les cyclomoteurs, comme les speed bikes, scooters 50 cm³, solex et autres mobylettes, sont capables de se déplacer jusqu’à 45 km/h et sont soumis au Code de la route.

Des obligations supplémentaires sont donc applicables aux cyclomoteurs par rapport aux VAE. Par exemple :
👉 l’immatriculation du véhicule,
👉 le port d’un casque adapté,
👉 l’assurance,
👉 le fait de devoir rouler sur la route, avec interdiction d’emprunter les pistes cyclables.

Face à ces règles, on peut avoir envie de cumuler les avantages des 2 types d’engins : circuler à la fois à plus vive allure, tout en conservant l’accès aux voies cyclables.

Maintenant que vous avez bien en tête la différence entre un VAE et un cyclomoteur, on fait le point sur les risques liés au débridage d'un vélo. Pour mieux vous conseiller,  on a en enquêté pour vous auprès d'expert•es (ingénieur vélo, experte en assurance, juriste). Voici les répercussions possibles sur les plans : juridique, garanties, assurance, pièces du vélo, sécurité pour soi-même ou les autres.

Non, débrider un VAE est interdit par la loi. Les articles R.311-1, 6,11 du Code de la route limitent à 25 km/h les vélos électriques. Si le vélo ne correspond pas ou plus à cette définition, il passe automatiquement dans la catégorie des cyclomoteurs et dépend de la réglementation évoquée plus haut avec une loi qui lui est propre. Souvenez-vous, en tant que cyclomoteur, le deux roues doit également être homologué. Il est donc interdit de circuler sur la voie publique avec un vélo débridé.

En cas de contrôle, le Code de la route et son article 317.1 prévoient les sanctions suivantes pour le conducteur du vélo débridé :
1 an d’emprisonnement,
30 000 € d’amende,
Suspension de 3 ans du permis de conduire,
Immobilisation du véhicule jusqu’à sa régularisation.

Pour faire court, des mesures plus que dissuasives.

Si on reprend, un VAE est conçu pour être utilisé dans le cadre de la réglementation qui correspond à ce type de véhicule dont la limitation de vitesse à 25 km/h. Ainsi, pour homologuer les vélos électriques, les constructeurs effectuent un certain nombre de vérifications pour répondre à cette demande précise. Un usage différent peut donc remettre en cause l'homologation de l'engin et peut également avoir une incidence sur la durée de vie du VAE.

👉 Des composants non calibrés pour le débridage
Les composants du vélo, comme les freins, les pneus, les roues sont testées en fonction de paramètres raisonnablement attendus en termes de vitesse. C’est-à-dire selon une utilisation normale. Si dans leur utilisation courante, les variables d’usage sont dépassées (allure plus importante que prévu par exemple), les matériaux employés restent quant à eux sous-dimensionnés pour ce nouvel usage. Concrètement, le système de transmission de freinage d’un vélo électrique ne sera pas suffisant pour un VAE débridé qui roule à 50 km/h ou plus. De même, le cadre d’un VAE n’est pas fait pour résister en cas d’accident à plus grande vitesse.

👉 Usure prématurée du vélo
Il y a aussi la question de l’usure prématurée du matériel. Un VAE débridé subit plus de contraintes qu’un VAE non modifié. La durée de vie des composants du vélo peut être réduite, entraînant de potentielles casses sur le plateau, la chaîne, ou encore la fourche, qui risquent d’arriver précocement.

👉 Perte de la durée d’autonomie et autre ajustement
Il faut également prendre en considération que lorsqu’on multiplie la vitesse du moteur, la batterie a moins d’autonomie et donc se vide plus rapidement. Cela augmente la fréquence des recharges et surtout permet une utilisation moins longue pour chaque sortie. La pression des pneus doit parallèlement être renforcée pour une meilleure adhérence à vive allure.

👉 Verrouillage de la batterie
Sur un VAE, un moteur électrique est aussi un générateur électrique. Face à un moteur qui crée trop de courant, notamment pour les moteurs situés dans la roue, la batterie peut se verrouiller pour se protéger.

💡 le conseil : Comment réinitialiser une batterie de vélo électrique ?
En principe, la batterie peut être déverrouillée manuellement par le propriétaire du vélo.  
Mais dans certaines situations, la batterie se verrouille pour des questions de sécurité sans possibilité d’agir sur elle. Dans ce cas, il sera nécessaire de faire une mise à jour de la batterie… généralement chez le fabricant. Il peut donc être compliqué de justifier ce besoin auprès du vendeur si le vélo a été débridé depuis son achat dans la boutique.

👉 Les conséquences sur les garanties du vélo
En débridant un vélo, la garantie légale inscrite dans le Code de la consommation tombe. En effet, l’article L.217-5 ; 1° prévoit que les produits sont légalement garantis uniquement pour un usage prévisible.
Les vélos n’étant pas conçus pour être débridés, en toute logique, la garantie ne peut s’appliquer sur les défauts résultant d’un débridage. Comme l’usure prématurée du moteur qui vient réduire la durée de vie du vélo. Ou encore des défaillances sur la partie électrique qui seraient dues à une incompatibilité entre un kit de débridage et l’électronique du vélo.
Concernant la garantie commerciale, elle est facultative et chaque marque de vélo peut rédiger la sienne. Certains produits sont donc garantis au-delà du légal. On pense par exemple aux cadres protégés à vie chez certains constructeurs. Mais la transformation du bien en lui-même est généralement exclue de toutes les garanties commerciales, exactement comme pour la garantie légale.

En résumé, les garanties couvrent uniquement les défauts liés à la fabrication ou à la conception d’un produit. Toute modification sur l’objet acheté conduit donc à sortir de ce cadre et il n’est plus envisageable de faire jouer la garantie en cas de casse après avoir débridé son vélo.

En cas d’accident causé par un vélo débridé, le conducteur, même blessé, n’est plus un simple cycliste aux yeux des assureurs. L’assurance responsabilité civile, à laquelle on souscrit généralement avec son assurance habitation, ne suffit plus pour couvrir les dommages. Requalifié en tant que cyclomoteur, une assurance spécifique doit avoir été signée. Le conducteur ne pourra donc recevoir aucune compensation.

Si le conducteur du véhicule débridé n’est pas responsable de l’accident, là encore le débridage peut avoir des conséquences sur l’indemnisation. L’assureur du fautif pourrait faire valoir le fait que la vitesse était trop importante ou que le vélo était débridé, tout ça dans le but de refuser ou de diminuer le dédommagement.

Plus largement, si le conducteur du vélo débridé est responsable de blessures, il encourt des poursuites pénales avec les circonstances aggravantes liées à la vitesse et au débridage. Il devra personnellement indemniser le(s) victimes(s), sans pouvoir compter sur son assurance.

Revendre un vélo débridé risque d’être un sacré défi. Prenons l’exemple de l’atelier de reprise, spécialisé dans la seconde vie chez DECATHLON, le capteur présent sur la roue est systématiquement vérifié. Les équipes s’assurent qu’il est intact et qu’il n’a pas subi de démontage. Elles contrôlent aussi l’absence de matériel ou de kit de débridage sur le capteur de vitesse. La partie électrique est donc testée de A à Z. Et si le produit apparaît comme débridé, il sera dès lors refusé. Le détaillant professionnel a l’obligation de certifier que le VAE est toujours conforme aux normes applicables, avec notamment le bridage à 25 km/h.
Pour la revente entre particuliers, pas sûr que ça soit plus simple. Si l’acheteur découvre après-vente que son vélo électrique est débridé, alors, il peut réclamer l’annulation de la transaction en raison du vice caché. Il pourrait aussi demander une indemnisation pour la perte de l’usage du vélo.

S’il devait y avoir une seule bonne raison de ne pas débrider un VAE, ce devrait être celle-là : le risque d’accident. En vélo débridé — plus imprévisible, difficile à maîtriser et avec un matériel inadapté à l’usage attendu — le risque de se blesser ou une autre personne s'accroît. Bref, on prend soin de soi et de ses semblables.

Vous l'avez compris, débrider un vélo ce n'est pas un acte anodin, réfléchissez bien avant de vous lancer.

Même si nous ne vous recommandons pas de passer à l'action, on a tout de même décidé de vous partager quelques informations techniques pour mieux comprendre comment ça fonctionne.

Débrider un VAE répond toujours au même objectif : modifier les informations communiquées au contrôleur pour lui indiquer une cadence moindre qu’elle ne l’est en réalité. Plus concrètement, la bride peut être altérée de différentes façons sur les moteurs les plus répandus :

1- De manière manuelle en déplaçant l’aimant et le capteur : si les situations de l’aimant et du capteur sont changées, les données transmises au contrôleur seront donc erronées. Si le contrôleur considère que la vitesse est de 12 km/h, alors qu’elle est en fait de 25, il continue de laisser tourner le moteur.

2- Avec un kit de débridage illicite : c’est le même résultat que précédemment, mais sans le démontage de l’aimant et du capteur.
Il s’agit de fixer le kit directement sur le capteur. Il modifie ensuite la réception des informations transmises au contrôleur.
Ou également d’apposer un kit sur le contrôleur. Celui-ci permet de désactiver le système de débridage à tout moment, sans avoir besoin de démonter et remonter le kit.

D’autres encore, recourent à des écrans de contrôle pour remplacer ceux des constructeurs ou même une application sur un smartphone. Finalement, peu importe la méthode, utiliser un vélo débridé sur la voie publique est interdit par la loi, tout comme la commercialisation de kit de débridage. D’ailleurs, un vendeur de kits n’encourt pas moins de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.

Nombreuses sont les questions autour du sujet. Nous avons traités chacune de vos interrogations et intérrogé des expert•es sur le sujet afin dy répondre.

Le bridage d’un vélo électrique repose sur 3 éléments matériels. Sur le plan technique, pour démarrer puis brider l’assistance électrique du moteur quand elle atteint 25 km/h, il faut : un aimant, un capteur et un contrôleur.

Afin de répondre à la législation et limiter la vitesse d’un VAE à 25 km/h, les constructeurs appliquent une bride sur leur moteur. Il s’agit donc d’un programme informatique qui maintient le moteur à la vitesse attendue.

Sur de nombreux modèles électriques, un aimant disposé sur un rayon de la roue arrière communique les données à un capteur placé juste en face, sur la base du vélo. Ce capteur est relié au contrôleur, qui lui est situé directement dans le moteur ou proche de la batterie. C’est en fait le contrôleur, en fonction des informations transmises par le capteur, qui se charge de limiter la vitesse si nécessaire, donc de brider le moteur quand les 25 km/h sont atteints.

On l’a vu, pour avoir des données sur la vitesse du VAE, il est indispensable d’avoir un capteur. Il se situe généralement sur la roue arrière, car elle est fixe. Cet endroit est plus accessible et simplifie les contraintes techniques. Imaginez, la roue avant est manœuvrable et ce paramètre impliquerait donc de passer le câble du capteur par la fourche. Bref, pas très pratique.

C’est un VAE dont on a supprimé la bride constructeur, et qui peut rouler entre 40 et 50 km/h en moyenne, parfois même plus. En effectuant cette manipulation, le vélo devient un cyclomoteur « non réceptionné », ou non homologué si vous préférez. Cela signifie que le véhicule peut être employé uniquement sur un terrain privé clôturé. Usage extrêmement limité donc, voire pas très utile.

Pour augmenter la vitesse d’un vélo électrique, le débridage n’est donc pas la solution au regard de toutes les conséquences évoquées précédemment.

Saisissez l’opportunité de réaliser un peu plus de sport. Pourquoi ne pas pédaler plus fort et en profiter pour faire travailler vos quadriceps ? Plus les jambes sont puissantes, plus on va vite, même sans l’assistance ! En pédalant dans les descentes, sûr que votre VAE se déplacera au-delà des 25 km/h. 😀

Vos trajets sont essentiellement sur route départementale ou sur de longs trajets ? Peut-être que la solution pourrait être de passer à un autre type de véhicule.

Finalement, vouloir augmenter la vitesse d’un VAE nécessite de se poser la question de l’usage. Il est peut-être temps de réévaluer votre besoin, voir si celui-ci a évolué depuis l’acquisition de votre VAE. Pour ça, on vous aide. Demandez-vous à quoi ressemblent vos trajets quotidiens :
👉 Sont-ils en ville pour la plupart ?
👉 Ont-ils une distance inférieure à 10 km ?

Si vous répondez par ”Oui" alors la meilleure option est sûrement un VAE. Sinon, envisagez l’achat d’un speed bike, speed-pedelec, ou autres cyclomoteurs si vous ne souhaitez pas pédaler du tout.