C’est avec Karine Weber, psychologue, que j’ai décortiqué cette question. Estime de soi, acceptation, jugement, sont des notions souvent liées à la facilité, ou pas, de sortir les gambettes au grand air.
Depuis quelques années, je ne me sens bien qu’en maillot de bain une pièce. Comme ça, on ne voit pas mon ventre… Mais pourquoi du jour au lendemain j’ai décidé que mon ventre ne prendrait plus le soleil ? La mode ? Le confort ? Ou tout simplement pas envie de découvrir ce ventre qui a changé depuis mes 16 ans. La vérité est qu’aujourd’hui, je n’assume plus mon corps autant qu’il y a encore quelques années…
Ce sentiment, certain•es le connaissent depuis longtemps. Ils et elles se sont construits avec et d’autres le découvrent un peu plus chaque été. C’est grave ? Peut-être, peut-être pas. Mais grâce à Karine, on se pose les bonnes questions et on essaye de comprendre pourquoi, au fur et à mesure qu’on enfile ce maillot de bain, on peut parfois se triturer l’esprit. Et si c’était possible de retrouver la spontanéité d’un enfant de 3 ans qui court les fesses à l’air au bord de l’eau ? Bon, sans aller jusque-là… Si c’était possible de JUSTE retrouver sa spontanéité et son insouciance ?
“La solution pour être bien en maillot de bain est simple : partez seul•e sur une île déserte.”
Merci Karine ! Karine, c’est la bonne copine qui vous dit les choses avec beaucoup de simplicité et de justesse. Quand elle m’a dit ça, j’ai ri et j’ai compris où elle voulait en venir.
L’une des raisons qui freine ou rend plus difficile de s’assumer en maillot de bain, c’est le regard des autres. Dis comme ça, c’est d’une évidence déconcertante, c’est vrai. “Le maillot de bain nous met à nu, il nous expose au regard de l’autre et comme nous sommes en quête du corps parfait et d’être aimé·e par l’autre, on a peur de son jugement.” Et si nous étions entouré·es de personnes bienveillantes, est-ce qu’on se préoccuperait autant de ce que les autres pensent ? Karine, continue son raisonnement : “Avant toute chose, est-ce qu’il ne faut pas apprendre à aimer l’autre et ne pas être systématiquement sensible à son jugement ?” Finalement, le jugement que l’on a peur de recevoir, est-ce qu’on ne le porte pas nous aussi envers l’autre ? Une espèce de cercle vicieux qui nous monte les un•es contre les autres et qui renforce ces sentiments d’être examiné·e en permanence.
Bon, une fois le regard de l’autre balayé… Il y a un autre regard qui a beaucoup d’importance, c’est même celui qui, parfois, empêche de se regarder dans le miroir. Vous l’avez ? NOUS. Nous sommes les pires juges de nous-mêmes. “Nous sommes les plus durs critiques de notre corps. Nous ne devons pas nous résumer à une enveloppe charnelle. Les corps dit imparfaits ne sont pas toujours notre faute ! Il faut enlever cette responsabilité qui pèse et rappeler qu’on a chacun et chacune une morphologie et une histoire différentes.” Alors c’est certain qu’en regardant régulièrement les médias et les réseaux sociaux, on s’aperçoit vite qu’on n’a pas toujours le corps que la société attend. Alors quelle est la meilleure chose à faire ? On se plie en 10, on se prive, on se morfond pour devenir ce que les autres attendent de nous ? Ou on s’accepte ? “Mon corps est imparfait, et je suis la seule à m’en préoccuper” : ça, c’est la phrase de Karine pour aller à la piscine. Et c’est tellement vrai !
Karine en remet une couche avec l’IMC, vous savez, le fameux calcul qui permet d’obtenir l’indice de masse corporelle. Alors oui, c’est un des repères le plus juste aujourd’hui pour savoir si nous ne sommes pas en surcharge pondérale. Soit. “C’est noté où qu’il faut avoir un IMC de 20 pour être une belle personne ? C’est vrai que l’apparence est la première chose qu’on voit, mais est-ce qu’on peut résumer la personne à son enveloppe charnelle ?” Libérez-vous des chiffres que la balance affiche, ou que l’IMC vous indique, il y a trop de biais pour définir si votre corps mérite ou pas un maillot deux pièces ou une doudoune jusqu’aux pieds.
En écoutant Karine, je me demande pourquoi certaines personnes s’acceptent facilement avec un corps qu’on pourrait dire “imparfait” et pourquoi pas d’autres. Qu’est-ce qui influence notre estime de soi et le jugement sur nous-mêmes ? Elle me raconte que tout se construit à partir de l’enfance, des comportements et des événements que l’on vit à notre plus jeune âge : “Le rejet, ces schémas de croyances et de peurs nous amènent à ce que nous sommes aujourd’hui.” Cette phrase difficile est vite écrasée par un élan de positif : “la bonne nouvelle, c’est qu’on peut changer !” Ouf. On se souvient comme les enfants sont durs en primaire. C’est simple, dès qu’on a une chose qui s’écarte de la norme, on est montré·es du doigt, la différence intrigue. Est-ce que c’est grave de ne pas être dans la norme ? Karine continue son discours plein de bon sens : “ La différence de la normalité, c’est la singularité.” Il faut accepter d’être unique ! Et ça, ça change tout !
Et elle m’achève avec deux notions qui semblent très proches : le complexe d’infériorité et le sentiment d’infériorité. Soyons attentif•ves quelques secondes aux mots : “avoir un complexe d’infériorité, c'est mettre l’accent sur nos points faibles. Le sentiment d’infériorité, c'est avoir envie de s’élever, ce n’est pas grave de ressentir ça. Le vrai problème est d’être bloqué·e sur son talon d’Achille.” Alors, mettons l’accent sur nos points forts et cessons d’aller chercher des comparaisons à droite, à gauche (quand je l’écris, j’essaye de me convaincre aussi, je vous rassure !).
Après cette conversation passionnante, je demande à Karine de me donner 3 clefs pour s’accepter en maillot de bain (vous me direz, j’aurais pu commencer par ça mais j’aurais enlevé toute l’essence de notre échange), Karine propose de se poser 3 grandes questions et agir en fonction des réponses qui vous viennent spontanément :
1/ Êtes-vous capable de vous mettre en maillot de bain sans problème sur une île déserte ?
-Oui- Et dans ce cas, c’est le regard de l’autre et son jugement qui vous gêne, il va falloir essayer de décentrer cet intérêt du regard de l’autre.
-Non- Si même sur une île déserte cela vous semble compliqué, faites-vous accompagner pour retrouver une bonne estime de vous et une meilleure perception de votre corps.
2/ Est-ce que vous seriez aussi dur·e avec votre ami•e que vous ne l’êtes avec vous-même ?
3/ Comment je m’accepte et je donne de l’amour ?
Karine termine cet échange avec 3 mots, 3 derniers conseils simples à mettre en place dans sa vie quotidienne pour se sentir bien dans son corps et sa tête. Retenez “Tête-assiette-basket”. Les mots parlent d’eux-mêmes : pour s’accepter, ça se passe d’abord dans la tête et l’estime de soi, puis dans l'assiette, en favorisant une alimentation équilibrée, on se respecte. Et pour finir, les baskets, rien de tel qu’un corps en mouvement pour se redonner une dynamique positive !
Avec Karine Weber, on ne parlera pas de taille, de morphologie en H, en 8......non, on se pose les bonnes questions et on essaye de comprendre pourquoi, au fur et à mesure qu'on enfile ce maillot de bain, on peut parfois se triturer l'esprit.
J’espère vous avoir aidé avec Karine à mettre des mots sur certains complexes ou freins. Faut pas se mentir, c’est loin d’être une chose facile alors si vous en ressentez le besoin, n’hésitez pas à vous tourner vers des professionnel•les de santé mentale.
Et n’oubliez pas de vous entourer de personnes bienveillantes pour créer ce cercle vertueux qui vous donnera envie de courir les fesses à l’air au bord de l’eau tel un enfant de 3 ans. Bon, j’arrête, sinon vous allez me repérer cet été.
Retrouvez les livres de Karine : "Croire, oser, rire" & "Rencontrer, aimer, partager"