Aujourd'hui, nous partageons l'interview de Jérôme Bonnevaux, un passionné de chasse au gibier d'eau. A travers ses réponses, il nous donne des conseils pour l'éducation et le dressage d'un chien retriever.
Je m'appelle Jérôme, j'ai 36 ans et je suis originaire de Lorraine. Je vais à la chasse depuis que je suis tout petit. J’ai accompagné de nombreuses années mon grand-père qui chassait le grand gibier. J’ai passé mon permis dès que j’ai pu et j’ai commencé à chasser seul à 17 ans. A 24 ans, je suis devenu président de la société de chasse “La Palombe” à Bazoilles-sur-Meuse. Nous gérons 7 km de chasse sur les berges de la Meuse, la rivière qui coule dans la région.
J’aime de nombreuses chasses. Je pratique la battue aux grands gibiers ainsi que l’approche sur sangliers et sur brocards. Je chasse aussi beaucoup le petit gibier : perdrix, lapin, lièvre, palombe, en Picardie et dans les Landes. Concernant le gibier d’eau, je suis passionné par les canards, et je chasse principalement les colverts et les sarcelles.
Oui tout à fait. Je suis l’heureux propriétaire d’une femelle Labrador qui répond au nom de Isie. Elle est de couleur chocolat et est âgée de 6 ans. Je l’ai eu à l’âge de 4 mois. Elle vit avec nous à la maison et je passe énormément de temps avec elle.
Depuis qu’elle est petite, j’essaye de la prendre avec moi que ce soit pour des promenades, des courses ou pour mes activités professionnelles. Je pense que cela participe à développer la complicité, qui pour moi est primordiale entre le chasseur et son chien.
Pour le rapport en général, j’ai commencé à travailler sous forme de jeux avec Isie assez tôt. On s’amuse avec une balle, on commence à lui donner des ordres, tout en employant toujours les mêmes mots. Vers 5 ou 6 mois, je commence à travailler le rapport à proprement parlé. J'essaye de capter son attention, je lui lance un objet et je commande “Va chercher !”. Quand elle arrive à proximité, je commande “rapporte !”. Puis, quand elle revient vers moi et qu’elle est à quelques mètres, je commande “donne !”.
Comme je l’ai déjà dit, il faut toujours utiliser les mêmes termes. Je récompense toujours avec une croquette et une caresse. En avançant dans le dressage, je supprime la croquette et donne des caresses en la félicitant. Il est aussi important de faire des séances assez courtes : avec mon expérience, j'ai pu constater qu'il ne faut pas dépasser 30 minutes d'exercice, et, surtout, toujours arrêter sur une bonne note (comme une action bien réalisée). En fait, il faut toujours arrêter sur une victoire.
A mon sens, la première erreur qui me vient à l’esprit est d’avancer vers le chien lorsqu'il rapporte. C’est au chien de venir à nous et pas le contraire. Il est très important au début de faire attention à cette notion. Ensuite, il ne faut jamais oublier la récompense. Il est primordial à chaque fois de féliciter l'animal d'une quelconque façon que ce soit.
La plus grosse erreur est de prendre un gibier sans rien dire au chien. Enfin, je dirais qu’il faut faire attention au temps passé à exercer son auxiliaire : c’est très long pour un jeune chien de rester concentré plus d'une demi heure environ.
Je vais évidemment répondre le labrador et le golden retriever car ce sont des races qui ont un poil ras, des pattes “palmées” et une queue qui leur sert de gouvernail. Ce sont aussi des chiens puissants qui sont bien adaptés à la nage en hiver dans des rivières avec du débit. Je vais quand même aussi vous citer une race que nous utilisons beaucoup dans l’Est, le Wachtelhund.
Lors d’une sortie sur les bords de Meuse, je tire deux canards : j’en vois un tomber et je commande Isie. Elle ne prend pas la direction dans laquelle j’ai vu chuter l’oiseau. Elle cherche et je vois au bout de quelques minutes un canard désailé prendre le courant. Isie fait demi-tour, prend la direction du premier colvert que j’ai vu chuter, le trouve et me le rapporte. Je me souviens encore lui dire : “allez on va trouver le second !”. La chienne prend alors la direction de l’aval. Elle cherche sur les berges, nage, rien.. pas de canard à l’horizon. Au bout d’une quinzaine de minutes, j'aperçois Isie au milieu d’un coulant, d'une profondeur de 50 cm environ.
La chienne est arrêtée. Elle plonge une première fois la tête sous l’eau, puis une seconde, une troisième.. je regarde, je me demande ce qu’elle fait. Sa quatrième tentative est la bonne : elle replonge sa tête sous l’eau et me ressort le canard que nous cherchions depuis un quart d’heure. A ce moment là, j’étais un maître heureux, fier de ma chienne.
Oui. Pour ceux qui, comme moi chassent sur des rivières, je préconise de ne pas mettre de collier au chien. En effet, en hiver notamment, avec du courant fort, le chien peut dévaler et se coincer dans des branches. Sans collier, on limite les risques.
Jérôme, merci pour le temps que tu nous a consacré. Nous te remercions pour tous les conseils donnés. Bonne saison à toi et à Isie !
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