JK Rowling a inventé le quidditch… Enki Bilal, le chessboxing. Le but ? Mêler boxe et échecs, tout simplement.
C’est en 1992, dans Froid Equateur, le dernier tome de la trilogie Nikopol, aux éditions Casterman qu’Enki Bilal imagine un sport qui mêlerait force physique et mentale. Le résultat, c’est le chessboxing, une alternance de rounds de boxe et d’échecs.
Dans une l’émission popopop de France Inter (celle du 4 novembre 2019), Enki Bilal raconte : “j’étais en train de faire le portrait d’une société obsédée par la performance, avec une échelle de valeurs, un peu comme une échelle de Richter.
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Je me suis demandé ce qui pourrait être l’excellence même. Pour l’intelligence, les échecs et pour le sport, la boxe. Et c’est parti comme ça… J’ai utilisé cette idée juste ce qu’il fallait dans la narration, car c’était ça le but, pas imaginer un sport.
J’ai vu plus tard des images de biathlon et c’était intéressant de constater que c’était la même logique… l’alliance du physique et de la concentration.”
En 2012, vingt ans après être sorti de l’imagination de Enki Bilal, un tournoi inédit se jouait au Royal Albert Hall. Des compétiteurs issus des salles de marché s’affrontaient au chessboxing.
On peut y voir une autre manière de gérer des efforts contradictoires inhérents au métier de trader : garder la tête froide et la capacité de calcul, quand la tension est à son comble (si les valeurs s’effondrent ou en cas de crise mondiale).
Au chessboxing, il faut faire preuve de stratégie. On peut mettre la pression sur ses adversaires et essayer de parer les coups à la boxe. Ou alors multiplier les attaques à la boxe afin d’épuiser l’adversaire pour le perturber mentalement. En bref, le compétiteur prend des coups et le meilleur moyen de s’en sortir, c’est de réfléchir.
Cet exercice illustre le fait que les sportifs se servent autant de leur cerveau que de leurs muscles. Ils ont même des capacités cognitives souvent au-dessus de la moyenne remarquent certains chercheurs.
On commence par les échecs ! Une partie rapide (3 minutes en “blitz”). Si la partie n’est pas terminée, les adversaires enchaînent sur la boxe, pendant 3 minutes. Et ainsi de suite… jusqu’à maximum 11 rounds (6 d’échecs et 5 de boxe). Côté équipement, les chessboxeurs (on trouve peu de traces de chessboxeuses) sont torses nus et portent un casque anti-bruits pendant les parties d’échecs.
L’ensemble ressemble plus à une performance artistique : ce n’est pas pour rien si le premier championnat de chessboxing en France s’est déroulé au Cabaret Sauvage de Paris. Et si la toute première manifestation de ce sport était l’œuvre du performeur artistique hollandais Iepe Rubingh
Ils sont 3500 licenciés aujourd’hui dans le monde. Et les prochains championnats du monde auront lieu en Turquie en décembre 2019.
“Aujourd’hui, on est en train de créer le sport la fédération… Mais après ? Il est complètement envisageable d’imaginer un jour que le chessboxing soit un sport olympique… explique Guillaume Salançon, le président de la fédération en France. Alors, bien sûr, ce serait un travail de titan, mais pourquoi pas ?”