Se mettre au sport quand on souffre d'obésité, ce n'est pas ce qu’il y a de plus simple. On craint le regard des autres, on ne sait quel sport choisir, comment se faire accompagner...
Découvrez les conseils de Sébastien, touché par l'obésité, et de professionnels de la santé.
L'obésité est encore trop souvent incomprise ou mal perçue. Beaucoup peuvent penser que c'est nécessairement un problème de comportement alimentaire mais cela va bien au-delà. Pour vaincre ces a priori et vous donner les conseils adaptés, nous sommes partis à la rencontre de personnes concernées et expertes dans le sujet. Découvrez le témoignage de Sébastien, à la joie de vivre exemplaire, et des professionnels de l'activité physique adaptée qui l'accompagnent.
Découvrez les sourires de Sébastien, Maxime, Mélanie, Marie, Julie et Jad en images, à travers notre reportage vidéo.
Sébastien l'a bien dit, son sourire, il ne l'a pas lâché tout le long de notre rencontre au centre sport santé Mybodynov de Montpellier. Il tenait à faire passer les bons messages et à conseiller les personnes qui vivent la même situation.
Montrer que c'est possible, avec du courage oui, mais beaucoup de plaisir et de belles rencontres.
Avant de vous partager la suite de son témoignage intéressons-nous au cœur du sujet, l'obésité, qu'est-ce que c'est ?
Marie Collignon, kinésithérapeute spécialisée dans la prise en charge des personnes en obésité, avant ou après une chirurgie, nous répond.
Marie : "L’obésité, c’est une maladie chronique métabolique qui touche 17% de la population française. Chez ces personnnes, on retrouve une accumulation de graisse au niveau du corps qui est anormale."
Selon l’étude ObÉpi-Roche menée par la ligue contre l’obésité, en 2020, 17% de la population française des plus de 18 ans souffre de l’obésité et plus de la moitié de la population en France souffre de surpoids ou d’obésité.
Autrement dit, presque 8,5 millions de personnes sont concernées par l’obésité et aujourd’hui la prise en charge n’est pas suffisante pour cette pathologie et le regard encore trop discriminant. L’obésité n’est toujours pas reconnue comme une affection de longue durée au même titre que le diabète ou les pathologies cardio-vasculaires.
Marie : "Il y a le barème de l’IMC : le poids divisé par la taille au carré, c’est ce chiffre qui va indiquer si la personne est en surpoids ou en obésité.
La limite est à 25, jusqu’à 25 on est en IMC normale, au delà de 25 on entre en surpoids et ensuite à partir de 30 on est en obésité.
Il y a plusieurs grades d’obésité, 1, 2 et 3. Le grade 3 correspond à l’obésité morbide, à partir d’un IMC à 40, avec des comorbidités. Les comorbidités, ça peut être des problèmes ostéo articulaires (des douleurs au niveau des articulations), au niveau des muscles, des problèmes d'arthrose, de diabète, d’apnée du sommeil..."
Marie : "Ce n’est pas la faute des personnes obèses si elles souffrent de la maladie. Certes, il y a souvent un problème alimentaire, mais il y a surtout un passif de la personne, au niveau social, culturel, mais aussi des soucis métaboliques ou psychologiques. Et ça malheureusement, ce n’est que du médical, il faut traiter ces problèmes là pour pouvoir entamer une perte de poids efficace."
Marie : "Si une personne se sent essoufflée, si elle a des douleurs, je l’encourage à en parler à un professionnel de santé.
Il faut se sentir bien dans son corps, l'idée de se mettre à une activité physique doit venir de la personne, on ne peut pas forcer quelqu’un à entamer un processus de perte de poids, à commencer une activité physique. C’est aussi à nous d’en parler dans les cabinets. De plus en plus de professionnels commencent à être formés aux problèmes de surpoids et d’obésité. Donc au moindre signe, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin, à son kiné.
Après une période de réadaptation physique et après avis de professionnels médicaux et de bilans complets, un autre type d’activité physique pourra être proposé à une plus haute fréquence cardiaque.
Marie : "On peut sortir de l’obésité sans opération, mais c’est une maladie chronique, donc sur le long terme. Il faut être conscient qu’il faudra maintenir une activité physique régulière. On peut en sortir sans passer par la chirurgie, après, le traitement chirurgical reste le seul traitement vraiment très efficace contre de l'obésité morbide. Les patient⸱es sont éligibles à la chirurgie à partir d’un IMC à 40 (obésité morbide) ou à 35 avec des comorbidités."
Marie : "Le but d’un kinésithérapeute, ça va être de prendre en charge la personne obèse dans sa globalité, de traiter principalement les douleurs et les dysfonctions. Quand on est en surcharge pondérale, des modifications de posture s’établissent quand on perd beaucoup de poids.
Les changements au niveau de la posture entraînent des douleurs qui n’étaient pas forcément là avant. Nous sommes aussi là pour accompagner la personne s’il y a des questions, des peurs, tout au long de son parcours."
Marie : "Au début je prends en charge les patients pour 20 ou 30 séances de kinésithérapie, ensuite je les envoie vers des enseignant⸱es en activité physique adaptée dans des centres comme Mybodynov.
Au début de la perte de poids il y a beaucoup de douleurs qui s’installent - principalement au niveau du dos, des genoux, des chevilles et des hanches - et l’objectif, c’est de traiter ces douleurs pour qu’ensuite le ou la patient⸱e puisse reprendre une activité physique et non "sportive", en toute sérénité. Qu’il ou elle puisse voir les mouvements à faire ou à ne pas faire, les mouvements qui vont lui faire mal, les mouvements à faire si jamais il y a une douleur qui apparaît ou pas... Le but est que la personne souffrant d'obésité soit maîtresse de son corps et qu’elle puisse gérer ses douleurs."
C'est au centre Mybodynov de Montpellier que Sébastien à commencé son parcours. Maxime, le responsable, nous le présente ce centre sport-santé.
Maxime : "Mybodynov est un centre spécialisé sport santé et mieux-être sur Montpellier où nous prenons en charge sur prescription médicale des patient⸱es atteint⸱es de maladies chroniques pour faire de l'activité physique adaptée. Des personnes souffrant de diabète, cancer, obésité, ou d’autres pathologies qui nécessitent une prise en charge spécifique.
Pour les accompagner, on a trois enseignant⸱es APA (activité physique adaptée), et une socio esthéticienne.
Au centre, la pratique de l'activité physique adaptée se fait sur plusieurs espaces : salle de stretching, étirement, travail au sol, une partie avec les machines et un espace de balnéothérapie.
Il y aussi une partie bilan. On prend charge les patient⸱es pour effectuer des tests de condition physique qui seront envoyés au médecin prescripteur pour qu’il puisse suivre leur patient : balance à impédancemétrie*, test de condition physique, une anamnèse... Et ça de manière régulière, tout au long de l’année pour qu’il y ait un réel suivi optimal entre le patient, le médecin prescripteur et Mybodynov.
Les patient⸱es sont en permanence accompagné⸱es d'un⸱e enseignant⸱e APA avec le matériel adapté. L'objectif d'un centre comme Mybodynov et de permettre d’améliorer la qualité de vie des patients."
*La Balance à impédancemétrie différencie les masses corporelles : musculaire, maigre et grasse. Elle va permettre de mesurer l'évolution.
D’autres centres privés comme celui-ci existent ailleurs en France mais aussi des “maisons sport-santé”, labellisées par le ministère chargé des Sports.
Retrouvez la maison sport-santé la plus proche de chez vous sur le site du gouvernement.
Sébastien : "Faire des petits gestes tout simples, me baisser pour faire mes lacets à 171 kilos c’était inimaginable. Aller faire du vélo avec mes neveux, mes nièces, des amis, porter ses courses… Avant, je me disais que je ne pourrai jamais le faire. Maintenant j’y arrive, je revis !”
Qui de mieux que des enseignant⸱es en activité physique adaptée pour nous informer davantage sur le sujet ? Julie et Jad, tous deux travaillant au centre sport santé Mybodynov répondent à nos questions.
Julie Poutissou est enseignante en activité physique adaptée et maître nageur, ce qui lui permet d'accompagner les patient⸱es en séance de balnéothérapie. Elle a travaillé dans des cliniques intégrées de l’obésité avec une prise en charge en éducation thérapeutique.
Jad Noureldine est lui aussi enseignant en activité physique adaptée. De par son master, il s'est spécialisé dans l’obésité et la chirurgie. Il a travaillé avec des personnes en situation d'obésité dans des structures spécialisées.
Julie : "L'APA, c’est avant tout de la prévention pour limiter la sédentarité et améliorer la qualité de vie de la personne en situation d’obésité."
Jad : "C’est aussi être à l’écoute. Les personnes qui viennent au centre ou qui n’ont jamais fait d’activité physique ont beaucoup d'appréhension. On y va progressivement, en douceur, pour adapter l'activité physique au quotidien."
Julie : "Le sport adapté c’est essentiellement pour les personnes déficientes intellectuelles, il y a aussi le côté compétition, c’est plus fédéral."
Jad : "Alors que l’activité physique adaptée, ça peut être dans la vie de tous les jours, se déplacer à vélo, nager, marcher, c’est différent du “sport” avec un club, des règles, etc."
Julie : "Dans un premier temps on leur propose un bilan, on discute avec elles de leurs douleurs, leur problématique et on leur fait faire des tests de condition physique pour voir où elles en sont.
Après on fonctionne sur leur ressenti, on va essayer de faire un mix entre ce dont elles ont envie, leurs besoins, et nous ce qu’on estime à travers les tests de condition physique."
Jad : “La beauté du métier c'est aussi quand les patient⸱es nous partagent leurs victoires du quotidien : une personne qui va pouvoir aller marcher avec ses petits enfants, lacer ses chaussures, monter les escaliers sans être essoufflée... C’est formidable de les voir s’épanouir plus dans leur vie de tous les jours. On se sent utiles."
Julie : "C’est aussi la personne qui a mis très longtemps à franchir le pas de la porte et qui après quelques semaines est demandeuse et prend plaisir. Je rajouterais même que ce sont souvent des personnes isolées socialement, seules, et d’être entourées d’autres personnes, on les voit s’ouvrir, communiquer et ça aussi c’est vraiment intéressant."
Jad : "On a mis en place une routine pour que les patient⸱es aient des habitudes de mise en route avec de l’activation musculaire, articulaire et du travail cardio-respiratoire avec les machines : tapis, vélo ou vélo elliptique.
À partir de là, la séance peut se diviser en plusieurs parties :
- La partie cardio, centrale pour la prise en charge d’une personne en situation d’obésité ou de surpoids. Dans le sens où elle permet de dépenser des calories, même si on n’aime pas trop ce terme, mais c’est ce qui est nécessaire. On peut adapter la partie cardio sur le temps de travail, l’intensité et le rythme.
- La partie renforcement musculaire, très importante aussi. Elle fait partie de la continuité de la dépense énergétique, souvent connotée comme une prise de masse, prise de volume alors qu’en fait pas du tout. On travaille de façon à ce que la personne puisse travailler en endurance et en force et pas en volume musculaire.
Là encore, on adapte les exercices, par exemple pour le gainage, au lieu de le faire au sol, sur les genoux, on va le faire sur un tapis surélevé pour les genoux, et les coudes viennent s’appuyer sur une chaise. Les machines aussi sont adaptées aux personnes en situation d’obésité.
- On travaille aussi l’équilibre et la proprioception, notamment des chevilles, genoux et hanches, très importants à solidifier pour la vie de tous les jours."
Julie : "L’intérêt de la balnéothérapie dans un premier temps c’est d’alléger le poids du corps, on a moins de douleurs articulaires, selon les exercices on peut retrouver une aisance corporelle qu’on n’a pas au sol.
On travaille beaucoup avec résistance, on est à la fois sur du renforcement musculaire sur des grandes amplitudes mais aussi sur du cardio respiratoire avec des plus petites amplitudes en accélérant le mouvement et le ressenti est assez agréable. C’est vraiment complémentaire aux exercices en salle."
Sébastien : "Il y a 5 ans, j’ai pris rendez-vous avec un docteur spécialisé pour entamer le parcours de l’opération de la sleeve pour aller mieux. Je l’ai rencontré et il m’a orienté vers le centre Mybodynov. Il m’a dit qu’il fallait commencer par la salle pour me remettre au sport et être apte à faire l’opération.
J’ai commencé il y a un an à 171 kilos, je n’ai finalement pas fait l’opération mais je continue la salle de sport à fond, et aujourd'hui je suis à 26 kilos de perdus sans me faire opérer, grâce au sport et à une alimentation saine.
Ce qui nous aide aussi c’est qu’on a des ceintures de maintien abdominal Bodynov sur mesure, à mettre sous nos vêtements. Ça nous permet de faire du sport plus facilement, de nous maintenir le dos et au niveau de la ceinture abdominale."
Sébastien : "Au début on est accompagné pour les échauffements mais petit à petit on devient de plus en plus autonome sur ses exercices.
L'exercice que je préfère c’est le vélo et depuis peu, j’ai vu que j’arrivais à faire du tapis. Ma fierté dernièrement, c'est de réussir à faire du vélo elliptique, je pensais pas pouvoir y arriver !
À la fin d'une séance je me sens en forme. Bien plus qu’en arrivant !
Je ne pourrais plus m’en passer aujourd’hui, ça m’aide vraiment de venir à la salle et quand je ne peux pas j’essaye de bouger le plus possible chez moi, je sors pour une marche, je ne lâche pas."
Sébastien : "On est là pour faire de mieux en mieux et pour notre santé surtout ! Et ça marche ! 3 à 4 fois par semaine, on n’abandonne pas, on ne baisse surtout pas les bras. Même si des fois c’est dur, on se donne un coup de pied aux fesses et on y va ! Et puis quand on arrive ici, on a une bonne équipe et de bons adhérents, on se motive tous entre nous ! La salle m’a redonné confiance et ça, ça motive.
Il faut se faire bien conseiller par un⸱e chirurgien⸱ne, par un médecin traitant, un endocrinologue, un⸱e psychologue, un⸱e kinésithérapeute, un diététicien⸱ne… Ne pas hésiter à en parler, c’est une maladie encore peu reconnue malheureusement.”
Saviez-vous qu'un organisme comme la Ligue contre l'obésité existait ?
On a rencontré Mélanie, secrétaire générale de la Ligue contre l'obésité, en partenariat avec le centre Mybodynov. Elle nous en dit un peu plus sur cette association et l'obésité en France.
Mélanie : "La ligue contre l'obésité est une association créée en 2014 qui regroupe tous les acteurs de la prise en charge de l’obésité, c'est-à-dire des patient⸱es, des associations de patients, des professionnels de santé ou des entreprises impliquées dans la prise en charge de l’obésité.
L’objectif de cette association est de changer le regard sur la maladie. On pense souvent que les personnes sont obèses parce qu’elles mangent trop ou qu’elles ne font pas assez d’activité physique, alors qu’il y a beaucoup d’autres causes, et donc une prise en charge beaucoup plus complexe à mettre en place.
La ligue contre l’obésité est également là pour former les professionnels de santé pour accompagner les associations de patients, pour faire de la prévention et informer des réelles causes.L’association a créé Obé Santé, le premier centre de santé spécialisé dans la prise en charge de l’obésité en premier recours, c’est-à-dire en prise en charge de proximité."
Une ligne d’écoute a été créée : +33 (0)4 48 206 206.
Elle permet aux personnes souffrant d’obésité ou à l’entourage, d’être entendus et orientés vers des professionnels de santé formés et spécialisés.
Si vous êtes arrivé⸱e ici c'est que vous avez (presque) tout lu ou alors vu notre vidéo reportage, parce que la lecture c'est peut-être moins votre truc. J'espère dans tous les cas que ces différents témoignages vous auront donné envie de faire le premier pas d'une belle balade ou passer la porte d'un spécialiste, d'un centre d'activité physique adaptée.
Merci à eux pour leur contribution et leur volonté de faire bouger les choses. Merci aussi à vous, d'avoir pris cette première initiative de vous renseigner sur le sujet.